L’espion russe Alexandre Litvinenko est mort

Alexandre_litvinenko L’ancien espion russe Alexandre Litvinenko est mort, a annoncé jeudi soir l’hôpital University College de Londres où l’ancien agent du KGB et du FSB (Service de sécurité fédéral) avait été admis dans l’unité de soins intensifs après avoir été victime d’un empoisonnement le 1er novembre.

Alexandre Litvinenko, 43 ans, qui a obtenu l’asile politique en Grande Bretagne, désormais citoyen britannique, avait tout d’abord été hospitalisé à Barnet au nord de Londres, pour être transféré en fin de semaine dernière au University College Hospital. La section antiterroriste de Scotland Yard est chargée de l’enquête.

Les proches d’Alexandre Litvinenko – un détracteur de Vladimir Poutine qui enquêtait sur la mort de la journaliste Anna Politkovskaya – s’étaient rendus à son chevet jeudi soir. Son état de santé s’était nettement détérioré ces dernières heures, mais les médecins n’ont pas pu établir l’origine exacte de sa mort.

Son décès aurait fait suite à une chute catastrophique de pression artérielle durant la nuit et probablement un arrêt cardiaque.

Litvinenko, qui a obtenu l’asile en Grande-Bretagne en 2000, a été victime d’un empoisonnement. Dans un premier temps, les médecins avaient imputé son empoisonnement au thallium, mais les analyses toxicologiques se tournent désormais vers une autre substance. Si les médecins londoniens n’ont pas réussi à identifier clairement un poison précis, les toxicologues se tournent vers la possibilité d’une substance radioactive ou de plusieurs substances toxiques combinées.

L’ancien agent du Service fédéral de sécurité (FSB) russe (ex-KGB) s’est réfugié en 2000 en Grande-Bretagne avec sa femme et son fils, après avoir été condamné en Russie par contumace à trois ans et demi de prison, pour abus de pouvoir dans le cadre de trois affaires pénales, en 2002. M. Litvinenko passe pour un proche de Boris Berezovski, homme d’affaires russe qui vit en exil à Londres. La Grande-Bretagne a accordé la nationalité britannique à M. Litvinenko en octobre 2006.

Selon un ami de l’ex-agent, les médecins ont confirmé la découverte de « trois ombres » dans ses intestins, mais ils pensent que ce ne sont pas des objets et qu’ils ne sont pas une cause majeure de préoccupation. « 

Peu avant, la BBC, citant des sources hospitalières, avait annoncé que trois objets denses avaient été découverts, après des examens aux rayons-X effectué dans l’intestin d’Alexandre Litvinenko. Ceux-ci ont montré la présence d’objets circulaires de la taille de pièces de deux centimètres de diamètre, peut-être des objets emballés, dans son abdomen et son côlon. Mais la BBC précise qu’il n’est pas certain que ces objets, qui ont été avalés, soient la cause de son empoisonnement. L’University College hospital a refusé de faire le moindre commentaire.

Dans la matinée, le quotidien britannique The Times rapportait que Scotland Yard serait sur la piste d’un suspect, un mystérieux « Vladimir ». Sans citer ses sources, le journal britannique assure que l’ex-agent russe empoisonné aurait déclaré aux enquêteurs avoir organisé un rendez-vous avec un vieil ami, Andrei Lugovoï, mais avoir eu la surprise de rencontrer en fait un autre homme disant s’appeler « Vladimir ».

Alexander Litvinenko a déclaré s’être méfié de « Vladimir » parce qu’il était soucieux de ne rien révéler de son identité. Il aurait insisté auprès de Litvinenko pour qu’il le rejoigne boire un thé, mais il n’aurait dit que peu de choses durant l’entrevue. Selon The Times, les policiers considèrent « Vladimir » comme un élément crucial de leur enquête.

