Airbus : délocalisation/externalisation en Chine ?

Airbus_china_laurence_barronNe jouons pas sur les mots, si dès septembre 2007, Laurence Barron, président d’Airbus China affirmait qu’Airbus souhaitait externaliser davantage sa production en Chine, des syndicats d’Airbus France ont estimé samedi à Toulouse que les déclarations du président d’EADS Louis Gallois, sur une éventuelle délocalisation de la production en zone dollar auraient également pour but de préparer salariés et électeurs à une délocalisation d’une partie des activités du groupe en Chine.

Le voyage de Nicolas Sarkozy à Pékin pourrait avoir ainsi comme objectif prioritaire, de « préparer l’opinion ».

La visite d’Etat du président français Nicolas Sarkozy dimanche dans ce pays, « c’est notamment pour nous préparer psychologiquement à un transfert de charges vers la Chine« , a indiqué Marina Lensky, représentante du syndicat CFTC. Elle espère que ce transfert sera « très limité et permettra d’avoir des contrats chez eux ».

Cette inquiétude est partagée par le syndicat majoritaire Force ouvrière (FO) et la CGT, qui ne souhaitent pas que soit transféré « n’importe quoi en Chine », où, selon le quotidien « La Tribune », 100 à 150 Airbus devraient être vendus durant la visite de trois jours du président Sarkozy.

« Les déclarations de M. Gallois (patron d’EADS, maison mère d’Airbus, ndlr) qui « complètent » les propos tenus jeudi par le président d’Airbus Thomas Enders, préfigurent également les annonces qui pourraient être faites la semaine prochaine sur « les cessions de sites et la situation airbusienne avec la problématique euro-dollars », selon le syndicat CGC-CFE.

Le niveau élevé de l’euro face au dollar « menace à long terme » la survie d’Airbus, ce qui pourrait conduire l’avionneur européen à délocaliser une partie de sa production dans la zone dollar, a déclaré samedi au journal allemand Welt am Sonntag Louis Gallois. Le cours actuel de l’euro, qui a frisé cette semaine le seuil psychologique des 1,50 dollar, est « très clairement une menace pour notre existence – pas dans l’immédiat, mais à long terme », a dit M. Gallois au journal.

« Sur une telle base, nous ne pouvons plus raisonnablement faire de projet d’avenir« , a ajouté le patron du groupe aéronautique, qui produit en majeure partie en Europe, avec des coûts de production libellés en euro, mais vend en dollars, provoquant un effet de change très défavorable. Si cette crise des changes se poursuit, « nous allons devoir réduire nos projets de développement« , a encore mis en garde M. Gallois. « Nous devrons délocaliser en partie notre production vers la zone dollar » et trouver des sous-traitants dans cette zone, a fait valoir le patron d’EADS.

Les propos de M. Gallois surviennent après ceux du président d’Airbus, l’Allemand Thomas Enders, qui avait estimé jeudi que le niveau de l’euro face au dollar avait « dépassé la limite du supportable » et que ce problème pourrait conduire l’avionneur à de nouvelles mesures d’économies.

Le délégué syndical de FO, Jean-François Knepper, a jugé quant à lui « un peu prématuré de prendre des décisions par rapport au cours du dollar aujourd’hui (…) le phénomène de parité euro-dollar est structurel à notre industrie. » « Il y a des périodes pendant lesquelles ça nous a permis de gagner beaucoup d’argent. Et qui peut dire quel sera le taux de parité euro-dollar ? Aujourd’hui, les mécanismes de couverture de taux de change couvrent jusqu’en 2010 », a-t-il ajouté, regrettant une nouvelle fois que la logique financière prime sur les intérêts industriels.

Selon M. Knepper, « ça ressemble un peu à une opération pour passer en force sur l’externalisation de nos productions ». La CGT et la CFTC ont estimé que les sous-traitants étaient particulièrement visés par ces « délocalisations forcées ». « Le durcissement de Power8 va se faire par l’externalisation » vers la zone dollar, a renchéri le délégué syndical central CGT Xavier Petrachi pour qui, dans ce contexte, « la vente des sites (européens) ne va pas changer grand chose« .

Airbus envisage d’acheter des équipements construits en Chine pour un montant de quelque 400 millions de dollars d’ici à 2015, contre 60 millions cette année, avait d’ores et déjà déclaré en septembre 2007 Laurence Barron, président d’Airbus China,  au cours d’une conférence organisée par Reuters. Malgré la polémique suscitée par les défauts de qualité et de sécurité de certains produits «  »made in China » », le responsable avait alors indiqué que des entreprises chinoises se verraient confier la production d’équipements complexes comme les ailes d’avion. « L’industrie aéronautique chinoise a désormais les moyens de devenir un fournisseur d’envergure mondiale, a-t-il souligné.

Airbus et Boeing attendent beaucoup du marché chinois où les besoins sont régulièrement qualifiés de gigantesques. Plusieurs compagnies chinoises, comme China Southern , China Eastern ou Air China seront amenées à renforcer leurs flottes dans les prochaines années.

A noter également que selon l’hebdomadaire allemand Focus à paraître lundi, citant un document interne à l’entreprise, Airbus envisagerait d’augmenter le temps de travail des salariés allemands, de 35 à 40 heures par semaine, sans compensation de salaire, afin de faire face à la crise des changes.

Sources : AFP, Reuters

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Un commentaire

  1. L’externalisation de Airbus profite aux chinois. La Chine est déjà célèbre pour les activités d’externalisation dans le secteur industriel. Mais elle se distingue aussi parfois par la qualité médiocre de ses prestations. Une externalisation réussie doit faire l’objet d’une étude menée à bien par les responsables de Airbus.

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