Après Fortis, Dexia ?
L’Etat fédéral et les trois régions belges sont tombés d’accord lundi soir pour augmenter le capital du bancassureur franco-belge Dexia, deuxième victime de la crise financière en Belgique après Fortis.
Née en 1996 de la fusion du Crédit Local de France et du Crédit Communal de Belgique, la banque franco-belge Dexia est spécialisée dans les prêts aux collectivités locales, domaine dans lequel elle excellerait selon ses dires.
« Lors d’une concertation entre le gouvernement fédéral et les gouvernements des trois régions (Wallonie, Flandre et Bruxelles) qui a eu lieu cet après-midi, celles-ci ont confirmé leur accord de principe de participer à un effort conjoint pour renforcer les fonds propres du groupe Dexia », souligne un communiqué du gouvernement.
Si le communiqué, diffusé par les services du Premier ministre Yves Leterme, ne donne pas de détails financiers, selon des informations publiées par le quotidien économique belge L’Echo sur son site internet, cette augmentation de capital pourrait atteindre un montant total de 7 milliards d’euros.
Une nouvelle réunion avec les trois régions était annoncée à partir de 22H00 locales à Bruxelles (20H00 GMT) pour préciser les modalités de cette opération.
Interrogé sur la télévision RTL, le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a précisé que les actionnaires belges de Dexia et les régions négociaient pour soutenir l’établissement financier, dont l’action a perdu près de 30% en bourse ce lundi suite à des informations de presse laissant envisager une prochaine augmentation de capital, pour renflouer l’établissement.
Dexia compte parmi ses actionnaires la holding Arcofin (17,7%), les communes belges (16,2%), la Caisse des dépôts et consignations (11,7%), considérée comme le « bras financier » de l’Etat français, la mutuelle belge Ethias (6,3%), l’assureur français CNP (2%), et les salariés (3,8%).
Son décrochage en Bourse intervient également après la nationalisation partielle de Fortis par les trois Etats du Benelux, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg, annoncée dimanche soir. Ce sauvetage a fait craindre aux investisseurs que Dexia ne soit prise à son tour dans la tourmente. La situation de Dexia est jugée difficile car elle se finance en grande partie à court terme sur les marchés financiers, en vendant des obligations aux investisseurs ou en empruntant de l’argent aux autres banques. Or, des dires mêmes des analystes du marché, les banques ne se prêtent plus d’argent entre elles car elles n’ont plus confiance.
A noter également qu’après l’annonce de la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers, Dexia avait annoncé une exposition jugée à 2,28 milliards d’euros.
Dans le détail, la banque franco-belge parle de 500 millions d
Dexia: la France détiendra une minorité de blocage (Elysée)
PARIS, 30 sept 2008 (AFP)
La France a confirmé mardi matin sa participation au « plan de recapitalisation de Dexia » après lequel l’Etat français et la Caisse des dépôts et consignations détiendront une « minorité de blocage » dans le capital du bancassureur franco-belge, a annoncé l’Elysée.
Le président Nicolas Sarkozy a tenu une réunion « à 05H00 » (03H00 GMT) avec le Premier ministre François Fillon, la ministre de l’économie Christine Lagarde, le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer et le directeur du Trésor Xavier Musca.
« Après négociations avec les autorités belges et luxembourgeoises, la décision a été prise de la participation de l’Etat à un plan de recapitalisation de Dexia », a indiqué la présidence dans un communiqué.
« A l’issue de cette augmentation de capital, l’Etat français d’une part et le groupe Caisse des dépôts et consignations d’autre part détiendront au total une part du capital supérieure à 25% qui représente en droit belge la minorité de blocage, » souligne la présidence.
Le Premier ministre belge Yves Leterme avait annoncé un peu plus tôt un accord entre les gouvernements belge, français et luxembourgeois pour injecter 6,4 milliards d’euros dans Dexia, deuxième victime en Belgique de la crise financière après Fortis.
Les autorités fédérales et régionales et les actionnaires belges (communes belges et investisseurs institutionnels) investissent en tout 3 milliards d’euros dans le groupe franco-belge Dexia, le gouvernement français et la Caisse des dépôts et consignations, considérée comme le « bras financier » de l’Etat français, 3 autres milliards, et le gouvernement luxembourgeois 376 millions.
La présidence française a souligné dans son communiqué qu' »un milliard d’euros sera souscrit directement ou indirectement par l’Etat français », sans compter la part de la CDC.
« Cette décision a été prise pour garantir la continuité du financement des collectivités locales françaises, dont Dexia Crédit Local est le principal prêteur, ainsi que pour contribuer à la sécurité et à la stabilité des systèmes financiers français et européen, conformément aux engagements du président de la République », souligne l’Elysée.
M. Sarkozy a convoqué pour mardi matin autour de lui une réunion des dirigeants des principales banques et compagnies d’assurances françaises, qui semblent de plus en plus menacées par la crise financière mondiale.
Le chef de l’Etat souhaite également la tenue d’ici à la fin de l’année d’un sommet international sur la « refondation du système financier international » et veut réunir dans les prochains jours à Paris pour en discuter les quatre pays européens du G8, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, le patron de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker et celui de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet.
A la suite de la décision de renflouer Dexia, M. Fillon « informera les commissions des Finances des deux assemblées, afin d’exposer (…) le contenu de l’accord », poursuit l’Elysée, en soulignant que les parties prenantes « s’engagent à présenter les mesures nécessaires pour améliorer en profondeur la gouvernance du groupe, en particulier ses organes de gestion ».