Décidément les agences de notation continuent à faire la pluie et le beau temps sur la planète. Enfin, en ce moment c’est beaucoup plus la pluie que le beau temps.
Pays dans le collimateur jeudi : après la Hongrie qui donne le blues à Moody’s, c’est au tour du Japon d’être pointé du doigt par Fitch.
Fitch estime ainsi que le Japon doit rapidement mettre sur pieds des réformes en vue de faire face à sa gigantesque dette publique.
L’agence de notation argumente sa position par les conclusions d’un rapport du Fonds monétaire international (FMI) laissant entendre que le pays doit se prémunir contre une hausse soudaine de ses taux d’intérêt.
« Le Japon devra prendre des mesures budgétaires pour éviter une dégradation de sa not
e », a d’ores et déjà mis en garde par ailleurs un haut responsable Fitch, interrogé par Dow Jones newswires.
L’agence rappelle toutefois que même si la charge de la dette très importante (environ 200% de son produit intérieur brut), le pays se finance à un niveau très bas.
Se voulant constructif, le FMI évoque désormais plusieurs pistes de réformes : une augmentation de la taxe sur la consommation et une réforme du système des retraites sont ainsi proposées.
Le Fonds estime par ailleurs que le pays doit mettre en place des réformes structurelles en vue d’améliorer la concurrence dans les services et augmenter le taux d’activité.
Lors d’une récente visite au Japon, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, avait d’ores et déjà exhorté Tokyo à adopter un plan de réduction de sa dette publique à moyen terme.
En septembre dernier, Standard & Poor’s avait déclaré que selon elle la reprise économique du Japon ne serait probablement pas à la hauteur des attentes.
Raisons invoquées : la lenteur de la réaction des milieux politiques après le tsunami survenus le 11 mars dernier.
L’économie du Japon a montré quelques signes de reprise. Cependant, plusieurs facteurs semblent avoir paralysé la reprise, dont la lenteur de la réaction du gouvernement à la catastrophe, avait ainsi affirmé tout net S&P.
L’agence de notation ajoute par ailleurs que « l’incertitude entourant l’économie mondiale et le risque d’une rechute dans la récession aux Etats-Unis ont surpassé un rebond des exportations japonaises. »
Autre élément de nature à freiner la reprise japonaise : la hausse du yen observée actuellement.
On a tendance à oublier en effet que l’économie japonaise se trouvait mal en point bien avant la catastrophe.
Pourtant, quelques heures après que le tsunami ravage une grande partie du pays, le cabinet d’études britannique Capital Economics estimait que « le désastre ne pouvait intervenir à un pire moment, alors que l’économie s’est déjà contractée fin 2010 ».
« Une large partie des coûts de reconstruction incomberont probablement aux collectivités locales, et au final à l’Etat, qui peine déjà à maîtriser la dette publique« . « Le gouvernement aura beaucoup plus de mal à présenter un plan de redressement budgétaire crédible cet été, si l’économie s’enfonce d’ici là dans la récession, les finances publiques se dégradent encore plus et de nombreux habitants continuent à souffrir de ce désastre », affirmait encore à cette date Capital Economics.
Les agences de notation avaient alors laissé entendre qu’elles ne soulèveraient pas la question la solvabilité budgétaire du Japon en lien avec d’éventuelles mesures budgétaires supplémentaires, dans un premier temps ….
Fin janvier, le Japon avait du faire face à une dégradation de sa note de dette à long terme par Standard and Poor’s. L’agence de notation la fixant alors à AA-, tout en l’assortissant d’une perspective « stable« . Raisons avancées : la situation financière de ce pays lourdement endetté, dont elle ne voyait – à l’époque – pas d’issue prochaine, considérant au contraire qu’elle devrait empirer.
« L’abaissement reflète notre estimation que les ratios d’endettement du gouvernement japonais – déjà parmi les plus hauts des dettes notées – vont continuer d’augmenter davantage que ce que nous envisagions avant que la crise économique mondiale ne frappe ce pays« , avait ainsi expliqué l’agence dans un communiqué.
Sources : AFP, Reuters