Le Vietnam pointé du doigt par les agences de notation

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Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un pays membre de l’Union européenne qui est « visée ». Jeudi, c’est le Vietnam  qui a été à son tour « victime »  des assauts de l’agence de notation financière Standard & Poor’s. Cette dernière a en effet annoncé avoir baissé la note de la dette à long terme du pays. Lequel subissait ainsi sa seconde dégradation en huit jours par une agence internationale, suite à de très importantes difficultés financières.

S&P a baissé la note de la dette souveraine en devises étrangères de BB à BB-, celle en devise locale, le dong, reculant quant à elle de BB+ à BB.

Les raisons d’une telle contre-performance : l’agence considère aujourd’hui que « le système bancaire vietnamien a une plus grande exposition à un choc économique ou financier ».

Dans l’hypothèse où ce choc surviendrait, « nous estimons que le système bancaire aurait besoin du soutien direct du gouvernement, et l’ensemble du passif éventuel pourrait représenter jusqu’à 60 % du PIB » indique également Standard & Poor’s dans un communiqué.

Le 15 décembre, Moody’s avait dégradé de Ba3 à B1 la note des obligations d’Etat vietnamiennes, pointant du doigt le «risque accru de crise de la balance des paiements». Arguments invoqués pour ce faire : l’augmentation du déficit commercial du pays, son faible niveau de réserves de changes, la chute de sa monnaie et un taux d’inflation préoccupant.

Les deux agences de notation mettent également en avant la quasi-faillite du groupe de construction navale Vinashin, lequel se révèle incapable de payer ses dettes, fixées à 4,4 milliards de dollars.

Une situation qui «suggère une capacité réduite du gouvernement à soutenir d’autres grands groupes d’État» si l’on en croit Moody’s, et qui pourrait être considérée comme un révélateur de la faible marge de manoeuvre dont dispose l’Etat pour lever des fonds sur les marchés étrangers.

L’affaire laissant également entrevoir la difficulté du gouvernement à se débarrasser des méthodes de gestion datant de l’économie planifiée.

Précisons par ailleurs que dans le cadre d’un prêt de 600 millions syndiqué par le Crédit Suisse, Vinashin devait initialement rembourser cette semaine une première échéance de 60 millions de dollars. Mais son présiden, Nguyen Ngoc Su, a indiqué que son groupe ne pourrait en aucun cas s’acquitter de cette dette immédiatement, ajoutant « attendre toujours la réponse finale » des créanciers à sa demande d’un report d’un an.

Rappelons également que la hausse des prix alimentaires a entraîné une inflation de 9,2% en 2010 en valeur glissante annuelle au Vietnam, rendant encore plus difficile le retour à la stabilité macro-économique du pays.

Pour le seul mois de décembre, les prix à la consommation ont augmenté de 11,8% par rapport à la même période de 2009 et de 2% par rapport au mois de novembre. Les prix des denrées alimentaires ont quant à eux progressé de +10,7% sur un an et de 3,3% sur un mois, si l’on en croit le Département général des Statistiques.

Les bailleurs de fonds internationaux du Vietnam ont récemment averti que la croissance de l’économie vietnamienne pourrait être menacée si le gouvernement n’arrivait pas à maîtriser la situation. Précisons également que selon un récent rapport de la Banque mondiale, le dong a été dévalué trois fois depuis la fin 2009. Pire encore, sur les trois dernières années, il a perdu près d’un tiers de sa valeur par rapport au dollar.

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