Libye : Fitch abaisse la note souveraine

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A l’image du vautour plongeant sur l’animal blessé, Ficth n’a pas tardé à « rajouter de l’huile sur le feu » sur la Libye dont la situation politique est fort préoccupante.

L’agence de notation a ainsi annoncé lundi avoir abaissé la note souveraine libyenne d’un cran. Raison invoquée : « la révolte populaire grandissante » contre le régime de Mouammar Kadhafi. Fitch envisage par ailleurs une nouvelle dégradation dans les trois mois à venir.

Fitch Ratings a en effet annoncé dans un communiqué avoir « dégradé la note souveraine de la Libye de BBB+ à BBB » la plaçant par ailleurs « sous surveillance négative« .

Rappelons que cette note est attribuée par l’agence à des « émetteurs de qualité moyenne mais capables de faire face au paiement » de leur dette.

« L’abaissement de la note reflète l’éruption du risque politique dû à la révolte populaire grandissante visant à mettre fin aux 42 ans de régime du colonel Mouammar Kadhafi« , affirme ainsi le texte publié par Fitch. Ajoutant que « le placement sous surveillance négative reflète l’éventail des issues politiques possibles ».

« L’absence de solution politique au conflit et l’escalade de la violence se traduiraient par une nouvelle dégradation. D’autant plus si les troubles s’étendaient à la production de pétrole », précise par ailleurs l’agence. Selon elle, « les réformes politiques et/ou le changement de régime ne devraient vraisemblablement pas se faire dans le calme, étant donnée l’absence de mécanisme permettant une transition« . « Néanmoins, des réformes politiques qui permettraient de contenir la révolte pourraient aider à stabiliser la note » du pays, concède-t-elle.

Fait notable : la Libye est le seul pays noté par Fitch qui ne soit pas endetté. Après plusieurs années de prix du pétrole élevés,  le pays a même accumulé plus de 139 milliards de réserves, soit 190% du PIB à la fin 2009, selon l’agence.

« Cet excédent est réparti entre des réserves de change de la banque centrale de Libye et les investissements du fonds souverain » précise par ailleurs Fitch, estimant parallèlement que la santé économique du pays est plus forte que celle de l’Arabie Saoudite.

Mais l’agence pointe toutefois la fragilité et la particularité des institutions libyennes, Fitch faisant par ailleurs remarquer « qu’en l’absence de constitution, il n’a jamais été clairement établi comment et à qui le dirigeant libyen transférerait ses pouvoirs« .

Précisons qu’en décembre 2008, pour la première fois en 40 ans, le pouvoir libyen avait annoncé préparer un projet de Constitution afin de mettre de l’ordre dans les institutions de l’État, de moderniser son économie et d’établir des relations complètes avec des pays occidentaux. Le gouvernement avait alors formé un « comité juridique » pour l’examen d’un texte rédigé à l’initiative de la Fondation Kadhafi, présidée par le fils de Mouammar Kadhafi, Seif Al-Islam, en collaboration avec des experts européens et américains.

« Le travail sur ce projet n’a pas commencé de zéro mais dispose déjà de références

« , avait alors précisé le président de ce comité Abdelrahman Boutouta, citant notamment la Déclaration sur l’institution du pouvoir du peuple (1977) ou la Grande charte verte pour les droits de l’homme (1988) ou encore le Livre vert, condensé de la pensée politique du Guide.

Après le renversement en 1969 de la monarchie senoussite, le colonel Kadhafi avait aboli la constitution de 1951 qui faisait de la Libye une monarchie constitutionnelle. Une courte constitution provisoire a été remplacée en 1977 par la Déclaration sur l’institution du pouvoir du peuple qui comprend quatre articles.

En 2007, Seif Al-Islam avait annoncé un projet de réformes politiques, dont la rédaction d’une constitution, pour moderniser le régime sans remettre en question le pouvoir du Guide ou bouleverser les principes de ses théories.

Sources : AFP, Reuters, Fitch, France24