Procès AZF/Comparution de Total : décision du tribunal jeudi

  Le groupe Total et son ancien PDG Thierry Desmarest vont-t-ils comparaître lors du procès AZF ? That’s the question. La recevabilité de la demande « lancée » au départ par Maître Christophe Leguevaques – avocat de « l’association des sinistrés du 21 septembre » jusqu’à la semaine dernière – sera soumise à la décision du tribunal correctionnel de Toulouse jeudi à 14H00.

C’est en effet ce qu’a indiqué aujourd’hui mercredi le président Thomas Le Monnyer, non sans critiquer  le « comportement » du jeune avocat, lequel a abandonné sur le chemin ses « clients « , préférant la voie supposée plus « royale » que lui offrait la Mairie de Toulouse.

Plusieurs associations de victimes avaient d’ores et déjà tenté d’obtenir – en vain – la mise en examen de Total au cours de six années d’instruction.

Selon elles, des « négligences » de Total seraient à l’origine de la catastrophe de l’usine AZF survenue le 21 septembre 2001. Rappelons que le site de Toulouse, propriété de la société Grande-paroisse était tombée dans le giron de Total, quelques mois auparavant.

A l’heure actuelle, les seuls prévenus demeurent Serge Biechlin, directeur de l’usine à l’époque des faits, et Grande Paroisse – désormais filiale de Total – en qualité de personne morale. Ils sont poursuivis pour homicides involontaires, blessures involontaires, destructions et dégradations involontaires par l’effet d’une explosion ou d’un incendie, et infractions au code du travail.

A défaut de mise en examen, plus de 50 personnes avaient fait délivrer une « citation directe » de la SA Total et de M. Desmarest en septembre 2008. L’obligation de verser 750 euros de « consignation » en ayant au final fait « fuir » plus d’un.

Leurs arguments ? Serge Biechlin et Grande Paroisse n’auraient disposé à cette époque d' »aucune marge de manoeuvre, en matière d’investissement ou de maintenance ».

Selon Jean-François Grellier, l’un des responsables de « l’Association des Sinistrés du 21 septembre », « même comme directeur de l’usine » Serge Biechlin « était pieds et poings liés« . Réduisant le tout en une formule qui pourrait devenir célèbre : « c’était un lampiste ». L’intéressé et son entourage – tant professionnel que personnel – apprécieront …

Mercredi, la défense ainsi que le ministère public ont jugé quant à elle ces citations directes comme irrecevables.

Me Jean Veil, avocat de la SA Total et de Thierry Desmarest, a tenu à rappeler à cet égard que les demandes de mise en examen du groupe n’avaient pas été suivies par les juges d’instruction. Selon lui, il s’agit d’un « non-lieu au moins implicite ». Pour rappel, le 3 mai 2007, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse avait rejeté une première demande d’associations visant la citation directe de Total.

Invitant le tribunal à rendre sa décision « sans délai » pour que Total « ne reste pas prisonnier » de cette question jusqu’au délibéré prévu en novembre, Me Veil a néanmoins annoncé la décision prise par Thierry Desmarets de se rendre à l’audience en juin prochain « par déférence pour le tribunal et les victimes ».

Le ministère public a estimé pour sa part nécessaire de « joindre l’incident au fond », c’est-à-dire de ne se prononcer sur le dossier des citations directes qu’à l’issue du procès.

Me Simon Cohen