Chypre : Moody’s abaisse la note malgré l’accord gazier avec Israël

cyprus-isarel-leviathan.jpgSi Chypre n’est certes pas confronté au vent de révolte du printemps arabe, il n’en demeure pas moins que sa situation pourrait rapidement devenir préoccupante. Enfin c’est ce sur quoi, l’agence de notation Moody’s tente de nous alerter. En effet, jeudi, cette dernière a abaissé de deux crans la note de Chypre. Raisons invoquées : la dégradation « structurelle » des finances publiques, l’exposition du secteur bancaire à la Grèce et le manque de compétitivité de l’économie.

Pourtant l’avenir pourrait se montrer des plus radieux pour le pays, alors qu’en décembre 2010 un accord a été signé entre Israël et Chypre en vue de faciliter et de poursuivre les recherches off-shore d’hydrocarbures – de part et d’autre – dans la partie orientale de la Méditerranée … de gigantesques réserves de gaz ayant récemment été découvertes dans la zone.

Si Chypre bénéficiait jusqu’ici d’un « Aa3 » (la quatrième meilleure note possible dans la classification de Moody’s), le pays est désormais notée « A2 ».

Cette décision confirme les craintes nées en janvier dernier alors que Moody’s avait placé le pays sous surveillance. Précisons que la nouvelle note est dotée d’une perspective « stable », laissant ainsi entendre qu’aucune modification, dans un sens ou dans un autre, n’est prévue à moyen terme.

Pour étayer ses propos, Moody’s prend en compte la dégradation des finances publiques du pays depuis le déclenchement de la crise. Estimant que cette évolution tient « largement » à des facteurs structurels, salaires et transferts sociaux représentant les deux tiers des dépenses de l’Etat. « En l’absence de réformes structurelles dans ces domaines », Moody’s estime « qu’il sera très difficile de parvenir à une réduction du déficit à long terme et de la dette« . « L’augmentation des recettes fiscales ne devrait pas suivre l’augmentation des dépenses sociales, d’autant que le gouvernement chypriote reste désireux de maintenir un taux d’imposition bas« , note-t-elle par ailleurs.

Moody’s s’inquiète également de la très forte exposition du pays à la Grèce : plus de 40% des prêts des trois plus grandes banques du pays ont été consentis à des emprunteurs grecs.

En retour, le ministère chypriote des Finances a indiqué jeudi que le gouvernement pensait « que le système bancaire à Chypre demeure solide« ,saluant « le succès des récentes augmentations de capital des deux plus grandes banques (Bank of Cyprus et Marfin Popular) ».

Rappelons par ailleurs que le 26 décembre dernier Hossam Zaki, porte-parole du ministre égyptien des Affaires étrangères, avait déclaré que l’Egypte examinait de près le récent accord signé  entre Israël et Chypre en vue de démarquer leurs frontières maritimes.

Des propos qui intervenaient alors que le groupe américain Noble Energy, principal opérateur du site, avait récemment annoncé que les réserves du gisement offshore de gaz naturel au large d’Israël – baptisé Léviathan –  étaient estimées à 450 milliards de m3. Des ressources qui devraient permettre à l’Etat hébreu de devenir exportateur de gaz …

Précisons que la frontière économique des eaux territoriales entre Israël et Chypre a été définitivement fixée par cet accord. Lequel devrait éviter tout contentieux à l’avenir entre les deux pays quant à l’exploitation des sources de gaz trouvées par Israël en Méditerranée, et dont certaines se trouvent dans les eaux territoriales chypriotes. A moins que d’autres pays tels que Egypte, Liban, Turquie ne s’en mêlent, ne l’entendant pas de la sorte.