Jeudi, les autorités ukrainiennes – profitant très certainement de la situation fort préoccupante au Japon pour faire réagir l’opinion internationale – se sont en effet alarmées du fait qu’environ 600 millions sur un total de plus d’un milliard et demi d’euros manquaient à l’appel pour financer les travaux en vue de la construction du nouveau sarcophage de la centrale de Tchernobyl.
« Le programme complet de travaux est actuellement évalué à 1 milliard 540 millions d’euros, dont 990 millions d’euros pour le seul sarcophage« , a indiqué Volodymyr Kholocha, le directeur de la zone d’exclusion, au cours d’une visite organisée pour la presse. Soulignant par ailleurs que les dépenses annexes concernaient les travaux de préparation, de décontamination du site, et l’installation de systèmes de sécurité nucléaire.
« Des dons d’environ 940 millions d’euros ont déjà été annoncés et rassemblés dans le fonds de Tchernobyl; le manque s’élève donc à environ 600 millions d’euros« , a précisé M. Kholocha. Selon lui, 600 millions d’euros ont déjà été dépensés pour les travaux.
Des estimations qui concordent avec ce que nous vous avions d’ores et déjà indiqué, à savoir que la coquette somme de 550 millions d’euros devait être collectée pour boucler le budget du Shelter Implementation Plan (SIP), programme d’actions visant à sécuriser le site de Tchernobyl.
Histoire de « motiver » d’éventuels donateurs, le directeur de la zone d’exclusion a par ailleurs souligné que le sarcophage actuel – construit dans l’urgence après la catastrophe de 1986 – provoquait « un peu de rejets », assurant toutefois que « leur quantité est insignifiante« .
Ce sarcophage « peut tenir encore 15 ans » après les travaux de consolidation qui ont été réalisés, a-t-il même affirmé.
Rappelons qu’en août 2007,
le consortium français Novarka a remporté l’appel d’offres destiné à renforcer la sécurité du réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire. Le consortium Novarka étant conduit par Bouygues Travaux Publics et Vinci Construction Grands Projets. Il comprend aussi des entreprises allemandes et ukrainiennes.
Parallèlement devait être signé un autre contrat avec la compagnie américaine Holtec International pour la construction d’un nouveau site de stockage du combustible nucléaire et pour faire des travaux afin de mettre en exploitation une usine de retraitement des déchets radioactifs liquides.
Initié à la fin du mois d’août 2010, la date d’achèvement du chantier devrait être repoussée au-delà de 2012, vraisemblablement jusqu’en 2015.
Si en 1997, au lancement du SIP, un accord conclu entre les pays du G7, de l’Union Européenne et l’Ukraine prévoyait un budget de 555 millions d’euros, les besoins financiers ont grimpé à 1 milliard d’euros en 2007, atteignant désormais 1,54 milliard d’euros, d’après la BERD, la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement, laquelle administre les fonds destinés au sarcophage de Tchernobyl.
La BERD affirme que 990 millions d’euros ont pour l’instant été versés au fonds. Parmi les donateurs : l’Union Européenne qui, en mars 2008, avait contribué à hauteur de 214,8 millions d’euros, les États-Unis (138,8 millions), la France (54,4 millions) ou le Japon (44,4 millions).
La précarité de la construction a par ailleurs conduit à évaluer l’impact potentiel d’un effondrement de la toiture. C’est ainsi qu’à son voisinage, et par vent faible (hypothèse pessimiste), les doses dues à l’inhalation pendant le passage du panache radioactif qui en résulterait pourraient être importantes pour les travailleurs du site.
Au delà de 10 km, la dose deviendrait inférieure à la dose maximum admise pour les travailleurs (50 mSv) et, à l’extérieur de la zone d’exclusion de 30 km, l’inhalation ne constituerait plus un risque significatif pour le public.
Le 26 avril 1986, le réacteur nucléaire n° 4 de la centrale de Tchernobyl explose. Plusieurs milliers d’Ukrainiens, Biélorusses et Russes sont évacués. La mobilisation internationale est immédiate que ce soit sur le plan humanitaire, financier, technique ou scientifique.