Le Service des renseignements extérieurs de Russie (SVR) a rejeté lundi les accusations sur son éventuelle implication dans l’empoisonnement de l’ancien officier du FSB russe Alexandre Litvinenko à Londres. « Le SVR n’a rien à voir avec le mauvais état de santé d’Alexandre Litvinenko », a déclaré le chef du bureau de presse du SVR Sergueï Ivanov. Les informations diffusées par certains médias sur l’implication du Service dans cet incident sont « purement fausses et infondées », a-t-il ajouté.

Sources : AFP, AP, Ria Novosti

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(9 commentaires)

  1. J’écrivais hier sur un sujet d’espion bien plus « léger » (http://www.zdnet.fr/entreprise/commercial-marketing/e-commerce/0,50006561,39364962,00.htm), touchant à la saga des James Bond… Et je lis cette info ci, que vous rapportez. Drôle de contraste, entre la fiction et la réalité, qui se rejoignent soudainement. Il y a juste moins de gadgets et d’endroits « so class » dans la vraie vie des espions… Et elle est toute aussi mortelle.

  2. LONDRES – L’ex-agent russe Alexandre Litvinenko a accusé le président russe Vladimir Poutine d’être responsable de sa mort, dans une lettre posthume lue vendredi à la presse par son porte-parole Alex Goldfarb.
    « Vous pouvez réussir à faire taire un homme (…) mais les protestations de partout dans le monde se répercuteront, M. Poutine, sur le reste de votre vie », a écrit M. Litvinenko dans cette lettre, estimant également que le président russe « était indigne » de son poste.
    « Vous avez montré que vous n’aviez pas de respect pour la vie, la liberté ou les valeurs de la civilisation », a ajouté Alexandre Litvinenko, dans cette lettre écrite le 21 novembre, 48 heures avant sa mort, dans laquelle il juge utile de « dire une ou deux choses à la personne responsable de (son) état ».
    « Que Dieu vous pardonne pour ce que vous avez fait, non seulement à moi, mais aussi à notre Russie bien aimée », a conclu Litvinenko, selon son porte-parole.
    L’ex-espion est décédé jeudi soir après une aggravation brutale de son état de santé au cours des dernières 24 heures. Les médecins londoniens n’ont pas encore établi les raisons de ce décès.
    Scotland Yard, dont la section antiterroriste est chargée de l’enquête, a précisé vendredi qu’elle traitait cela comme « une mort inexpliquée ». Elle avait précédemment parlé d' »empoisonnement apparemment délibéré ».
    Mais les amis de l’ex-espion, qui avait obtenu l’asile politique en Grande-Bretagne en 2001 et très récemment la nationalité britannique, ont réitéré leurs accusations envers Moscou, persuadés qu’il avait été empoisonné par le Kremlin.

  3. « Drôle de contraste, entre la fiction et la réalité, qui se rejoignent soudainement. Il y a juste moins de gadgets et d’endroits « so class » dans la vraie vie des espions… Et elle est toute aussi mortelle. » … oui , cela semble à peine réel
    mais regardez à nouveau Golden eyes, russes, Cia … tout y est ..
    Et puis dans la « vraie vie » personne ne bronche , car Mr Poutine sait très bien usé du chantage sur gaz et titane ..

