Les élections présidentielles américaines s’invitent à Wall Street, et pas pour le plus grand plaisir des marchés …
L’incertitude qui persiste dans le camp démocrate et le peu d’enthousiasme des financiers pour le favori républicain semble quelque peu plonger Wall Street « dans le désarroi », alors que la place est déjà mise à mal par la dégradation de l’économie américaine et les craintes d’une récession.
Les résultats du « Super Mardi » ont conforté l’avance de John McCain pour la candidature républicaine, mais côté démocrates, la course reste grande ouverte.
Or Wall Street apprécie rarement qu’on la plonge dans l’incertitude, et encore moins quand il s’agit du domaine politique.
Le vote simultané de près de la moitié des Etats américains mardi pour déterminer le candidat de chaque parti politique pour la course à la Maison Blanche n’a pas permis de faire clairement pencher la balance en faveur d’Hillary Clinton ou de son adversaire, Barack Obama, et l’identité du gagnant de l’investiture démocrate reste floue.
Les analystes estiment que même si les différences entre les programmes économiques de ces candidats ne sautent pas fondamentalement aux yeux, le fait que l’incertitude demeure devrait être suffisant pour rendre les investisseurs nerveux dans les prochaines semaines, si ce n’est les prochains mois.
De plus, le résultat se jouant de peu, les électeurs se dirigent davantage vers les urnes, ce qui semble être à l’avantage du parti démocrate, ce qui, dans l’ensemble, ne plaît guère à la communauté financière. Que ce soit Obama ou Clinton qui remporte l’investiture démocrate, les deux comptent augmenter les impôts et taxer de nouveau les dividendes.
Mais le « penchant » traditionnel de la communauté financière pour le parti républicain est remis en cause par l’engagement de plusieurs grands barons de la finance auprès des démocrates.
Le milliardaire Warren Buffet, très écouté des investisseurs, a fait part de son soutien à Hillary Clinton et à Barack Obama, tandis que les patrons de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, et de Morgan Stanley, John Mack, ont fait des contributions à la campagne de l’ancienne First Lady.
Selon le Center for Responsive Politics, qui étudie le financement des partis politiques, les contributions des sociétés d’investissement se sont dirigées en premier vers Hillary Clinton (5,8 millions de dollars), puis vers l’ancien maire républicain de New York Rudolph Giuliani et Barack Obama (5,3 millions de dollars).
John McCain n’a lui reçu que 2,1 millions de dollars, bien derrière le richissime homme d’affaires Mitt Romney (4,1 millions de dollars). Même s’il a affirmé qu’il mettrait son veto à toute hausse d’impôts, le vétéran de la guerre du Vietnam a voté contre des réductions d’impôts de l’ère Bush et se montre plus enclin à mettre en avant le thème de la sécurité nationale que celui de l’économie.
« Certains secteurs économiques, qui peuvent s’attendre à ce qu’une présidence républicaine leur soit avantageuse, comme les secteurs pharmaceutique, de l’assurance santé, du tabac et des industries lourdes, pourraient bien ne pas bénéficier d’un environnement politique aussi bienveillant sous une administration McCain que ce fut le cas sous l’administration Bush », écrivent les analystes de Goldman Sachs dans une note.
Source : AFP