S’il ne semblait pas totalement irraisonnable de penser que les tensions entre Iran et Us pouvaient servir quelques intérêts de par le monde – voire pourraient en rassurer certains – les choses semblent s’éclaircir désormais.
Les monarchies pétrolières du Golfe affichent ainsi plus ou moins ouvertement voir d’un mauvais œil l’amélioration des relations entre Téhéran et Washington. Loin de vouloir la guerre, elles redoutent tout à la fois que leur allié traditionnel américain se détourne d’elles tout en craignant qu’un tel dégel favorise les velléités hégémoniques iraniennes.
Selon le directeur de Gulf Research Center, Abdel Aziz Saqr, proche de l’Arabie saoudite, si les pays du Conseil de coopération du Golfe (Bahreïn, Koweït, Oman, Emirats arabes unis, Qatar, Arabie saoudite) considèrent certes que l’abaissement des tensions entre Iran et USA peut jouer en faveur de l’amélioration de la sécurité de la région, ils s’interrogent néanmoins sur la teneur d’éventuelles concessions qu’aurait pu accorder Washington à Téhéran en vue de faire pencher l’Iran de son côté. Certains qu’on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre … et encore moins les mouches iraniennes.
Précisons en effet qu’au delà du coup de téléphonique historique entre le nouveau président iranien Hassan Rohani et son homologue américain Barack Obama, Téhéran a accepté de reprendre les négociations sur son programme nucléaire controversé le 15 octobre prochain à Genève.
Un fléchissement de la pression internationale sur l’Iran qui pourrait lui laisser les coudées franches pour élargir son influence régionale, en s’immisçant davantage dans les affaires de ses voisins. C’est en tout cas ce que redoutent au plus haut point ces derniers.
Des craintes d’autant plus fortes que les monarchies – sunnites – du Golfe accusent l’Iran – chiite – d’encourager la contestation des communautés chiites à Bahreïn, en Arabie saoudite et au Yémen.
Pour certains analystes tels que Abdelwahab Badrakhan, le dégel entre Iran et Etats-Unis serait fortement lié à la Syrie. L’enjeu final ? Les occidentaux auraient besoin de l’Iran, principal soutien régional du régime Assad, en vue de négocier un règlement du conflit.
Une position de force que Téhéran pourrait monnayer à sa façon, tant pour apaiser les tensions sur son programme nucléaire que pour « s’affirmer » en Irak, en Syrie, au Liban et à Bahreïn.
Une politique qui le cas échéant pourrait nuire aux intérêts des monarchies du CCG.
En vue de faire entendre leur voix, ces dernières pourraient certes être tentées d’opérer une désindexation partielle de leurs monnaies par rapport au billet vert au profit d’un panier de devises. Une manière de mettre en garde Washington alors que leurs recettes pétrolières et gazières sont actuellement libellées en dollars américains.
En décembre dernier, nous suggérions pour notre part que le conflit actuel en Syrie offrait à l’Iran l’opportunité de renforcer des relations, voire d’avancer de biens stratégiques pions sur l’échiquier énergétique mondial. Précisant alors que la Syrie venait d’importer de la farine en provenance d’Iran en vue de parer à la pénurie de pain dont souffre la population.
Le « geste » de Téhéran envers Damas … au delà de permettre d’engranger de bien précieux subsides … permettant au gouvernement iranien de placer ses billes en Syrie … si ce n’était déjà fait …
Nous rappelions également alors que Syrie, Iran et Irak ont signé en juillet 2011 un « mémorandum d’entente » pour la construction d’un gazoduc qui, d’ici 2016, devrait relier le gisement iranien de South Pars à la Syrie et à la Méditerranée. Plusieurs sociétés européennes devraient être associées à l’exploitation de ce « gazoduc islamique« .
Au final, la Syrie où a été découvert notamment un important gisement près de Homs, pourrait ainsi devenir un noeud de transit de couloirs énergétiques, offrant une alternative aux réseaux de gazoducs qui traversent … la Turquie … et à d’autres réseaux de pipelines …. contrôlés par les majors pétrolières US et européennes.