  4. Affaire Litvinenko: traces de radiation détectées dans hôtel et restaurant
    AFP 24.11.06 | 19h04
    Des traces de polonium 210, substance extrêmement radioactive, ont été détectées dans l’hôtel et le restaurant de Londres où l’ancien agent russe Alexandre Litvinenko s’était rendu le 1er novembre, a confirmé vendredi soir Scotland Yard.
    L’annonce en avait été faite précédemment par la docteur Pat Troop, responsable de l’Agence de protection de la santé (HPA), qui avait cependant souligné que le risque de contamination était minime pour le public.
    La police a ajouté que des traces de polonium avaient également été découvertes dans le nord de Londres au domicile de l’ex-agent secret décédé jeudi à 43 ans, après avoir reçu des « doses massives de radiation » attribuées au polonium 210 par les autorités sanitaires britanniques.
    Cet opposant déclaré au président russe Vladimir Poutine, avait commencé à se sentir mal le 1er novembre, après avoir rencontré autour d’un thé deux Russes à l’hôtel Millenium dans le centre de Londres, puis un contact italien, Mario Scaramella, dans le restaurant Itsu à Picadilly.
    Dans ce restaurant, les clients se servent généralement eux-mêmes sur un tapis roulant faisant le tour des tables, mais peuvent aussi commander certains plats.
    Plus tôt vendredi, les autorités sanitaires britanniques avaient annoncé que de « fortes doses de radiation » avaient été trouvées dans les urines de M. Litvinenko, décédé jeudi à l’hôpital après une dégradation spectaculaire de son état de santé dans les dernières heures.
    Il a accusé vendredi dans une lettre posthume le président Poutine d’être responsable de sa mort.
    « Malheureusement, des événements tragiques comme une mort sont utilisées à des fins de provocation politique », a dénoncé le président russe, émettant l’espoir que « les autorités britanniques ne contribueront pas à alimenter des scandales politiques qui n’ont rien à voir avec la réalité ».
    Qui des clients de l’hotel ???

  5. Bcp , bcp de choses à dire cote de la « défense  » russe d’une part , et des liens avec le pétrole d’autre part.
    J’espeère avoir la disponibilite pour faire aux moins 2 articles, sinon je mettrai les depeches en ligne sans synthèse.

  6. L’enquête sur la mort de l’ex-espion russe apporte chaque jour son lot de surprises. Les policiers britanniques ont trouvé des traces infimes de polonium 210, l’isotope radioactif responsable de la mort d’Alexandre Litvinenko, dans le stade de football d’Arsenal, à Londres. « D’infimes quantités (de polonium) ont été décelées à un niveau tout juste détectable dans des zones très précises », a indiqué mardi l’Agence de protection sanitaire (HPA). « Cela ne pose aucun risque à la population », a ajouté son porte-parole.

  7. je ne desespère de pouvoir faire un voire 2 articles sur le sujet
    question de temps 😉
    En attendant suivre la version des Russes sur Ria Novosti … intéressant

  8. Litvinenko: des « indices » d’une source de radioactivité retrouvés à Hambourg
    AFP 09.12.06 | 10h49
    a police allemande a indiqué samedi avoir découvert des « indices » portant à croire qu’une « source de radioactivité » ait pu se trouver dans un immeuble de Hambourg (nord), où a logé l’homme d’affaires Dmitri Kovtoun, dans l’enquête sur la mort de l’ex-agent russe Alexandre Litvinenko.
    Les policiers sont tombés sur des « indices portant à croire qu’il y ait eu (dans cet appartement) une source de radioactivité » au polonium 210, a indiqué une porte-parole, précisant qu’il n’y avait « pas de danger » pour les riverains.
    L’accès à l’immeuble, dans le quartier d’Altona, a été rétabli mais les recherches par le police criminelle fédérale se poursuivaient samedi.
    Les traces n’ont pas été retrouvées dans l’appartement que louait M. Kovtoun, l’un des contacts de M. Litvinenko, mais dans un autre appartement, selon la police qui n’a pas donné plus de détails.
    Le russe Dmitri Kovtoun, âgé de 41 ans, a récemment indiqué à la radio Echo de Moscou qu’il avait vécu 12 ans en Allemagne et était marié « jusqu’à peu » à une Allemande. La police de Hambourg a appelé « les personnes qui auraient eu un contact » avec l’homme d’affaires à se manifester. Un numéro de téléphone spécial a été mis à leur disposition.
    Les Russes Dmitri Kovtoun et son partenaire Andreï Lougovoï, un ancien agent des services spéciaux, ont rencontré M. Litvinenko le 1er novembre à Londres juste avant que ce dernier ne commence à ressentir les symptômes de son empoisonnement au polonium 210. Il est décédé le 23 novembre.
    Selon l’agence russe Interfax, M. Kovtoun, qui a été entendu mardi et mercredi dans un hôpital moscovite par des enquêteurs britanniques de Scotland Yard, a été contaminé au polonium 210, une substance hautement radioactive et ses organes internes ont été atteints.
    Quant à Andreï Lougovoï, il a déclaré vendredi que son état de santé était « satisfaisant » et qu’il se sentait « bien », alors que les médias spéculaient sur sa possible contamination radioactive.

