Chavez inclut le pétrole dans la loi des nationalisations

Chavezd3105am1_2 Les choses se précisent au Vénézuela.

Si très récemment, le président du Vénézuela, Hugo Chavez, avait annoncé vouloir nationaliser les secteurs de l’électricité et de la téléphonie, il a affirmé lundi son intention d’inclure également le secteur pétrolier dans la loi de nationalisation qui devrait assurer à l’Etat une part majoritaire au sein des compagnies mixtes opérant sur le territoire national.

Hugo Chavez avait confirmé samedi le plan de nationalisations annoncé au début de son nouveau mandat dans les secteurs de l’énergie. Alors que le pétrole représente une part très importante du PIB du Vénézuela, on pouvait se douter que Hugo Chavez n’allait pas s’arrêter en si bon chemin … pour les revenus de l’Etat mais non pas pour les pétroliers.

I – Plus de négociation possible selon Ramirez

« A l’heure qu’il est, il n’y a plus de négociation possible, la nationalisation passera par une loi », a annoncé lors d’une conférence de presse ministre de l’Energie Rafael Ramirez, également président de PDVSA – un des « rescapés » du remaniement récent de gouvernement – assurant que le projet législatif était déjà prêt. Selon M. Ramirez, le nouveau texte « établira les termes précis et les délais accordés pour l’adaptation » des compagnies pétrolières. « Nous allons assurer le contrôle majoritaire dans toute la chaîne de production et de commercialisation », a-t-il lancé.

Pour rappel, le président vénézuelien – récemment réélu – a annoncé samedi son intention de nationaliser « absolument tout » le secteur énergétique du Venezuela. Il souhaite ainsi élargir la main-mise de l’Etat, conformément à ses intentions inscrites au programme de sa révolution socialiste. Hugo Chavez a ainsi confirmé lors de son discours sur sa gestion annuelle devant le parlement, le plan de nationalisations concernant le domaine des hydrocarbures annoncé au début de son nouveau mandat. Il a souligné toutefois qu’il permettrait aux entreprises étrangères de conserver des parts minoritaires dans des projets énergétiques.

Des entreprises de services pétroliers telles que Halliburton et Schlumberger opèrent au Venezuela, mais Chavez n’a pas précisé si des projets auxquels elles participent seraient visés par les nouvelles mesures.

II – Association avec des compagnies mixtes dans l’Orénoque

Pour rappel, les opérateurs pétroliers internationaux exploitant le pétrole sur le territoire du Vénézuela ont été contraintes l’année dernière par le régime socialiste d’Hugo Chavez à s’associer au sein de ces compagnies mixtes, détenues majoritairement par l’opérateur pétrolier national PDVSA.

Le ministre de l’Energie Rafael Ramirez a toutefois indiqué que Caracas n’était pas encore parvenu à trouver un accord avec celles qui opérent conjointement avec PDVSA dans la ceinture de l’Orénoque, région extrêmement prometteuse et la plus riche en hydrocarbures de ce pays par ailleurs membre de l’OPEP.

Les contrats concernant les compagnies opérant dans cette région font jusqu’ici l’objet d’une exception dans la Constitution actuelle qui devra ainsi être amendée par la nouvelle loi. La prise de contrôle des moyens de production dans la ceinture de l’Orénoque, qualifiée de « nationalisation », avait été annoncée la semaine dernière par le chef de l’Etat Hugo Chavez, investi mercredi pour un nouveau mandat de six ans.

Quatre sociétés associées au groupe public PDVSA mais contrôlées par les groupes américains ExxonMobil, Chevron et Conoco ainsi que la britannique BP, le Français Total et le Norvégien Statoil Plus sont présentes dans la région. Plus de 566.000 barils de brut extra-lourd sont extraits quotidiennement et pré-raffinés dans la ceinture de l’Orénoque, une région de 55.314 km2 dont les réserves de pétrole sont estimées par les autorités à 1,3 billions de barils, dont 260 milliards exploitables. Seul membre latino-américain de l’Opep, le Venezuela, cinquième exportateur mondial, produit plus de 3 millions de barils par jour, dont la moitié est exportée aux Etats-Unis.

III – Les grands principes des sociétés mixtes

Les autorités de l’énergie ont déclaré en 2005 illégaux les accords conclus au cours des années 1990 avec les compagnies pétrolières, en vue d’assurer la gestion de champs pétroliers signés. Le Vénézuela a par la suite exigé que les groupes concernés convertissent les contrats en co-entreprises ou en « sociétés mixtes » accordant à la compagnie pétrolière publique PDVSA une participation majoritaire. Les groupes pétroliers devaient payer les arriérés d’impôts avant de pouvoir nouer de nouvelles co-entreprises, tout en négociant les termes et les conditions de ces dernières.

Le nouveau statut des compagnies pétrolières étrangères opérant au Venezuela est ainsi officiellement entré en vigueur en avril 2006, convertissant leurs contrats d’exploitation en sociétés communes avec le géant public PDVSA. Ce sont en tout 17 compagnies vénézuéliennes et étrangères qui ont accepté la transformation. Ce changement de statut a été décidé par Hugo Chavez, afin de mettre en conformité les 32 contrats signés par les pétroliers étrangers avec la loi de 2001 sur les hydrocarbures, moins favorables en matière de royalties et d’impôt sur le revenu. Les nouvelles sociétés mixtes devront désormais payer 30 % de royalties sur les hydrocarbures et 50 % d’impôts sur les bénéfices (contre 1 % de royalties et 36 % d’impôts auparavant).

IV – Le pétrole : le pilier de l’économie du Vénézuela

Les réserves pétrolières prouvées du Venezuela s’élèvent à 78 milliards de barils de brut léger, soit le 6ème rang mondial et 80% des réserves de l’Amérique du sud ; si l´on ajoute les réserves de brut lourd et extra-lourd de la ceinture de l’Orénoque (estimations de 235 milliards de barils supplémentaires), actuellement en phase de certification, le Venezuela détiendrait les premières réserves mondiales de brut.

Au niveau national, l’activité pétrolière est le pilier de l’économie vénézuélienne, assurant plus de la moitié des recettes de l’Etat et environ 85% des exportations. Le Venezuela reste très largement un pays mono producteur, la part prépondérante du secteur pétrolier dans l’économie étant écrasante. Il en résulte une extrêmement dépendance du pays vis-à vis du pétrole.

De 1998 à 2005, PDVSA a vu sa production chuter de 50% Sur trois derniers exercices (2003/2005), l’évolution de la compagnie nationale vénézuélienne est marquée par une insuffisance de ses investissements productifs (inférieurs à 3 Mds USD / an alors que le maintien de la capacité de production exigerait des investissements minimum de l’ordre de 4 Mds USD/an).

Un nouveau plan d’investissement du secteur d’un montant de 56 Mds d´USD a été adopté pour 2006-2012. Il inclut en particulier un programme de certification des 235 milliards de barils de réserves de pétrole lourd et extra lourd de la ceinture de l’Orénoque, la construction de nouvelles infrastructures de transports (oléoducs nationaux et régionaux), le développement des capacités de raffinage avec, notamment, la modernisation des raffineries actuelles et la construction de 3 nouvelles.

Sources : AFP, Mission économie ambassade de France au Vénézuela

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