La théorie d’Edouard Carmignac

Fipage31 Peut-etre l’interview du célèbre gestionnaire de Carmignac Gestion sur Bloomberg TV est passée inapercue pour le plus grand nombre … Elle est pourtant d’une grande qualité, comme généralement les interventions de celui pour qui la surperformance des indices « va de soi » depuis plusieurs années (hormis son éloquence, qui est comparable à celle d’Arno Klarsfeld, mais enfin, lui n’est pas avocat!).

Ce que j’ai trouvé particulièrement stimulant dans ce dialogue, ce fut l’absence quasi-totale de « langue de bois » de part et d’autre … En gros, l’idée est que 1/ les matières premières vont continuer à grimper, 2/ les taux aussi (inflation oblige), 3/ les économies occidentales vont ralentir, 4/ ainsi que leurs actifs surévalués (l’immobilier est explicitement nommé) et 5/ les économies émergentes deviennent plus indépendantes. C’est ce dernier point le plus important, c’est pourquoi je le developpe un peu plus avant …

Selon Carmignac, nous serions très récemment rentrés en « phase 2 » du rééquilibrage mondial global. Qu’est-ce que cela signifie ? La phase 1 correspondait à la période pendant laquelle le continent asiatique a vu sa croissance économique nourrie essentiellement par la consommation domestique dans le monde occidental, et les USA en particulier (le tout à grand renfort de crédit puisque cette croissance devait etre non-inflationniste, nous y reviendrons). Les premières pressions inflationnistes (sur les matières premières) ont interrompu un cycle de réévaluation des actifs en occident après les krachs immobiliers et boursiers des années 90 et 2000. Depuis, les taux d’intéret sont lentement relevés afin de modérer les économies développées sans perturber brutalement les économies émergentes; bien entendu, le consommateur endetté ne dit pas merci, mais pour lui, c’est déjà trop tard! C’est vraissemblablement à cause de ce calendrier de relèvements de taux que s’est créé le différent entre la BCE et le Président Sarkozy (mais c’est une autre histoire) …

La phase 2, c’est le moment au cours duquel les pays émergents réalisent que leurs réserves de change (énormes, la Chine possède plus de 1000 milliards de $ de réserves) et le taux d’épargne des ménages (de l’ordre de 40% en Chine, on est loin de nos Francais endettés à 60%!) peuvent etre consacrées à autre chose qu’au rachat de la dette des pays développés. On pense bien sur au déficit américain, mais la situation européenne n’est pas vraiment plus reluisante, car l’économie et la démographie sont très molles sur notre continent. C’est là aussi que se cache l’idée non-inflationniste car nul besoin de booster les salaires occidentaux, toute la croissance émergente est financée soit via les plus-values venant de la surévaluation d’actifs (parfois achetés au bon temps des politiques de la demande des années 70), soit par de la dette domestique en monnaie forte (donc qu’il faudra rembourser rubis sur l’ongle) … On peut finalement arguer que le ralentissement des économies développées est rendu nécessaire par l’épuisement à venir des ressources naturelles, que les émergents n’ont pas trop envie de voir dilapidées par les occidentaux dispendieux … à leurs frais!

Que voila un futur radieux qui nous attend là!

(2 commentaires)

  1. Une analyse très interressante qui permet de mieux comprendre ce qui passe actuellement sur les marchés.

  2. A lire le livre de William Bonner : « L’empire des dettes », où comment, par la consommation, l’empire des USA s’est auto-programmé pour décliner.

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