« Clairement inacceptables », c’est par ces termes durs que John Thain a qualifié les résultats annuels de Merrill Lynch, l’établissement dont il vient de prendre la présidence. Il est vrai que la banque d’affaires essuie une perte de 7,8 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année, chiffre à comparer avec les 7,5 milliards de bénéfices dégagés en 2006.
Son exposition aux subprimes a conduit Merrill Lynch a déprécié pour 11,5 milliards de dollars dans sa division obligataire sur le seul 4ème trimestre. L’établissement avait déjà passé pour 7,9 milliards de dollars de dépréciations au trimestre précédent. Si elle ne donne pas d’indications sur l’impact de la crise sur ses comptes en 2008, la banque américaine souligne qu’elle a « significativement » renforcé ses liquidités au cours des dernières semaines ». Merrill Lynch a effectivement été renflouée à hauteur de 12,8 milliards de dollars par plusieurs fonds venus d’Asie.
Par ailleurs, l’Autorité des marchés financiers (AMF), par la voix de son président Michel Prada, déplore que le dialogue avec les trois principales agences de notation (Fitch, S&P et Moody’s) soit « très difficile à structurer ». Michel Prada appelle ces agences à se constituer en groupement, « comme l’ont fait les banquiers et les auditeurs ». Il estime en outre qu’elles ont « probablement réagi un peu tard et de manière chaotique » devant les risques des produits financiers complexes liés aux subprimes.
Sur Bloomberg, la part de la masse salariale par rapport au bénéfice – avant les dépréciations -. Dans le cas de Merill Lynch, elle est à 141%.
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=aeyVfzMt5fRQ&refer=home
En gros, les actionnaires ont sorti de leurs poches 3,6 milliards de bonus pour remercier les banquiers des énormes pertes réalisées (16,7 milliards). Ce n’est plus du capitalisme, mais du n’importe quoi.