BCE:la hausse de l’euro induira-t-elle une montée des taux ?

Trichet_euro_bce Plusieurs responsables de la Banque centrale européenne (BCE) semblent tenter actuellement de minimiser la vigueur actuelle de l’euro.

Attitude que certains ne tardent pas à « traduire » comme une possibilité accrue de nouvelles hausses des taux dans les mois à venir.

Renforçant cette idée, les conclusions d’une enquête établie par Reuters affirment que la Banque centrale européenne devrait probablement relever son principal taux d’intérêt à 4,25% en septembre.

En tout état de cause, les économistes sont plus partagés qu’auparavant sur la probabilité d’une hausse supplémentaire d’ici la fin de l’année.

Guy Quaden, gouverneur de la Banque nationale de Belgique et membre à ce titre du Conseil des gouverneurs de la BCE, vient de déclarer que si l’euro fort pouvait nuire à certaines entreprises, il avait aussi du bon et reflétait la bonne orientation de l’économie européenne.

« L’appréciation de l’euro peut poser problème à certaines entreprises, en particulier dans l’industrie aéronautique », a-t-il souligné dans une interview au journal belge De Morgen, sous-entendu Airbus … cependant, selon lui, cette poussée de fièvre n’a pas que des inconvénients. « Dans la période récente de hausse des prix du pétrole, l’euro fort est une bonne chose pour beaucoup d’entreprises européennes et tous les consommateurs », affirme-t-il ainsi.

« L’appréciation de l’euro face au dollar n’est pas incompréhensible compte tenu du ralentissement de la croissance économique aux Etats-Unis ces derniers mois alors qu’elle s’accélère dans la zone euro », a ajouté Quaden. Pour rappel, l’euro a atteint mardi un nouveau record historique face au billet vert, à 1,3853 dollar. Depuis le début de l’année, il s’est apprécié de plus de 4% face à la devise américaine.

La reprise de la croissance au sein des Treize a permis à la BCE de doubler quant à elle ses taux directeurs à 4% depuis la fin 2005. Mais la hausse de l’euro qui l’accompagne a encore été dénoncée mercredi par le président du directoire du constructeur automobile français PSA, Christian Streiff, comme un « handicap sévère pour l’industrie européenne. »

La BCE reste pour sa part surtout préoccupée par des pressions inflationnistes qu’elle juge obstinément orientées à la hausse, et la plupart des économistes interrogés par Reuters s’attendent donc à ce que la banque relève à 4,25% son principal taux directeur en septembre, après le statu quo monétaire anticipé la semaine prochaine.

« Ce qui est extrêmement important, c’est que les anticipations d’inflation soient solidement ancrées à un niveau qui soit conforme à notre définition (de la stabilité des prix) », a déclaré le président de la banque Jean-Claude Trichet, selon une interview publiée mercredi sur le site internet de l’hebdomadaire allemand Die Zeit.

Interrogé sur les accusations de négligence vis-à-vis de l’euro fort portées contre la BCE, Trichet a dénoncé en retour l’attitude des pays émergents d’Asie et la faiblesse de leurs devises. « Nous disons tous que pour les nations émergentes d’Asie, mais aussi pour l’économie mondiale, il serait préférable que ces devises soient plus flexibles », a-t-il dit, répétant ainsi la position officielle du G7.

Quaden a lui aussi affirmé que les monnaies asiatiques constituaient la plus grosse anomalie sur le marché des changes. Marco Kranjec, représentant slovène au Conseil des gouverneurs de la BCE, a déclaré mardi soir qu’il ne pouvait dire que le niveau actuel de l’euro constituait un obstacle important pour l’économie des Treize.

Selon les résultats de l’étude établie par Reuters, la totalité des 73 économistes interrogés a dit tabler sur un statu quo monétaire à l’issue de la réunion du jeudi 2 août de la BCE et 64 d’entre eux anticipent un relèvement de 25 points de base des trois taux directeurs lors de la réunion de septembre. Neuf seulement s’attendent à voir cette hausse repoussée à octobre.

Si 38 des 73 économistes interrogés voient les taux à 4,5% fin décembre, 35 s’attendent à un statu quo après la prochaine hausse d’un quart de point, ce qui laisserait le taux de refinancement à 4,25% jusqu’en janvier au moins. En revanche, le consensus est plus établi sur la perspective d’un taux de refinancement à 4,5% avant la fin du premier trimestre 2008.