  9. NTV diffuse le témoignage d’un Russe recruté par les services britanniques
    MOSCOU – La chaîne de télévision russe NTV a diffusé vendredi l’interview d’un ancien agent russe, Viatcheslav Jarko, affirmant avoir travaillé pour le Mi-6, les services secrets de Sa Majesté, et l’avoir avoué au FSB (ex-KGB).
    Dans un long reportage, « Agent Secret », diffusé par NTV, un homme russe d’une quarantaine d’années se présente comme un « ancien membre des services spéciaux russes » et décrit comment le Mi-6 l’a recruté pour des travaux d' »analyse » de la situation politique en Russie et lors de la révolution en Ukraine en 2004.
    Viatcheslav Jarko affirme que deux agents britanniques sont entrés en contact avec lui par l’entremise d’Alexandre Litvinenko, un ancien agent du FSB passé dans l’opposition au Kremlin et réfugié à Londres où il est mort en novembre 2006 empoisonné au polonium 210, une matière radioactive rare.
    Le FSB avait annoncé mardi qu’un Russe, dont il n’avait précisé ni l’identité, ni l’âge ni la profession, s’était présenté à lui pour avouer, en relation avec l’affaire Litvinenko, une collaboration avec les services de renseignements britanniques.
    Le service de presse du FSB a confirmé à l’AFP le nom et les informations diffusés dans le reportage de NTV.
    L’agent présumé indique avoir été payé 2.000 euros par mois par le Mi-6 et avoir rencontré « une fois tous les deux mois » son agent traitant à Istanbul où il se rendait de Russie via un pays tiers.
    Le Russe a cité les noms d’au moins quatre britanniques (Martin Flint, Paul, Leo et John Callaghan), présentés comme des agents du Mi-6. Selon NTV, John Callaghan était en poste pour le Mi-6 de 1998 à 2001 sous couverture diplomatique à l’ambassade de Grande-Bretagne à Moscou.
    « Ils voulaient savoir qui, dans l’ambassade de Grande-Bretagne à Moscou travaillait pour les services secrets russes », selon M. Jarko.
    Ces révélations sont faites alors qu’une certaine tension prévaut depuis plusieurs semaines entre Moscou et Londres en ce qui concerne leurs services de renseignements.
    La justice britannique réclame en vain l’extradition d’un ancien agent du KGB, Andreï Lougovoï, qu’elle soupçonne d’implication dans l’empoisonnement au polonium de Litvinenko.
    M. Lougovoï a accusé Litvinenko et le milliardaire russe controversé Boris Berezovski, également réfugié à Londres, d’avoir été recrutés par les services spéciaux du Royaume-Uni.
    Le FSB a placé la nouvelle affaire d’espionnage dans le contexte de celle de l’assassinat de Litvinenko.
    Le Russe, a expliqué le FSB, a choisi de se confesser parce qu’il avait été contacté, juste après la conférence de presse de Lougovoï, par le contre-espionnage britannique qui lui a demandé une rencontre d’urgence.
    « J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec les Britanniques mais c’est le passé », dit M. Jarko dans l’interview.
    Alexandre Litvinenko est décédé le 23 novembre à Londres à l’âge de 43 ans, trois semaines après un empoisonnement au polonium 210, une substance hautement radioactive et rarissime.
    Andreï Lougovoï et son partenaire Dmitri Kovtoun, avaient rencontré Litvinenko trois semaines avant sa mort, le 1er novembre, dans un hôtel londonien.
    (AFP / 29 juin 2007 20h26)

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