Allemagne : Fitch confirme la meilleure note

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L’agence de notation Fitch a réaffirmé mardi la note « AAA » de la dette de l’Allemagne, maintenant ainsi la meilleure position qu’il soit.

La perspective demeure quant à elle stable.

Un satisfecit qui offre à la dette allemande le très intéressant statut de placement-refuge en cette période troublée.

S’exprimant dans un communiqué, Fitch met en avant les éléments suivants : une économie allemande « robuste et diversifiée », la « santé » du marché du travail, une gestion macro-économique « prudente » et des investissements « vigoureux ».

Selon l’agence, les taux pratiqués sur le marché concernant la dette allemande démontrent s’il en était besoins le statut de valeur refuge qui lui est associée.

Reste, que « la résolution de la crise en zone euro reste un facteur déterminant pour assurer la stabilité de l’économie allemande » note Fitch.

« Avec une part de 40% des exportations allemandes, 2% du PIB consacrés aux plans d’aide existants, et l’exposition de son secteur bancaire aux économies périphériques de la zone euro, les risques de contagion à l’Allemagne de la crise de la dette publique restent élevés« , commente ainsi Fitch.

Une position qui fait écho à celle du FMI, le Fonds Monétaire International voyant comme un scénario probable désormais une éventuelle propagation de la crise de la dette de la zone euro au système financier mondial.

« L’exposition des banques aux économies fragiles de la zone euro représente une fraction du total, mais elle est concentrée sur un petit nombre d’institutions », ajoute par ailleurs l’agence.

Les Landesbanken, banques publiques régionales

restent également un point faible de l’économie allemande, Fitch considérant qu »une restructuration supplémentaire et une consolidation sont nécessaires dans ce secteur ».

Rappelons que le Comité de Bâle refuse de reconnaître à l’heure actuelle la particularité allemande consistant à ce qu’une grande partie des fonds propres des banques publiques est composée de capitaux hybrides sur lesquels les banques doivent verser des intérêts à leurs actionnaires.

Les autorités locales pourraient se voir contraintes de lancer de vastes opérations re-capitalisations, dont le montant pourrait être peu « avouable » politiquement parlant.

Depuis de nombreuses années, les observateurs indiquent de manière persistante que seules deux ou trois Landesbanken suffiraient en Allemagne, au lieu des sept établissements actuellement indépendants.

Mais, cela va de soi, les responsables politiques locaux sont pour le moins frileux à abandonner une partie du prestige et du pouvoir économique associés à ces établissements régionaux.

Sources : AFP, Reuters, La Tribune, agefi, Capital

(12 commentaires)

  1. Allemagne : Des Landesbanken encore bien encombrantes

    Les Landesbanken vont devoir relever les défis d’une concurrence renforcée et des stress tests européens après avoir surmonté la crise financière au prix d’aides publiques massives et d’une première vague de restructurations.

    Avec 1.000 milliards d’actifs, ces banques régionales publiques, spécialisées dans le financement de proximité à bas coûts pour les PME et les collectivités locales, représentent 12% du système bancaire allemand et 3% de celui de la zone euro dans son ensemble, selon les données de la Banque centrale européenne.

    La faiblesse de leurs marges les rend toutefois vulnérables dans la perspective des nouveaux stress tests liés au projet d’union bancaire européenne et de l’entrée en vigueur des règles internationales en matière de fonds propres.

    Elles sont aussi de plus en plus concurrencées par les grandes banques internationales qui veulent se développer dans la première économie de la zone euro.

    BNP Paribas a ainsi abaissé de 500 à 250 millions d’euros le seuil de chiffre d’affaires des entreprises qu’elle cible en Allemagne, se concentrant sur les plus dynamiques dont la forte présence à l’export implique des besoins de services financiers transnationaux.

    Face à cette nouvelle donne, la meilleure solution pour elles serait de fusionner pour qu’il n’en reste que deux au plus avec des métiers bien identifiés, estiment les experts de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

    Interrogées par Reuters sur cette éventualité, aucune des cinq grandes Landesbanken – Nord LB à Hanovre, Bayern LB à Munich, HSH Nordbank basée à Kiel et Hambourg, LBBW à Stuttgart et Helaba à Francfort – ne la juge probable.

    « Personne ne prendra le risque politique et économique d’une telle fusion d’ici la fin de ma carrière ou de la vôtre », a ainsi prévenu Gunter Dunkel, dirigeant de Nord LB et président de l’Association des banques publiques allemandes dans un entretien au Frankfurter Allgemeine Zeitung.

