Selon des informations communiquées à Reuters par une source d’un pays du Golfe membre de l’Opep, l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, aurait commencé à augmenter sa production de brut afin de répondre à la demande mondiale.
Elle pourrait même encore accroître ses pompages en cas de besoin, nous dit-on.
Le 10 mai dernier, le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al-Nouaïm, avait affirmé pour sa part que l’Arabie saoudite avait augmenté sa production de brut de 300.000 barils par jour. Selon lui, la mesure aurait été prise en réponse à la demande de clients, notamment américains. Le pays aurait pour objectif de produire 9,45 million de barils/jour dès le mois de juin.
Selon cette source, particulièrement bien informée de la politique pétrolière saoudienne, les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, et particulièrement les pays du Golfe, adapteraient actuellement leur production à la demande mondiale plutôt que de s’en tenir aux quotas qui leur ont été fixé.
« A chaque fois qu’il y aura de la demande, l’Opep y répondra« , a par ailleurs assuré cette personne « proche du dossier ». Selon elle, » la majorité des producteurs de l’Opep n’apprécient absolument pas le prix élevé du pétrole parce qu’il ne sert ni leurs intérêts, ni les intérêts de l’économie mondiale et qu’il est particulièrement douloureux pour les pays en développement. » Sortez les mouchoirs …
La hausse actuelle de la production saoudienne serait due en partie par des prévisions du gouvernement envisageant une progression de la demande mondiale de brut d’environ un million de bpj cette année, l’évolution devant être plus sensible au troisième trimestre.
Les cours du pétrole ont dépassé 135 dollars le baril la semaine dernière et restaient au-dessus de 129 dollars vers 14h30 GMT. Mais l’Arabie plaiderait non coupable, estimant que le marché réagirait à des facteurs ne dépendant pas uniquement de l’offre et de la demande.
Si ces fondamentaux dictaient les prix, les cours du brut tourneraient autour de 60 à 70 dollars le baril, estimerait le gouvernement saoudien, l’équilibre du marché pétrolier mondial étant selon lui similaire à celui de 1999, année durant laquelle les prix étaient inférieurs à 20 dollars. Le marché aurait progressé essentiellement du fait de doutes croissants sur les capacités de production et sur les réserves pétrolières mondiales. Si ces craintes ne seraient pas justifiées, elles contribueraient néanmoins à justifier une prime de plusieurs dollars pour les prix du brut livrable en 2016. La faiblesse actuelle du dollar et le niveau bas des taux d’intérêt aux Etats-Unis inciterait parallèlement une partie des investisseurs à se tourner vers le marché pétrolier.
« Ajouter ou retirer du brut du marché ne va donc pas faire changer le prix du pétrole » conclut par ailleurs la source, « le sentiment des investisseurs présents sur le marché des futures exerçant » selon elle « une pression à la hausse sur les cours ».
A la mi-mai, le président américain George W. Bush avait déclaré que l’augmentation ponctuelle de sa production de pétrole par l’Arabie saoudite ne résolvait pas les problèmes des Américains. « Ce n’est pas assez. C’est quelque chose, mais cela ne résout pas notre problème », a dit M. Bush à Charm el-Cheikh en évoquant la décision de l’Arabie saoudite d’augmenter ponctuellement sa production de 300.000 barils par jour, ainsi que les efforts de la grande puissance pétrolière pour augmenter ses capacités de production.
M. Bush s’est cependant dit « content » de la décision prise en mai par l’Arabie saoudite et a affirmé que les Etats-Unis devaient de leur côté augmenter leurs capacités de raffinage, l’exploration pétrolière, le recours aux énergies nucléaires et alternatives et la conservation d’énergie.
Sources : AFP, AP, Reuters