Les opérateurs de la centrale de Tchernobyl préparaient un exercice de sûreté sur le réacteur. L’essai devait permettre de tester le fonctionnement d’un nouveau système de refroidissement de secours.
L’accident a eu lieu pendant cet exercice pour deux raisons principales : le réacteur, de type RBMK, présentait plusieurs défauts de conception, dont une instabilité dans certaines plages de fonctionnement, qui a eu pour effet d’entraîner une perte de contrôle, tandis que les agents en place ont violé certaines procédures de sécurité, empêchant l’arrêt du réacteur.
Ces déficiences et erreurs ont entraîné une augmentation incontrôlée de la puissance du réacteur et une détérioration importante du combustible, conduisant à un réchauffement brutal de l’eau qui s’est vaporisée dans le coeur du réacteur. Une explosion de vapeur s’est produite alors, à l’intérieur du bâtiment, détruisant partiellement le réacteur et provoquant un incendie.
Les pays les plus
touchés par l’accident de Tchernobyl sont ceux qui ont subi les plus fortes retombées radioactives. Il s’agit de la Biélorussie (23% de son territoire touché), de l’Ukraine (7% de son territoire touché) et de la Russie (0,3% du territoire touché.
Plus de 25.000 « liquidateurs » de la catastrophe, russes, ukrainiens et bélarusses, qui ont effectué divers travaux dont la construction d’un sarcophage autour du réacteur accidenté, sont décédés, selon des estimations officieuses.
Sources :
AFP, Le Télégramme, SFEN (Société Française d’Energie Nucléaire),
Ria Novosti
[…] d’annonces des medias et ministères réunis ! N’allez pas croire que comme pour Tchernobyl en son temps, on va arrêter la propagation du virus Ebola en France en le stoppant à nos […]
Un gigantesque dôme de protection mis en place à Tchernobyl
Un gigantesque dôme étanche et en acier a commencé à être mis en place lundi au-dessus du réacteur accidenté de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, a annoncé la Berd. Il doit recouvrir le sarcophage bâti à la va-vite en 1986.
« L’un des projets les plus ambitieux de l’histoire de l’ingénierie passe une étape cruciale », a écrit la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), qui gère un fonds pour la sécurisation du site, dans un communiqué.
Lourd de 36’000 tonnes et haut de 110 mètres, ce dôme, déjà assemblé, doit se poser progressivement jusqu’à son emplacement final d’ici la fin novembre. D’une durée de vie d’au moins 100 ans, il va permettre d’effectuer en toute sécurité des opérations de décontamination à l’intérieur du réacteur accidenté.
Pire accident nucléaire
« Pour nous ce dôme, ce n’est pas seulement 36’000 tonnes de métal. Ce sont 36’000 tonnes de confiance dans le succès (de ce projet, ndlr), de confiance en ce site », a déclaré le directeur général de la centrale de Tchernobyl, Igor Gramotkine, cité dans le communiqué.
L’Ukraine a marqué cette année le trentième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, pire accident nucléaire de l’histoire, ayant fait, selon certaines estimations, des milliers de morts.
Le 26 avril 1986, à 01h23, le réacteur numéro 4 explosait au cours d’un test de sûreté. Pendant dix jours, le combustible nucléaire a brûlé, rejetant dans l’atmosphère des éléments radioactifs qui contaminèrent, selon certaines estimations, jusqu’aux trois quarts de l’Europe, mais surtout la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, alors républiques soviétiques.
Le « sarcophage » de béton bâti en 1986 menace de s’écrouler et d’exposer à l’air libre 200 tonnes de magma hautement radioactif. La communauté internationale s’est engagée à financer la construction d’une nouvelle chape plus sûre. A cette fin, un fonds géré par la Berd a été créé et les travaux, réalisés par Novarka, ont débuté en 2012.
(ats / 15.11.2016 00h26)