L’accalmie n’aura-t-elle été que de courte durée ?
Alors que le cours du pétrole a chuté fortement cette semaine pour atteindre même le niveau qu’il avait pu avoir en juin 2005, le prix du brut a rebondi vendredi en fin de journée.
Si les températures douces révélatrices du réchauffement climatique avaient pu un temps plomber les cours, suite à la baisse de la demande en fioul de chauffage, le dernier rapport américain sur l’emploi a cependant servi de soutien aux marchés vendredi. En tout état de cause, les tensions géopolitiques demeurent bien réelles en Iran, Irak, au Nigéria et au Proche-Orient et pourraient à court terme de nouveau peser sur les cours.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » pour livraison en février a pris 72 cents, pour clôturer à 56,31 dollars. Il est tombé à 54,90 dollars lors des échanges électroniques, son plus bas niveau depuis le 14 juin 2005, soit depuis plus d’un an et demi.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord a pris 53 cents, terminant la séance à 55,64 dollars sur l’échéance de février. Il a atteint en séance son plus bas niveau depuis le 30 novembre 2005, à 54,50 dollars.
Les cours avaient perdu 10% de leur valeur lors des premiers jours de l’année 2007, les températures demeurant actuellement en dessous des normales saisonnières dans le nord-est des Etats-Unis. Cette région constitue en effet la première région consommatrice du pays, avec une consommation représentant environ 80% de tout le fioul de chauffage utilisé aux Etats-Unis.
Les analystes font également remarquer que cette période de l ‘année se révèle être la plus faible en terme de consommations d’essence, les déplacements se trouvant alors moins importants que pendant la période des longs départs et des trajets estivaux.
Selon les météorologues de Weather Derivatives, la demande américaine en fioul de chauffage dans le nord-est du pays devrait être de 40% inférieure à la normale jusqu’au 11 janvier.
Ce ralentissement de la demande (en baisse de 3% sur un an aux Etats-Unis) se reflète aussi dans le niveau des stocks pétroliers américains qui ont gonflé la semaine dernière. Les températures hivernales ont en outre été clémentes dans l’ensemble de l’hémisphère Nord et dans les pays d’Asie du nord-est comme la Corée ou le Japon, ce qui limite la demande mondiale d’énergie.
Les doutes quant à une baisse effective du niveau de production des pays membres de l’Opep ont pu également concourir à faire baisser les cours durant la semaine écoulée.
Alors que le cartel s’était engagé à réduire sa production de 1,2 million de barils par jour en novembre dernier, puis de 500.000 barils par jour en février prochain, afin de défendre un prix plancher de 60 dollars, une « étude récente suggère que le marché pense que l’Opep a réduit sa production de seulement 700.000 barils » par jour.
Le dernier rapport américain sur l’emploi a cependant servi de soutien aux cours vendredi. Le marché du travail a en effet créé 167.000 emplois aux Etats-Unis en décembre soit plus qu’attendu par les analystes.
Ce signe de bonne santé de l’économie américaine laisse présager en conséquence du maintien d’une demande en pétrole soutenue.
Certains analystes estiment en tout état de cause, que la demande chinoise, l’économie en général et les différentes tensions géopolitiques n’ont pas disparu et qu’elles ne doivent pas être oubliées.
D’autres s’attendent à une fluctuation des prix au sein d’une marge étroite, considérant que l’Opep maintiendra tous ses efforts en vue d’obtenir un cours proche de 55 dollars pour son panier (moyenne de onze bruts mondiaux qui était vendredi de 55,39 dollars).
Les risques géopolitiques demeurent en effet bien présents, et ce notamment au Nigéria ou 5 employés chinois du secteur des télécommunications ont été enlevés vendredi matin dans le sud du pays par des hommes armés. Selon le service de presse de l’ambassade chinoise à Abuja, les cinq travailleurs, dont il n’a pas donné les identités, ont été enlevés dans l’Etat de Rivers, dans la zone pétrolière du Delta du Niger. Cet enlèvement n’a pas été revendiqué. « Nous sommes déjà entrés en contact avec les autorités nigérianes pour demander leur aide », a encore indiqué le service de presse qui n’a donné aucun détail sur les circonstances de l’enlèvement.
Trois Italiens et un Libanais sont retenus depuis près d’un mois par le Mouvement d’émancipation du Delta du Niger (MEND). Ils avaient été enlevés le 7 décembre lors d’une attaque du MEND contre une installation de la compagnie pétrolière Agip.
Source : AFP
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