La majorité des personnes interrogées estime néanmoins que la montée des craintes liées au marché du crédit hypothécaire à risque, le « subprime », aux Etats-Unis n’empêchera pas la BCE de durcir sa politique face à la vigueur de la croissance.

Certains rappellent toutefois que la BCE ne tiendra pas de conférence de presse à l’issue de la réunion de la semaine prochaine, ce qui l’empêchera d’adresser aux marchés les habituels signaux avant-coureurs d’un relèvement du loyer de l’argent.

Source : Reuters

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(4 commentaires)

  1. Le choix des mots est déterminant en politique et en communication.
    « L’appréciation de l’euro face au dollar… » au lieu de DEPRECIATION du dollar face à LA PLUPART des devises non liées au dollar comme le YUAN!
    C’est faire le jeu même des politiciens du laisser-aller budgétaire face aux RESPONSABLES des Banques Nationales qui décident collectivement de la politique de l’euro selon les traités signés par ces mêmes politiciens.
    Pour EADS c’est un mauvais signe de plus de masquer ses responsabilités en chargeant l’euro et en dissimulant sa scandaleuse gestion couronnée par les parachutes dorés des responsables de ses désastres. Ces requins, acoquinés aux politiques, doivent être payés en dollar…
    On voit les conséquences de leur « gestion » sur Eurocopter maintenant (provisions pour le NH90) : de nouveaux parachutes dorés vont se déployer après les habituelles tentatives de dissimulations et leurs spéculations d’initié en bourse !

  2. Taux BCE: statu quo attendu le 2 août, hausse en septembre (panel AFP/TFN)
    PARIS, 26 juil 2007 (AFP)
    La Banque centrale européenne (BCE) devrait laisser son principal taux directeur inchangé à 4% lors de sa prochaine réunion le 2 août, mais va très probablement le relever en septembre, selon un panel d’économistes interrogés par l’AFP et l’agence Thomson Financial News.
    Les 30 économistes interrogés prévoient à l’unanimité un statu quo à l’issue de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs le 2, mais 28 d’entre eux anticipent une hausse d’un quart de point lors de la réunion du 6 septembre, les deux derniers estimant que la BCE préfèrera attendre octobre pour procéder à un resserrement monétaire.
    La Banque centrale européenne a procédé à huit hausses de taux depuis décembre 2005, son principal taux directeur passant de 2% à 4% sur cette période.
    Son président, Jean-Claude Trichet, avait déclaré le 5 juillet qu’il fallait « surveiller de près » l’évolution des prix afin de contrer une éventuelle surchauffe inflationniste, ajoutant qu’il n’avait pas l’intention de contrarier « les attentes des marchés pour (…) septembre et octobre ».
    Les inquiétudes de la banque centrale ne devraient pas s’être apaisées au vu des indicateurs économiques qui ont été publiés depuis.
    « La vigueur de la croissance depuis le début de l’année devrait inciter la BCE à poursuivre son cycle de resserrement », estime Olivier Bizimana, du Crédit Agricole. Le FMI vient en effet de relever ses prévisions de croissance pour la zone euro à 2,6% cette année et 2,5% l’an prochain, contre 2,3% en 2007 et 2008 précédemment.
    Certains économistes jugent que la BCE pourrait également s’inquiéter de l’impact sur l’inflation de la rapide augmentation de la masse monétaire M3 et de la hausse des prix pétroliers.
    Pour autant, elle ne devrait pas accélérer son rythme de relèvement des taux, selon eux.
    Sur les 30 économistes interrogés, 17 prévoient une seule hausse d’ici la fin de l’année avec un taux directeur à 4,25%. Les 13 autres s’attendent à un nouveau tour de vis au quatrième trimestre et à un taux à 4,50% en fin d’année