Le projet iranien de gazoduc “gaz islamique” ou “Islamic Gas Pipeline ” d’un coût estimé à 10 Milliards de dollars devrait ainsi traverser l’Irak et la Syrie afin de proposer des livraisons de gaz liquéfié en Europe via les ports méditerranéens de Syrie. D’une longueur de 5.600 km, ses capacités pourraient permettre le transport de 35 Milliards de m³ de gaz par an.
A terme, le Liban, l’Irak, la Jordanie et la Syrie pourront se raccorder à ce gazoduc. Chose qui déplaît fortement aux Etats-Unis et à leurs alliés occidentaux, qui veulent garder la main-mise sur ce gaz, leur “défaite” sur le projet parallèle du gazoduc Nabucco leur restant encore en travers de la gorge.
En juillet 2011, les analystes indiquaient d’ores et déjà que la signature de l’accord sur le « gazoduc islamiste » pouvait être vue comme un échec de la stratégie américaine d’isolement de la Syrie, et comme un geste d’indépendance du gouvernement irakien de Nouri al-Maliki, en place depuis décembre 2010, à quelques mois du retrait des dernières troupes américaines.
Sources : AFP, Reuters, presse iranienne
Elisabeth Studer – 03 octobre 2013 – www.leblogfinance.com
Accord sur le nucléaire: les pays du Golfe craignent un renforcement des ambitions de l’Iran
DUBAI – S’estimant lâchées par leur allié américain, les monarchies arabes du Golfe souhaiteraient des relations de bon voisinage avec l’Iran mais craignent que l’accord sur le nucléaire n’encourage Téhéran dans ses ambitions régionales, estiment des analystes.
L’Arabie saoudite et les autres monarchies pétrolières, toujours réticentes à réagir à chaud, n’avaient pas commenté dimanche après-midi l’accord intérimaire conclu à Genève entre les grandes puissances et l’Iran sur son programme nucléaire, mais elles n’ont jamais caché leur méfiance à l’égard de leur voisin.
Dans le principe, les pays du Golfe veulent de bonnes relations avec l’Iran, explique l’analyste saoudien Jamal Khashoggi.
Mais l’accord a réduit le problème avec l’Iran au seul nucléaire, alors que ses ingérences dans la région constituent un souci essentiel pour ces pays, ajoute-t-il.
L’analyste affirme que les pays du Golfe craignent que l’Iran ne considère cet accord comme un encouragement à avoir les mains libres dans la région, où Téhéran est accusé de soutenir militairement le régime du président syrien Bachar Al-Assad et d’alimenter l’instabilité à Bahreïn ou au Yémen, à travers les minorités chiites de ces pays.
Le président américain Barack Obama a rapidement cherché à rassurer ses alliés dimanche, affirmant que l’engagement de son pays demeurerait ferme à l’égard d’Israël et de nos partenaires du Golfe, qui ont de bonnes raisons d’être sceptiques vis-à-vis des intentions de l’Iran.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié l’accord sur le nucléaire iranien d’erreur historique et affirmé que son pays avait le droit de se défendre.
Mais les pays arabes du Golfe et Israël ne partagent pas la même position sur l’Iran, souligne Jamal Khashoggi pour lequel le principal problème de l’Etat hébreu est le nucléaire.
Pour l’analyste saoudien Anouar Eshki, chef de l’Institut du Moyen-Orient pour les études stratégiques, basé à Jeddah, l’accord en lui-même n’est pas négatif, mais il est insuffisant.
Conformément à l’accord, la République islamique acceptera de limiter son programme nucléaire en échange d’un allègement des sanctions économiques, ouvrant une nouvelle période de pourparlers sur le fond pendant six mois.
Nous sommes inquiets, dit l’analyste, soulignant que l’allègement des sanctions équivaut à quelque sept milliards de dollars. Il faut savoir si ces fonds vont être utilisés par le régime iranien pour servir son peuple ou alimenter les crises dans la région, dit-il.
