Le gouvernement britannique a annoncé que Northern Rock serait momentanément nationalisée.
La mesure serait guidée selon lui par la préservation des intérêts du contribuable, lesquels auraient pu pâtir d’une vente de l’établissement de crédit immobilier au secteur privé.
Un consortium mené par le groupe Virgin du milliardaire Richard Branson paraissait jusqu’à présent le mieux placé face à une proposition concurrente soumise par l’équipe de direction de la banque. Paul Thompson, un dirigeant de Northern Rock et ancien directeur général de la compagnie d’assurances Resolution, avait ainsi pris la tête d’un plan de redressement « maison ».
Mais, le gouvernement avait d’ores et déjà demandé la semaine dernière aux deux postulants d’améliorer leurs offres estimant qu’aucune des deux n’était intéressante pour le contribuable.
Virgin avait annoncé vouloir injecter quelque 1,25 milliard de livres (1,6 milliard d’euros) dans la banque en crise et confirmé qu’il prévoyait de la marier avec sa filiale bancaire Virgin Money, dont elle reprendrait le nom. De son côté, le plan de redressement défendu par Paul Thompson, qui souhaitait prendre le poste de directeur général, prévoyait de lever « au moins » 500 millions de livres (668 millions d’euros) de capitaux frais et de réduire la taille des opérations de la banque, afin de la remettre sur les rails.
« Dans les conditions de marché actuelles, nous ne pensons pas que les deux propositions offrent une valeur suffisante pour le contribuable », a au final déclaré dimanche le ministre des Finances Alistair Darling lors d’une conférence de presse.
« Le gouvernement a donc décidé de déposer un texte de loi permettant de placer temporairement Northern Rock dans le secteur public », a-t-il ajouté, précisant que l’établissement reviendrait dans le privé lorsque les marchés financiers se seront stabilisés.
« Nous avons pris cette décision après une large consultation avec la Banque d’Angleterre et la Financial Services Authority (FSA) », gendarme des marchés britanniques, a ajouté M. Darling.
Le gouvernement britannique a ainsi confirmé les informations données un peu auparavant par plusieurs médias locaux.
Sources : Reuters, AFP, Le Monde
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Branson: la nationalisation de Northern Rock n’est pas la bonne réponse
AFP 17.02.08 | 18h45
Richard Branson, patron du conglomérat Virgin, qui n’a pas réussi à convaincre le gouvernement britannique de le laisser reprendre la banque en difficulté Northern Rock, a estimé dimanche que la nationalisation temporaire de cette institution « n’était pas la bonne réponse ». « Nous avons fait de notre mieux pour sauver Northern Rock et ses emplois », a indiqué M. Branson dans un communiqué. « Nous avons mis toutes les ressources de la direction de Virgin sur cette affaire pendant cinq mois et nous pensons que notre proposition était très solide, avec une équipe expérimentée et une des meilleures marques de Grande-Bretagne », a-t-il ajouté. Le consortium emmené par Virgin se proposait de réunir Northern Rock et la banque Virgin Money et de donner à l’ensemble le nom de Virgin Money. « Nous pensons que la nationalisation n’est pas la bonne réponse et qu’une solution commerciale aurait été la meilleure voie », a-t-il souligné. Il a indiqué que l’équipe qui avait présenté l’offre pour Northern Rock et comprenait des partenaires étrangers, allait désormais mettre toutes ses forces dans l’actuelle Virgin Money. « Nous souhaitons à (Northern) Rock et son personnel la meilleure chance possible pour l’avenir », a-t-il conclu.
Nationalisation de Bradford & Bingley : succursales vendues, prêts nationalisés
Le gouvernement britannique s’est résolu à nationaliser les prêts de la banque en difficulté Bradford & Bingley (B&B) et cherche à vendre ses succursales, avec les dépôts de la clientèle, à une autre banque, a indiqué dimanche la BBC sur son site internet.
Tony McGarahan, un porte-parole de Bradford & Bingley a précisé qu’une annonce officielle interviendrait avant l’ouverture de la Bourse de Londres lundi.
« Nous pouvons assurer aux clients que leurs dépôts sont en sécurité chez Bardford & Bingley », a-t-il insisté.
Pendant le week-end, des responsables du Trésor, de l’organisme de régulation des services financiers britannique, la FSA, et de la Banque d’Angleterre se sont efforcés de trouvé une solution pour assurer l’avenir de B&B dont les actions se sont effondrées en Bourse ces derniers jours.
B&B, spécialiste des prêts dédiés à l’investissement locatif et des prêts dits « subprime » destinés aux emprunteurs les moins solvables, s’est retrouvée sanctionnée par le renchérissement des conditions d’emprunt et le retournement du marché immobilier.
« Le Trésor, la FSA et la Banque d’Angleterre travaillent ensemble avec Bradford & Bingley pour étudier les implications pour les entreprises des dernières turbulences financières », a déclaré un porte-parole du Trésor.
La BBC présente HSBC, la plus grosse banque britannique et européenne, Barclays et Santander comme des acheteurs potentiels. Barclays, britannique également, vient d’acquérir les actifs américains de Lehman Brothers, et l’espagnole Santander, déjà propriétaire depuis 2004 de la banque britannique Abbey, est en train d’acheter une autre britannique en difficulté, Alliance & Leicester.
Selon la BBC, le Trésor va utiliser pour cette nationalisation la législation spéciale qui a déjà servi pour la nationalisation d’une autre banque britannique, Northern Rock, en février dernier.
Le Trésor prendrait ainsi à son compte les quelque 50 milliards de livres (63 milliards d’euros) de prêts actuellement en cours chez B&B, dont 41 milliards de prêts immobiliers.
La banque acheteuse récupérerait pour sa part les 200 succursales au Royaume-Uni de B&B, et l’épargne de la clientèle, soit environ 20 milliards de livres.
Selon la BBC, des files d’attentes de clients inquiets avaient commencé à se former samedi devant des succursales de B&B.
B&B a déjà eu des difficultés cette année à réaliser une augmentation de capital de 400 millions de livres, souscrite à 28% seulement.
Les agences de notation ont abaissé sa note à un niveau dangereux en dessous duquel les détenteurs de ses obligations sécurisées (« covered bonds », obligations couvertes par des crédits hypothécaires) peuvent exiger le remboursement, selon la BBC.
Si B&B disparaît, elle sera la quatrième banque britannique à subir ce sort cette année, avec Northern Rock, Alliance & Leicester et HBOS, qui va être achetée par sa rivale Lloyds TSB.
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?news=5913048