L’Espagne compte sur de solides arguments pour «amadouer » Moody’s

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Alors que Moody’s a annoncé mercredi qu’elle envisageait d’abaisser de nouveau la note « Aa1 » de l’Espagne, Madrid tente de réagir pour éviter ce qui pourrait bien ressembler à une catastrophe, le cas échéant.

L‘Espagne « espère donner des arguments suffisants » à Moody’s pour la faire changer d’avis sur son intention de baisser sa note, et veut le faire « avant trois mois », a ainsi déclaré en réaction la ministre de l’Economie Elena Salgado.

Mercredi, l’agence de notation s’est en effet inquiétée officiellement de la capacité de l’Espagne à se financer, tout en la jugeant toutefois « plus solide » que l’Irlande ou le Portugal.

Cette déclaration intervient notamment après la mise en garde de Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE), lequel a appelé l’Espagne à être plus transparente et à accélérer ses réformes, du travail, des retraites et du système bancaire.

Lundi déjà, Moody’s avait décidé de maintenir la perspective négative sur les banques espagnoles, pointant leurs difficultés à se financer ainsi que leurs résultats insuffisants.

Fin septembre, l’agence de notation avait retiré sa note maximale « Aaa » à l’Espagne, arguant de la « détérioration considérable de la solidité financière du gouvernement ».

Désormais, ce sont les « besoins élevés de refinancement en 2011 » qui préoccupent l’agence de notation. Il est vrai que ces derniers sont évalués à 170 milliards d’euros pour le gouvernement central, 30 milliards pour les régions et 90 milliards pour les banques.

Même si la solvabilité de l’Espagne ne semble pas menacée – un plan de sauvetage ne semblant donc pas nécessaire – les importants besoins de financement rendent le pays susceptible d’être à nouveau chahuté par les marchés.

Comme Fitch

, les banques espagnoles inquiètent fortement Moody’s, lequel redoute un « coût de la recapitalisation des banques » plus élevé que prévu ».

En conséquence, l’agence de notation envisage d’abaisser la note « Aa1 » de la dette du Frob, le fonds gouvernemental de soutien aux banques, et « réévaluera ses notes sur les banques espagnoles dans les prochains jours ».

Moody’s note enfin que le gouvernement est doté d’un contrôle « limité » sur les finances régionales, dans un pays très décentralisé.

« J’espère qu’avant trois mois (durée de la période d’examen) nous pourrons donner des arguments suffisants pour que cette perspective négative se transforme en positive », a réagi la ministre de l’Economie Elena Salgado, relevant au passage que l’agence « ne met pas en doute la solvabilité de l’économie » du pays, ni le montant de sa dette.

« De toute façon, (le rapport de Moody’s) met beaucoup l’accent sur le fait que la dette espagnole restera toujours en catégorie Aa, ce qui la classe comme dette refuge », a-t-elle au contraire mis en avant.

Rappelons que ces dernières semaines, le gouvernement espagnol a annoncé de nouvelles mesures, dont la privatisation partielle de ses aéroports et de sa loterie, l’opération devant lui rapporter 14 milliards d’euros, somme qui devrait permettre un temps soit peu de calmer les marchés.

Reste tout de même que durant les trois prochains mois, Moody’s suivra « l’engagement du gouvernement » dans ses « réformes des retraites et de la négociation collective », tout en surveillant les finances des 17 régions. Lesquelles doivent faire face à une dette cumulée de 105 milliards ainsi qu’au coût de la recapitalisation des banques.

Sources : AFP, Reuters