Alors que les media officiels avaient annoncé la semaine dernière que l’Iran avait interrompu ses ventes de pétrole à destination de l’Allemagne, la Grèce et l’Espagne, le ministre iranien du Pétrole Rostam Ghassemi a démenti jeudi la mise en place de telles mesures par son pays.
« Nous vendons du pétrole à toute l’Europe sauf à la France et la Grande-Bretagne
« , a ainsi précisé le ministre lors d’une conférence de presse.
Les 10 et 11 avril derniers, les chaînes en anglais et en arabe de la télévision d’Etat iranienne, Press-TV et al-Alam, avaient annoncé – sans être démenties par les autorités – que Téhéran avait étendu les mesures de rétorsions annoncées en février à l’encontre de la France et de la Grande-Bretagne à l’Allemagne, l’Espagne et la Grèce.
Rappelons qu’en guise de représailles à la décision de l’Union européenne d’imposer un embargo graduel contre le pétrole iranien, Téhéran a stoppé dans un premier temps ses exportations de brut vers la France et la Grande-Bretagne.
S’agissant des autres pays membres, Rostam Ghassemi a tenu à préciser que l’Iran continuait à y exporter du pétrole, faisant tout de même état de difficultés de règlement liées aux restrictions de transfert d’argent. « Nous n’avons pas cessé nos exportations vers la Grèce avec laquelle il y a des problèmes financiers qui sont en train d’être résolus », a par ailleurs souligné le ministre.
Pourtant, il y a une semaine à peine, le ministre iranien du Pétrole avait lui-même annoncé que l’Iran venait de stopper ses exportations de pétrole à destination d’Athènes. Une information intervenant alors que l’Union européenne a décrété récemment un embargo pétrolier graduel contre le régime iranien, en vue de tenter de freiner le programme nucléaire controversé mené par Téhéran.
« A l’heure actuelle, l’Iran ne vend plus de pétrole à la Grèce« , avait ainsi déclaré M. Ghassemi. Ajoutant toutefois que « l’Iran ne rencontrait aucun problème pour vendre son pétrole et ses produits pétroliers ».
En début de mois, un responsable du ministère grec de l’Energie avait affirmé que la Grèce cherchait « des sources alternatives » à l’approvisionnement en pétrole iranien après l’embargo imposé par les pays de l’Union européenne (UE) contre Téhéran, lequel doit entrer en vigueur en principe à partir du 1er juillet prochain. La Grèce se tournerait actuellement vers la Russie, l’Irak, l’Arabie Saoudite ou la Libye.
A noter également que Barack Obama vient de signer une loi autorisant les autorités américaines à infliger des pénalités aux banques étrangères qui effectueraient des opérations avec la Banque centrale iranienne en vue de permettre le règlement d’achats de brut iranien. Ces nouvelles dispositions prévoient notamment que les entreprises étrangères choisissent entre entretenir des relations d’affaires avec la République islamique ou avec les Etats-Unis. Des dérogations sont toutefois prévues pour les entreprises situées dans des pays qui réduiraient de manière significative leurs importations de pétrole iranien.
L’Inde se débat depuis de nombreux mois dans d’immenses difficultés pour payer à Téhéran son pétrole en devises, les canaux bancaires asiatiques, moyen-orientaux ou européens utilisés s’étant progressivement fermés en raison des sanctions économiques US frappant l’Iran pour son programme nucléaire controversé.
Le 8 aout dernier, le vice-ministre iranien du Pétrole, Ahmad Ghalebani, avait déclaré que l’Inde avait payé 1,4 milliard de dollars, confirmant les propos du ministre indien du Pétrole, S. Jaipal Reddy, lequel avait déclaré que son pays était parvenu à trouver un circuit bancaire via la Turquie pour payer son brut.
M.Bahmani avait également affirmé qu’il n’y avait « aucun problème » pour recevoir l’argent du pétrole vendu par l’Iran à la Chine et la Corée du Sud. Il avait par ailleurs ajouté qu’en « cas de nécessité » l’Iran pourrait se faire payer en or son pétrole pour contourner les sanctions bancaires imposées par les Etats-Unis.
Rappelons pour mémoire que l’Iran produit quelque 3,5 millions de barils de pétrole par jour et en exporte environ 2,5 millions quotidiennement. En 2011, le régime iranien exportait en moyenne 100.000 barils de pétrole par jour vers la Grèce, ce qui correspond à un tiers des importations de ce pays.
Sources : AFP, Reuters