  3. Figaro 2007-07-27 Ne tirez pas sur la BCE ! Yves de Kerdrel
    … il y a quelque chose d’irrationnel en France qui conduit à se lamenter quand tous ceux qui partagent l’usage de cette devise commune préfèrent voir les bons côtés de cette « réévaluation ». Il reste que, de s’en prendre a la BCE, c’est à la fois un paradoxe économique, un contresens monétaire, une aberration politique, une incongruité européenne et enfin une méprise d’ordre philosophique.
    Un paradoxe économique, pourquoi ?
    Parce que ce n’est pas l’euro qui est fort ; mais le dollar qui est faible. L’ancien directeur du Trésor qu’est Jean-Pierre Jouyet le sait mieux que quiconque. Attaquer la BCE parce que les pétrodollars deviennent des « pétroeuros » n’a rien a voir avec ce qui se passe à Francfort. De la même manière, si la Bank of China place désormais en euros 20 % de ses réserves de change, qui dépasseront 2 000 milliards de dollars a la fin de l’année, c’est par un juste souci de diversification de ses avoirs. L’euro devient, plus vite que ses créateurs l’espéraient, une monnaie de réserve. Pourquoi l s’en plaindre ?
    Un contresens monétaire, alors ?
    Même si c’est le fait d’un inspecteur des finances aussi respecté à droite qu’à gauche, on peut le craindre. La mission de la BCE ne vise pas à ajuster le niveau de l’euro en fonction des desiderata de compétitivité de chacun des pays utilisateurs de la devise étoilée. Elle est d’empêcher toute dérive inflationniste. Or des risques d’inflation, il n’y en a jamais tant eu. S’agissant des biens et des services. S’agissant aussi des actifs. Comment en serait-il autrement avec des banques qui enregistrent des demandes de crédit sur la base d’une croissance à deux chiffres ? Il serait donc injuste d’accuser Francfort d’excès de zèle ou de voir en Jean-Claude Trichet un ayatollah de la rigueur monétaire.
    Une aberration politique ?
    L’accusation est sans doute un peu forte. Mais comment Nicolas Sarkozy, pendant sa campagne électorale, et maintenant son entourage, peuvent-ils s’attaquer aux fondements d’une BCE que tous les camps ont souhaité indépendante ? Jean-Pierre Jouyet sait mieux que quiconque que « laisser la gestion de la monnaie aux politiques, cela revient à confier un pot de crème fraîche à la garde d’un chat ».
    Une incongruité européenne ?

  4. Figaro 2007-07-27 Ne tirez pas sur la BCE ! Yves de Kerdrel
    … il y a quelque chose d’irrationnel en France qui conduit à se lamenter quand tous ceux qui partagent l’usage de cette devise commune préfèrent voir les bons côtés de cette « réévaluation ». Il reste que, de s’en prendre a la BCE, c’est à la fois un paradoxe économique, un contresens monétaire, une aberration politique, une incongruité européenne et enfin une méprise d’ordre philosophique.
    Un paradoxe économique, pourquoi ?
    Parce que ce n’est pas l’euro qui est fort ; mais le dollar qui est faible. L’ancien directeur du Trésor qu’est Jean-Pierre Jouyet le sait mieux que quiconque. Attaquer la BCE parce que les pétrodollars deviennent des « pétroeuros » n’a rien a voir avec ce qui se passe à Francfort. De la même manière, si la Bank of China place désormais en euros 20 % de ses réserves de change, qui dépasseront 2 000 milliards de dollars a la fin de l’année, c’est par un juste souci de diversification de ses avoirs. L’euro devient, plus vite que ses créateurs l’espéraient, une monnaie de réserve. Pourquoi l s’en plaindre ?
    Un contresens monétaire, alors ?
    Même si c’est le fait d’un inspecteur des finances aussi respecté à droite qu’à gauche, on peut le craindre. La mission de la BCE ne vise pas à ajuster le niveau de l’euro en fonction des desiderata de compétitivité de chacun des pays utilisateurs de la devise étoilée. Elle est d’empêcher toute dérive inflationniste. Or des risques d’inflation, il n’y en a jamais tant eu. S’agissant des biens et des services. S’agissant aussi des actifs. Comment en serait-il autrement avec des banques qui enregistrent des demandes de crédit sur la base d’une croissance à deux chiffres ? Il serait donc injuste d’accuser Francfort d’excès de zèle ou de voir en Jean-Claude Trichet un ayatollah de la rigueur monétaire.
    Une aberration politique ?
    L’accusation est sans doute un peu forte. Mais comment Nicolas Sarkozy, pendant sa campagne électorale, et maintenant son entourage, peuvent-ils s’attaquer aux fondements d’une BCE que tous les camps ont souhaité indépendante ? Jean-Pierre Jouyet sait mieux que quiconque que « laisser la gestion de la monnaie aux politiques, cela revient à confier un pot de crème fraîche à la garde d’un chat ».
    Une incongruité européenne ?

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