Les choses se précisent désormais pour Perenco en Equateur. Malheureusement, serais-je tentée de dire.
Alors qu’il y a moins de quinze jours, la suspension de l’activité du groupe pétrolier sur le territoire national équatorien avait été ordonnée en l’absence d’accords entre les parties dans le cadre des négociations menées actuellement avec le gouvernement socialiste de Rafael Correa, le ministre du Pétrole, Derlis Palacios, a déclaré mercredi que le gouvernement de l’Equateur cherchait à mettre fin au contrat qui le lie à l’entreprise.
Raisons invoquées pour ce faire : les négociations en cours seraient devenues « pratiquement impossibles ».
« Nous allons mettre fin au contrat, et nous verrons s’il s’agit de fermer ces puits (pétroliers) définitivement, de les laisser en +stand by+ ou de les intégrer à Petroecuador (public) », a ajouté M. Palacios sur radio Quito. Le mot est lâché : intégration … pour ne pas dire nationalisation, le Venezuela d’Hugo Chavez ayant semble-t-il fait des émules …
En vue d’accroître les recettes de l’Etat, l’Equateur mène en effet à l’heure actuelle un vaste projet de remise à plat des contrats des compagnies pétrolières.
Rappelons que jusqu’à l’arrivée du président socialiste Rafael Correa, élu en novembre 2006, les 13 compagnies pétrolières opérant en Equateur étaient régies par un contrat de participation. Elles assumaient tous les coups d’extraction et reversaient 18% de la production de cru au pays. Alors qu’elles ne reversaient que 50% des bénéfices extraordinaires liés à la hausse du prix du pétrole à l’Etat équatorien, ce dernier s’est fait fort d’obtenir une nouvelle répartition de ces gains.
Pour ce faire, il souhaite s’appuyer sur un contrat de prestation de services, lequel prévoit au contraire que l’Etat garde la mainmise sur le pétrole, et négocie avec les compagnies les coûts de production et la répartition des bénéfices. Dans cet optique,la compagnie pétrolière ne serait plus alors propriétaire du pétrole qu’elle pompe, mais serait payée comme « simple » prestataire.
Perenco extrayait quelque 25.615 barils/jour de pétrole en Equateur jusqu’à ce que son activité soit suspendue par le gouvernement, début janvier. Ce dernier arguant alors que ces mesures étaient justifiées par sa propre obligation de réduction de production imposée par l’Opep en tant que pays membre.
Les mesures de suspension devraient permettre à l’Equateur, de réduire sa production à 453.000 barils quotidiens, contre 520.000 b/j auparavant, conformément à l’objectif fixé par le cartel le 17 décembre à Oran, pour tenter de limiter la chute du cours du brut.
L’Equateur avait parallèlement tenté de négocier avec Perenco un nouveau contrat, accordant la plus grande part des bénéfices à l’Etat. Sans toutefois arriver à concrétiser un accord. Selon le ministre du Pétrole, le blocage serait consécutif à « la position intransigeante » de Burlington, l’ associé américain de Perenco.
Perenco est doté d’un « partenaire qui ne l’a pas laissé (accepter un nouveau contrat); qui n’a pas la volonté de respecter l’Etat et par conséquent nous allons mettre fin du contrat », a ainsi indiqué mercredi Derlis Palacios.