Démission de Moubarak : la Suisse bloque ses éventuels fonds

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N’en déplaise aux Français prompts à ironiser sur une lenteur supposée des Suisses, leur voisin helvétique a réagi on ne peut plus rapidement à l’annonce de la démission de Moubarak. Le Conseil fédéral a en effet décidé dès vendredi de bloquer les éventuels fonds du désormais ancien Président égyptien et de son entourage, selon son porte-parole André Simonazzi.

Lors d’une intervention télévisée, le vice-président Omar Souleimane avait préalablement indiqué vendredi que Hosni Moubarak quittait la présidence de l’Egypte, contrairement aux affirmations de ce dernier la veille à la télévision égyptienne. Omar Souleimane a par ailleurs indiqué que le président remettait le pouvoir à l’armée.

« Compte tenu des conditions difficiles que traverse le pays, le président Mohammed Hosni Moubarak a décidé d’abandonner le poste de président de la République et chargé le conseil suprême des forces armées de gérer les affaires du pays

« , a déclaré M. Souleimane dans une brève allocution télévisée.

Réagissant à cette annonce, le Conseil fédéral helvétique a publié une ordonnance demandant aux banques suisses de rechercher et geler les avoirs du clan du président égyptien déchu. Le député travailliste israélien Binyamin Ben Eliezer a de son côté affirmé que le président égyptien Hosni Moubarak lui avait dit, au cours d’une conversation téléphonique jeudi soir, qu’il cherchait « une porte de sortie honorable ».

M. Ben Eliezer, qui était jusqu’à récemment ministre du Commerce et de l’Industrie, est considéré comme le responsable israélien le plus proche du président Moubarak. Le ministre égyptien de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui, nouvel homme fort du pays, a quant à lui salué la foule qui célébrait le départ du Président égyptien devant le palais présidentiel au Caire. Précisons qu’il est à la tête du Conseil suprême des forces armées égyptiennes, une commission de dirigeants militaires qui a pris la direction du pays après le départ de Hosni Moubarak.

« Le peuple a renversé le régime! », scandaient quant à eux les manifestants en délire, au 18e jour de leur mouvement. Oubliant peut-être un court instant que les Etats-Unis n’étaient peut-être pas totalement étrangers à l’affaire  ….

Les ONG de Défense des Droits de l’Homme  indiquaient ainsi récemment que le vice-président égyptien, Omar Souleimane, avait collaboré avec la CIA.

Le nouveau responsable nommé par le président Hosni Moubarak aurait notamment orchestré des interrogatoires musclés  vorie même la torture dans le cadre de la lutte anti-terroriste menée par l’ex-président américain George Bush. Il aurait également organisé la répression des groupes islamistes radicaux dans les années 1990, après des attentats contre des touristes étrangers.

Notons par ailleurs que le général Omar Souleimane a suivi une formation à l’école des forces spéciales John F. Kennedy à Fort Bragg, en Caroline du Nord, pendant les années 1980.

Selon diverses sources, Omar Souleiman a participé au programme de détentions secrètes de la CIA qui s’appuyait sur des prisons clandestines dans des pays tiers, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme lancée par George W. Bush.

« Il a été l’homme de la CIA en Egypte pour les détentions secrètes« , écrit ainsi Jane Mayer, auteur de l’article The Dark Side, sur le site internet du magazine The New Yorker.

Avant l’invasion de l’Irak en 2003, la CIA a notamment fait interroger par les services du général Souleimane en Egypte un détenu, Ibn Sheikh al-Libi, dont les Etats-Unis escomptaient qu’il permette d’établir un lien entre l’ancien président irakien Saddam Hussein et Al-Qaïda .

Sources : Ats, AFP, AWP, France2, Reuters