Prémices d’un conflit important autour de la Caspienne. Alors que le Turkménistan entend poursuivre l’Azerbaïdjan en justice dans le cadre d’un différend portant sur trois gisements d’hydrocarbures de la région, l’Azerbaïdjan a déclaré samedi qu’il défendrait ses intérêts.
L’enjeu est de taille et stratégique alors que les ressources en hydrocarbures de l’Azerbaïdjan pourraient être la clé de voute de plusieurs pipelines tel que Nabucco, susceptibles de concurrencer les voies de transit sur lesquelles la Russie a la main-mise.
S’exprimant sur la chaîne de télévision ANS, le vice-ministre des Affaires étrangères Khalaf Khalafov a ainsi affirmé le gouvernement était « prêt à défendre les intérêts de l’Azerbaïdjan par tous les moyens disponibles, y compris diplomatiques ».
« Pour ce qui est des procédures en justice, si cela s’avère nécessaire, nous sommes prêts à l’envisager aussi », a déclaré M. Khalafov.
Ces propos font suite à la déclaration faite vendredi par le président turkmène Gourbangouly Berdymoukhamedov annonçant qu’il allait lancer une procédure auprès de la Cour Internationale d’arbitrage pour trouver une solution au litige qui oppose les deux pays depuis de nombreuses années.
Selon M. Khalafov, l’Azerbaïdjan a d’ores et déjà procédé au début des années 90 à des études sur les gisements et s’était penché sur leurs aspects géographiques, physiques et juridiques.
« Nous avons mené toutes les recherches nécessaires au bien-fondé de nos positions et de nos droits », a-t-il ainsi assuré.
Pour rappel, les cinq pays riverains de la mer Caspienne (Azerbaïdjan, Kazakhstan, Turkménistan, Russie, Iran), n’ont pas trouvé d’accord sur un tracé de leurs frontières dans cette zone depuis la chute de l’Union soviétique en 1991.
La situation s’envenime, alors qu’en début de semaine le PDG de la Société publique du pétrole et du gaz (GNKAR), Rovnag Aliev, a affirmé que l’Azerbaïdjan assurerait le transit de gaz provenant des gisements de la côte est de la Caspienne vers l’Europe. Des propos tenus lors d’une rencontre de la « troïka » européenne conduite par le chef de la diplomatie suédoise Carl Bildt.
Mieux encore, Rovnag Aliev a assuré à cette occasion qu’il était « possible de réaliser les trois projets de gazoducs, Nabucco, TGI (Turquie-Grèce-Italie) et TAP (Gazoduc transadriatique), qui font partie du « Couloir Sud ». L’Azerbaïdjan en tant que pays disposant d’importantes ressources énergétiques, est prêt à participer à tous ces projets compte tenu de leur rendement », a expliqué M.Aliev.
Selon les prévisions, ces gazoducs seront alimentés par le gaz provenant de gisements azerbaïdjanais et turkmènes. A la lueur de ces éléments, les enjeux du conflit Azerbaïdjan/Turkménistan apparaissent encore plus criants ….
D’autant plus qu’à la mi-juillet, le président turkmène a déclaré que le Turkménistan était prêt à participer au projet Nabucco – concurrent du projet russe South Stream – et à l’approvisionner en gaz. Rappelons à cette occasion que le pays – premier producteur de gaz naturel d’Asie centrale – dispose de richesses gazières très convoitées.
Précisons également que la construction du gazoduc Nabucco, d’une capacité de 31 milliards de mètres cubes de gaz par an, dont un des objectifs majeurs est de contourner la Russie, doit débuter en 2010. Le gazoduc TGI aura quant à lui une capacité de transport de 8 à 10 milliards de mètres cubes par an. Par la conduite TAR le gaz caspien sera pour sa part livré à l’Italie du Sud-Est, par la Grèce et l’Albanie. Son lancement est prévu pour 2011. Sa capacité de transport sera de 10 milliards de mètres cubes, avec une possibilité de doublement.
Sources : AFP, Ria Novosti
A lire également :
. Nabucco : le Turkménistan veut être de la partie
. Nabucco : la Turquie signera le 13 juillet
. Nabucco : les pays de la Caspienne traînent la patte
. Turkménistan : appel au plus offrant pour gazoduc(s) stratégique(s)
. Géorgie/Russie : bataille des pipelines Nabucco contre South Stream
. MOL (Hongrie) / OMV (Autriche) et Dubai : accords pour alimenter Nabucco via le Kurdistan irakien