M. Eshki énumère les griefs des pays du Golfe à l’égard de leur voisin chiite, qui suscite des tensions confessionnelles entre sunnites et chiites, alimente les crises dans le monde arabe, en Syrie, au Liban ou au Yémen, et a un conflit territorial avec les Emirats arabes unis.
La méfiance des pays du Golfe est alimentée par le sentiment que leur allié et protecteur traditionnel, les Etats-Unis, les a lâchés.
L’Arabie saoudite, chef de file des monarchies du Golfe et principal soutien de l’opposition syrienne, a reproché à l’administration Obama d’avoir renoncé à frapper le régime syrien en septembre, malgré la mort de centaines de civils dans un bombardement à l’arme chimique près de Damas.
Les responsables des pays du Golfe ont en outre le sentiment que l’administration Obama n’est plus intéressée par les problèmes de la région du Proche-Orient selon M. Khashoggi. Ce désengagement américain à l’égard de cette région pétrolière intervient alors que les Etats-Unis deviendront le premier producteur mondial de pétrole dès 2015.
Les pays de la région n’ont plus confiance dans les les Etats-Unis, souligne l’analyste émirati Abdel Khaleq Abdallah, pour lequel Washington semblait trop empressé à conclure un accord avec le nouveau président iranien Hassan Rohani.
Mais ils ont confiance dans les autres alliés, la France ou l’Allemagne, ajoute-t-il, soulignant que l’accord de Genève est bon car il est conclu entre l’Iran et la communauté internationale, et non pas entre l’Iran et les Etats-Unis.
Pour l’analyste émirati, les pays du Golfe peuvent être les principaux bénéficiaires de cet accord car il devrait réduire les tensions dans la région.
(©AFP / 24 novembre 2013 16h07)
Bonne ou mauvaise foi, voici la « foi » du gouvernement canadien mise à jour dans un article du journal québéquois LE DEVOIR, comme dans d’autres affaires nous avons ici la position des USA et de leurs grouillots.
« Ottawa — L’ancien négociateur en chef du Canada pour la convention sur les bombes à sous-munitions accuse le gouvernement Harper d’avoir trahi la confiance des autres pays signataires en insérant une clause controversée au projet de loi sur la ratification du traité.
Earl Turcotte y est allé de cette allégation dans une déclaration écrite soumise au Comité des Affaires étrangères des Communes, qui tient ces jours-ci des audiences sur le projet de loi C-6.
Le Canada fait l’objet d’une vive condamnation à l’échelle internationale — et même de la part du Comité international de la Croix-Rouge, habituellement neutre —, en raison de cette clause. En vertu de cette disposition, les Forces armées seraient autorisées à être impliquées dans des opérations usant de telles bombes au cours d’activités conjointes avec des États non signataires du traité, dont les États-Unis. Selon des observateurs, cette clause limiterait la portée du traité, qui vise à interdire le recours à une arme dommageable pour les civils.
M. Turcotte a depuis claqué la porte de la fonction publique pour manifester son opposition à l’interprétation du gouvernement de la disposition contestée. Il dit avoir rassuré les partenaires du Canada pendant les négociations en leur affirmant que le pays ne se servirait pas de cette clause comme d’une échappatoire pour recourir à des bombes à sous-munitions. « Le projet de loi C-6 constitue une volte-face sur plusieurs engagements-clés pris par le Canada pendant les négociations et en signant la convention en 2008. Il s’agit d’un affront aux autres États qui ont négocié de bonne foi », a-t-il écrit.
En comité parlementaire la semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères John Baird a déclaré que la clause était nécessaire pour préserver la relation militaire unique entre les États-Unis et le Canada.
Le comité parlementaire reprendra ses audiences mardi. »
Il ne faut surtout pas croire que cette position ne concerne que les » bombes à sous-munitions ».
Il est de plus en plus évidents que certains vont se retrouver devant des Tribunaux Internationaux malgré tous les textes qu’ils publient ou au contraire refusent de ratifier pour échapper à cette machine au départ destinée uniquement aux autres.