Alors que le Mercosur (marché commun Sud-américain) a mis sur pied un groupe de travail pour étudier l’adhésion de la Bolivie, la signature du contrat de plus de 2 milliards de dollars entre le gouvernement bolivien et le sidérurgiste indien Jindall Steel and Power pour l’exploitation de la mine de Mutun, l’un des plus riches gisements de fer au monde, pourrait échouer, a annoncé jeudi le ministre bolivien des travaux publ ics Salvador Ric.
Selon les autorités, le point d’achoppement serait lié au versement par la compagnie indienne Jindall Steel qui avait remporté l’exploitation du Mutun en juillet dernier, du versement d’une caution de 100 millions de dollars.
La société exigerait par ailleurs une baisse de moitié du prix du gaz destiné à faire fonctionner le futur complexe industriel et minier. « Accepter cela, c’est une trahison à la patrie, c’est illégal » a déclaré le ministre bolivien en ajoutant que le gouvernement était en discussions avec des compagnies indiennes et chinoises dont il tairait les noms pour « raisons d’Etat ».
L’exploitation de cet énorme gisement du Mutun nécessite cependant la mise en oeuvre d’infrastructures majeures totalement inexistantes telles que bâtiments, routes, ponts. L’investissement prévu sur dix ans s’élèvait à environ 2,5 milliards de dollars.
Les réserves du gisement de Mutun sont estimés à quelque 40 milliards de tonnes de fer et 10 milliards de tonnes de magnesium. Le groupe indien a été le seul à avoir fait une offre pour exploiter sur une durée de 40 ans ce gisement situé dans la province de Santa Cruz dans l’est de la Bolivie non loin de la frontière brésilienne. Le projet du sidérurgiste indien génèrerait 10.000 emplois directs et 30.000 indirects.
Par ailleurs, un groupe de travail a été constitué en vue d’étudier l’adhésion de la Bolivie, selon un communiqué publié jeudi par le Conseil du Marché commun, la plus haute instance de de la communauté sud-américaine du Mercosur (Southern Common Market). Ses conclusions devront être remises au plus tard dans un délai de 180 jours.
Le sommet des chefs d’Etat du Mercosur s’est ouvert jeudi après-midi à Rio de Janeiro, comptant désormais un nouvel adhérent en la personne du Président du Venezuela Hugo Chavez.
La rencontre, qui s’achèvera vendredi, doit réunir au Copacabana Palace de Rio les présidents d’Argentine, du Brésil, du Paraguay, d’Uruguay et du Venezuela. Le président uruguayen Tabare Vazquez était attendu dans dans la soirée. Sont également présents à titre d’invités les présidents de Bolivie, du Chili, de Colombie, d’Equateur, du Surinam et de Guyana.
Ce sommet doit tenter de relancer une institution en crise et perturbée par l’adhésion récente du Venezuela d’Hugo Chavez. Le président vénézuélien, qui s’est vu donner les pleins pouvoir par le parlement jeudi, a assuré avant le début du sommet, qu’il ne souhaitait pas perturber le Mercosur.
Le président bolivien Evo Morales avait indiqué dans une lettre envoyée en décembre qu’il était « disposé à entamer les travaux pour l’intégration de son pays comme Etat membre du Mercosur ». La Bolivie a ainsi indiqué le mois dernier qu’elle voulait devenir membre du Mercosur, sans quitter la Communauté andine (CAN) à laquelle elle appartient aux côtés de la Colombie, de l’Equateur et du Pérou. La Paz veut notamment obtenir des conditions préférentielles pour s’adapter au tarif douanier extérieur commun du Mercosur, plus élevé que celui du CAN.
Pour rappel, le Venezuela est devenu en décembre 2005 membre permanent du Mercosur afin de renforcer la coopération entre le cinquième producteur mondial de pétrole et ses voisins sud-américains. Le président Hugo Chavez avait alors expliqué que l’adhésion du Venezuela renforcerait le potentiel de l’organisation fondée par l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay.
Le Venezuela, comme le Pérou, la Bolivie et le Chili, avait jusqu’alors le statut de membre associé, qui l’empêchait de prendre part aux accords douaniers du Mercosur.
Ardent critique des politiques de libre-échange soutenues dans la région par les Etats-Unis, Chavez réclame une plus grande intégration régionale et tente de rallier les dirigeants sud-américains à son projet d’Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA).
Les deux présidents radicaux Morales et le vénézuélien Hugo Chavez ont par ailleurs exprimé à plusieurs reprises leur désaccord avec l’orientation du Mercosur et de la CAN, appelant de leurs voeux une intégration sud-américaine sur une base sociale et avec un contenu davantage politique que commercial.
Source : AFP
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