Bâle III : des besoins bancaires de centaines de milliards d’euros

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 Bâle III n’a pas que des supporters, loin s’en faut. Elément majeur pointé du doigt : les coûts que ces nouvelles mesures vont devoir faire supporter aux banques.

Selon Nout Wellink, président du comité de Bâle et membre du conseil des gouverneurs de la BCE, les établissements financiers auront besoin de plusieurs centaines de milliards d’euros de capitaux supplémentaires après l’accord sur le durcissement des règles concernant leurs fonds propres.

Si l’on suit son raisonnement, les banques devront en effet « conserver pendant des années des bénéfices qu’elles ne pourront utiliser pour rémunérer leurs actionnaires ou verser des primes. Pour une autre partie, cela variera d’une banque à l’autre, elles devront l’obtenir sur les marchés financiers« .

Aux termes de cette réforme, les banques devront porter le ratio de leurs fonds propres de meilleure qualité, correspondant aux actions ordinaires et aux bénéfices mis en réserve, encore appelé « ratio core tier 1« , à 4,5% du total de leur bilan contre 2% actuellement. Elles devront également constituer un « matelas de précaution » sous forme d’actions ordinaires, représentant 2,5% du total de bilan. Le montant minimal des fonds propres de meilleure qualité sera ainsi porté à 7%.

La semaine dernière, la fédération bancaire allemande BdB avait annoncé que les dix plus grandes banques allemandes pourraient avoir besoin de 105 milliards d’euros de capitaux supplémentaires dans le cadre de la nouvelle réglementation du secteur bancaire, dite de Bâle III.

« Cela aura des conséquences sur le volume et le coût du crédit, et donc un coût aussi pour notre économie« , a averti quant à lui Guido Ravoet, secrétaire général de la Fédération bancaire européenne (FBE).

La Fédération bancaire française (FBF) a pour sa part indiqué que « les exigences du Comité de Bâle demanderont des efforts considérables de la part des banques« .

Si les banquiers centraux ont certes reconnu que les grandes banques auront besoin « d’un montant important de capitaux supplémentaires pour répondre à ces nouvelles normes », une entrée en vigueur progressive devrait permettre d’étaler la charge selon eux.

Sources : Reuters, AFP, Dow Jones Newswires

(3 commentaires)

  1. Par action ordinaire, vous entendez bien une action normale, qui peut perdre toute valeur en cas de faillite de la société concernée ?
    Et ce sont des « fonds propres » ?!!
    Et les banquiers râlent parce qu’ils ne pourront prêter QUE 14 fois plus qu’ils n’ont de fonds «  » »propres » » » ?
    Le monde financier est encore pire que je ne croyais !

  2. Dette : la compétition entre banques et Etats inquiète la BCE
    La Banque centrale pointe plusieurs risques pour la stabilité de la zone euro dans son dernier rapport semestriel. Le besoin de refinancement pour les banques de la zone euro est estimé à plus de 1.300 milliards d’euros pour les 2 ans à venir.
    Pour la Banque centrale européenne, c’est le principal risque qui menace la stabilité financière de la zone euro dans les années à venir : l’interaction entre la dégradation des finances publiques de certains pays et la vulnérabilité des établissements bancaires de la zone euro. Dans son dernier rapport semestriel, l’institution de Francfort craint ainsi que se développe une « compétition » entre Etats et banques en vue de lever des fonds sur les marchés de capitaux. « L’un des vecteurs de risque -de cette interaction -est la possibilité d’une compétition pour l’épargne sur les marchés des capitaux », a déclaré jeudi le vice-président de la BCE, Vitor Constancio.
    Le besoin de refinancement pour les banques de la zone euro, uniquement sur le marché obligataire, est supérieur à 1.300 milliards d’euros pour les deux années à venir. « Cette concentration a déjà existé dans les années précédentes et est restée stable depuis 2005 », relève toutefois Vitor Constancio. Et le montant est sensiblement le même pour les banques américaines, a-t-il observé. Mais ces besoins vont se trouver confrontés à ceux des Etats de la zone euro qui, rien que l’an prochain, devraient lever plus de 850 milliards d’euros. Vitor Constancio a toutefois jugé « impossible de prédire » si les institutions bancaires auront des difficultés à se refinancer et rappelé que le taux d’épargne avait récemment augmenté, mettant à disposition davantage de liquidités.
    La BCE observe par ailleurs que certains établissements restent trop dépendants des liquidités qu’elle fournit. Les banques se prêtant moins entre elles, certains établissements, notamment portugais et espagnols, sont en effet contraints d’avoir recours régulièrement aux opérations de refinancement auprès de la banque centrale. Même si ces établissement sont « en nombre limité », cela représente une « part substantielle des refinancements accordés » par la BCE.
    Parallèlement les craintes d’une contagion de la crise de la dette souveraine, après les sauvetages de la Grèce et de l’Irlande, ont conduit à se poser la question de l’extension du plan de sauvetage décidé par les chefs d’Etats européens, avec le FMI et la Commission européenne, d’un montant global de 750 milliards d’euros. Vitor Constancio a refusé de livrer l’opinion de la BCE sur le sujet, se bornant à dire que cela pourrait être utile « au plan technique » d’étendre le fonds en vue d’aider à résorber les difficultés autour de la dette souveraine.
    La BCE pointe un autre risque important : la résurgence de grands déséquilibres mondiaux et la possibilité qu’ils se résolvent de manière désordonnée. Vitor Constancio a expliqué que cela pouvait avoir un impact sur le marché des devises et ajouter de la volatilité, ce que certains assimilent à un climat de « guerre des monnaies ».
    http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/020993776009-dette-la-competition-entre-banques-et-etats-inquiete-la-bce.htm

  3. Les obligations cocos (« capital contingent »), des obligations convertibles en actions en cas de nécessité (comme par exemple quand le rating d’une banque diminue augmentant d’autant le besoin en fonds propres) et qui sont destinés à renforcer les fonds propres des banques pour respecter la réglementation Bâle 3 pourraient ne pas rencontrer un grand succès selon S&P.
    http://ftalphaville.ft.com/blog/2010/12/09/432276/sp-reluctantly-sees-1000bn-two-tiered-coco-market/

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