Le G7 évoque les politiques de change, l’or bien placé pour en profiter

100yuansLors de la réunion G7 qui s’est tenue ce week-end à Washington, les officiels des sept premières puissances économiques mondiales ont évoqué quelques sujets sensibles, notamment la politique des changes. Pour une fois, le G7 s’est montré plus clair que d’habitude. Lors de la déclaration finale, les grands argentiers se sont accordés sur une position de principe : ne pas empêcher l’appréciation des devises les unes par rapport aux autres, afin de réduire les déséquilibres financiers mondiaux. Un signal qui  en langue diplomatique se traduit par « favoriser la flexibilité du marché des changes ».

Ce qui revient à indiquer aux banques centrales asiatiques qu’il serait bon qu’elles cessent de subventionner leurs industries d’exportation en achetant des dollars. Et à toutes les autres que, finalement, il n’y pas que le dollar US dans la vie. Non, en termes de réserves monétaires, il y a aussi l’euro, le yen, le yuan, … et l’or.

Photo : un billet de 100 yuans à l’effigie de Mao Tse Toung, actuellement en circulation en République populaire de Chine. Au cours d’aujourd’hui, 100 yuans valent 10,12 euros.

Le discours chinois sur la politique des changes et la situation macroéconomique

Selon une dépêche disponible sur le site internet de l’agence chinoise Radio Chine Internationale (CRI Online) datée du 23 avril, le gouverneur de la banque centrale chinoise Chine Zhou Xiaochuan « a appelé à Washington la communauté internationale à suivre de près la progression du protectionnisme commercial dans l’économie mondiale, la hausse du prix du pétrole brut et des agitations possibles sur le marché financier ».

GouverneurDevant le FMI, et suivant le texte du discours distribué aux médias, Zhou Xiaochuan (photo) a estimé « qu’au fur et à mesure de la globalisation économique, le commerce international est de plus en plus déséquilibré, le protectionnisme regagne du terrain, ce qui provoque un élargissement des litiges du secteur commercial à celui des services et de l’investissement ». « C’est là un grand défi pour la croissance commerciale et économique mondiale », a-t-il ajouté.

Radio Chine Internationale écrit, reprenant les positions les plus officielles… ce qui ne saurait étonner venant d’une agence contrôlée par l’Etat : « Zhou Xiaochuan a indiqué qu’il existait des risques latents dans le marché financier mondial. Il a appelé tous les pays du monde à établir le plus vite possible un mécanisme de politique de coordination et de confiance mutuelle pour stabiliser l’attente du marché et réaliser un rajustement régulier ».

Quelques pays déjà sur la voie : la Suède et la Russie

D’ailleurs, la semaine passée, la Banque centrale de Suède, un pays dont la politique monétaire est certes autonome, mais pas sans lien avec celle de la zone euro, a décidé de réduire significativement la pondération du dollar et du yen dans ses réserves de changes de 21 milliards de dollars.

La Russie aussi continue de prendre ses distances d’avec le dollar américain. Son ministre des Finances Alexei Kudrin a déclaré aux agences de presse que suite à l’adoption récente d’une loi, son pays serait bientôt en mesure d’investir par l’intermédiaire de son fonds de stabilisation pétrolier libellé en roubles dans des obligations d’Etat bien notées, qu’elles soient en dollars, en euros ou en livres sterling. Selon Reuters, Kudrin en a profité pour s’interroger sur la prééminence du dollar américain comme monnaie de réserve « absolue ».

Cette même Russie avait décidé, l’année passée, d’augmenter la pondération de ses réserves de changes en or de 5 à 10% du total. Alors que les réserves russes ont dépassé les 200 milliards de dollars en début d’année.

Les conséquences pour le prix des métaux

Cité ce matin par la note quotidienne sur les métaux d’UBS Investment Bank, le gouverneur chinois a également déclaré que la réforme du marché des changes de Chine s’était jusqu’alors déroulée suivant « un rythme approprié », en ajoutant qu’il existait un potentiel pour que le yuan s’apprécie « un peu plus rapidement » qu’il ne l’a fait jusqu’alors.

DevisesasieDans sa note, John Reade, le stratégiste métaux précieux d’UBS, constate que les marchés financiers ont accueilli cette nouvelle en vendant des dollars, ce qui a fait monter la valeur relative des autres devises, « tout spécialement le yen, en raison d’une anticipation d’une hausse à venir des devises asiatiques ». La Banque du Japon était jusqu’alors surnommée par les financiers américains « la Fed d’Orient », en raison de sa politique historique de soutien et de coordination avec les Etats-Unis.

John Reade en tire les conséquences pour les métaux en général : « Si les devises asiatiques montent – et si le dollar est sur le point de reculer -, voilà qui constituera un facteur de soutien à la marge pour les prix des métaux, puisque cela réduira les prix domestiques que paieront les pays d’Asie ».

Il ajoute : « nous ne croyons pas qu’une appréciation des devises d’Asie étouffera la croissance dans ces pays. Les métaux qui en profiteront sont ceux que l’Asie, et tout spécialement la Chine, importent : c’est-à-dire le cuivre, le nickel, le zinc, le platine et finalement l’or, qui profiterait de plus de tout accès de faiblesse du dollar qui pourrait résulter de la hausse relative des devises asiatiques ».

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’euro se retrouve en ce moment à un record de sept mois et qu’il a dépassé ce matin, brièvement, les 1,24$. Ce qui a permis à l’once d’or en euros de coter ce matin à Londres (on attend à  cette heure le second fixing de la journée) 635$ et 512

(5 commentaires)

  1. La fin de la politique de Nixon qui a établit le dollar US comme étalon monétaire mondial ?
    C’est un vieux serpent de mer, les américains liés aux chinois – j’allais dire mariés dans le bonheur et dans l’adversité – ne me semblent pas prêt à laisser tomber un instrument de domination aussi puissant.

  2. Sur l’interdependance USA et Chine , tirée en grande partie d’un artcile de L’Expansion et mis à jour en fonction des nouvelles mesures datant de juillet 2005.
    En cliquant sur mon prenom

  3. Je conserve les coordonnées de Mr MARUANI, rencontré sur MEA FINANCE en 2006 dans le cas d’une suppélance de transition.

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