    Les liens étroits qu’elles entretiennent avec les caisses d’épargne et les collectivités territoriales qui les détiennent et leur rôle dans le financement d’entreprises et de projets au plan local sont autant de freins à une vaste restructuration.

    FUITE EN AVANT

    Les stress tests pourraient toutefois accélérer le mouvement, la qualité du bilan des Landesbanken continuant de susciter de nombreuses interrogations.

    Les réticences de l’Allemagne à endosser les éventuelles difficultés de banques de pays tiers de la zone euro sont souvent mises en avant pour expliquer les réserves de Berlin au projet d’union bancaire européen. Mais les autorités allemandes entendent aussi garder la haute main sur la supervision de ces banques régionales et des caisses d’épargne.

    Bien antérieures à la crise financière, l’origine de leurs difficultés remonte au début des années 2000 lorsqu’elles se sont mises à emprunter massivement dans la perspective de la perte de la garantie d’Etat sur leurs émissions réclamée par la Commission européenne et intervenue en 2005.

    Les fonds levés à la faveur du triple AAA ont été réinvestis parfois dans des actifs à risque, y compris à l’international. Entre 2001 et 2005, elles ont ainsi prêtées à des taux plus faibles et à des entreprises plus risquées que les autres banques allemandes, selon une étude que leur ont consacré quatre universitaires allemands en 2012.

    Une fuite en avant qui s’est soldée à partir de 2008 par une succession de cinq plans de sauvetage mobilisant 70 milliards d’euros et aboutissant au démantèlement de la WestLB, la plus exposées des Landesbanken au marché américain des prêts hypothécaires à risque (subprime).

    Les Landesbanken s’étaient toutefois bien gardées alors de faire appel au fonds de sauvetage mis en place par la Deutsche Sparkassen et Giroverband (DSGV), qui les chapeaute ainsi que les caisses d’épargne, et qui plaidait pour leur fusion, préférant se tourner vers les Länder. Elles ont aussi réduit leur total de bilan de plus de 300 milliards d’euros depuis 2008.

    « Un certain nombre de gens soupçonnent que ces banques auront besoin de nouvelles aides publiques ou à tout le moins de constater d’importantes dépréciations supplémentaires sur leurs portefeuilles », a déclaré Robert Montague, analyste chez ECM Asset Management.

    LE STATUT PUBLIC EN QUESTION

    HSH a reconnu qu’elle devrait vraisemblablement augmenter les provisions sur son portefeuille de crédits après les stress tests mais a dit ne pas s’attendre à avoir besoin de nouvelles aides publiques dans ce cadre ou au titre des nouvelles exigences de fonds propres.

    Nord LB a rappelé le programme de renforcement de ses fonds propres conduit l’année dernière et ajouté « notre potentiel bénéficiaire nous permettra de renforcer encore nos fonds propres ».

    LBBW s’est refusé à commenter « les conséquences éventuelles de tests, de réglementations et de conditions de marché qui ne sont pas encore connus ».

    « Nous pensons que LBBW est en état de se conformer aux futures exigences de renforcement des fonds propres », a ajouté l’établissement.
    Helaba et Bayern LB n’ont pas souhaité faire de commentaires sur les conséquences des stress tests et sur l’éventuel besoin d’un soutien public.

    Quatre des cinq principales Landesbanken ont dégagé des résultats en hausse au titre du premier semestre 2013. Toutes ont déclaré à cette occasion que leur modèle d’affaires était viable et que leurs efforts de restructuration et de réduction des coûts étaient payants, malgré un environnement difficile.

    Les critiques les plus fondamentales portent toutefois sur leur raison d’être depuis la perte de leur statut d’emprunteur triple A qui leur permettait de se financer à des conditions avantageuses et d’offrir des crédits à bas coûts.

    « Il y a un problème avec le ‘business model’ des Landesbanken en général, elles sont en concurrence avec des banques classiques et la nature du service public qu’elles rendent n’est pas évident, pourquoi devraient-elles demeurer des banques publiques ? », s’interroge ainsi Andres Fuentes , économiste à l’OCDE qui travaille sur le rapport de l’organisation sur l’Allemagne à paraître en 2014.
    http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/reuters-00550063-allemagne-des-landesbanken-encore-bien-encombrantes-606189.php

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