Koweït : sécurité renforcée dans un port contesté par l’Irak

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Nouveau conflit à prévoir entre Irak et Koweit ?

Un responsable des services de sécurité koweitien a indiqué que son pays avait renforcé les mesures de sécurité autour d’un port en construction dans le nord du Golfe, alors que l’implantation de ce dernier provoque l’ire de Bagdad.

L’enjeu ? le pétrole, encore et toujours.

« Des ordres ont été donnés aux garde-côtes, garde-frontières et forces navales du Koweït pour renforcer leur présence autour des îles de Boubiyan et Warba », a ainsi expliqué le responsable en s’adressant quotidien Al-Anbaa.

« Ces services vont augmenter les patrouilles aux frontières maritimes et terrestres avec l’Irak, utiliser un système de surveillance perfectionné et traiter avec fermeté toute cible qui pourrait tenter de s’infiltrer par les frontières du Koweït », a-t-il par ailleurs ajouté.

La construction du port koweïtien Moubarak Al-Kabir  sur l’île de Boubiyan est loin d’enchanter l’Irak, Bagdad estimant que l’emplacement de l’ouvrage lui bloque l’accès à la mer alors que le Golfe constitue le principal débouché de son pétrole. Allégations rejetées bien évidemment par les autorités koweïtiennes.

L’Irak s’inquiète ainsi de de voir se réduire son étroite façade maritime, laquelle est vitale pour ses exportations de pétrole, principales sources de revenus du pays.

Fin juillet, Bagdad a officiellement demandé au Koweït de suspendre la construction de ce nouveau port, de Moubarak, jusqu’à ce qu’il s’assure qu’il n’empiète pas sur ses droits de navigation.

« Pour préserver les relations fraternelles entre les deux pays, le gouvernement irakien demande à son voisin de lui donner toutes les informations nécessaires pour que l’Irak puisse s’assurer que ses droits sont préservés », avait alors indiqué le porte-parole du gouvernement. Le cœur du problème : l’épineux dossier de la frontière commune Irak/Koweit, que l’Irak de l’après-Saddam Hussein n’a toujours pas reconnue.

A noter que les mesures sécuritaires prises par la Koweit interviennent suite aux menaces prodiguées par un député irakien, Kazem al-Chemmari, lequel aurait déclaré que des groupes armés irakiens pouvaient facilement envahir le Koweït et mener des opérations militaires sur l’île de Boubiyan et d’autres sites koweïtiens si les opérations de construction du port de Moubarak  se poursuivaient.

Des menaces qui rappellent les prémices de l’invasion du Koweït en 1990 par l’armée de Saddam Hussein. Propos qualifiés par ailleurs d’« irresponsables » et « portant gravement atteinte aux relations entre les deux pays » par le sous-secrétaire koweïtien aux Affaires étrangères, Khaled al-Jarallah.

Ce dernier ajoutant qu’une délégation technique irakienne était attendue dimanche à Koweït pour traiter du dossier.

La semaine dernière, M. Jarallah avait rappelé la détermination de son pays à poursuivre la construction du port en eau profonde, approuvée en février dernier par le Koweit et entamée en mai 2011, malgré les menaces irakiennes. Précisons que ce projet de 1,1 milliard de dollars doit être achevée en 2016.

« S’il est construit, ce port provoquera entre l’Irak et le Koweït une triple crise, politique, économique et sociale », a récemment déclaré pour sa part le politologue irakien Ihsan al-Chammari. « Les relations se sont améliorées, car certaines des blessures ont été cicatrisées, mais cela risque de les rouvrir à nouveau », avait-il mis en garde en mai dernier.

Le projet Moubarak al-Kebir suscite également l’indignation de la population irakienne, une centaine de personnes ayant manifesté à son sujet au printemps dernier dans la grande ville portuaire de Bassora.

« Le Koweït cherche à couper les routes maritimes de l’Irak », accuse parallèlement un responsable de l’Autorité irakienne des ports.

« Ces mesures de provocation feront de l’Irak un pays enclavé. Le Koweït va s’étendre sur les routes maritimes, ce qui constituera une violation flagrante des principes du droit maritime international et une violation de la frontière irakienne », a-t-il ajouté.

Selon lui, le Koweït n’a pas besoin fondamental de ce genre de port, le pays disposant d’ores et déjà de sites de plus grande ampleur.

Il fait par ailleurs remarquer que le port koweïtien doit avoisiner celui d’al-Fao en Irak, que Bagdad prévoir agrandir.

Or – et ne serait-ce pas là le « nerf » de la guerre ? – ce complexe portuaire irakien couplé à un projet de voie ferrée entre al-Fao et la frontière turque, pourrait doter Bagdad d’une route commerciale capable de concurrencer le canal de Suez …

Toutefois, certains diplomates soupçonnent toutefois Bagdad de vouloir conserver une carte avec la question des frontières en vue de disposer d’un avantage de poids pour négocier avec son voisin dans d’autres domaines.

Sources : AFP, Meanews

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