Rio Tinto/Chinalco : co-entreprise en Guinée

simandou-worker-rio-tinto_guinee.jpgLe géant minier anglo-australien Rio Tinto a annoncé vendredi la signature d’un accord avec le groupe de métaux chinois Chinalco portant sur le développement commun d’une activité minerai de fer en Guinée. Coût du projet : 2,9 milliard de dollars (2,1 milliards d’euros).

La mine de fer de Simandou, l’un des plus importants gisements au monde non encore exploités, sera au final détenue par une joint-venture entre Rio Tinto (qui en détient pour l’heure 95 %) et Chinalco.

L’accord concerne aussi bien la mine que l’infrastructure ferroviaire et portuaire nécessaire au transport du minerai (construction d’une mine, d’un chemin de fer et d’un port en eau profonde).

La création de cette co-entreprise s’avère hautement symbolique alors qu’il y a moins d’un an Rio Tinto avait annulé un accord avec Chinalco, lequel prévoyait que ce dernier apporte 19,5 milliards de dollars dans le cadre du renforcement des liens capitalistiques. L’annulation de l’opération, qui devait notamment assurer à la Chine un accès privilégié à des matières premières, avait fortement dégradé les relations commerciales et diplomatiques entre Pékin et Canberra.

En juillet, un dirigeant australien de Rio Tinto, Stern Hu, et trois collègues chinois ont été arrêtés à Shanghai sous l’accusation initiale de vols de secrets d’Etat et d’espionnage. Hasard de calendrier ? Ils seront jugés à partir de lundi à Shanghai pour corruption et « violation de secrets commerciaux ».

« Nous avons toujours su que Rio Tinto et Chinalco étaient capables de travailler ensemble sur des projets d’envergure. Chinalco est pour nous un partenaire idéal à Simandou (Guinée) », déclare néanmoins aujourd’hui Tom Albanese, directeur général de Rio Tinto. L’intérêt financier permettant parfois d’oublier certains « petits désagréments ». Les analystes estiment en effet que Rio Tinto souhaite avant tout profiter de l’expertise et de l’influence de Chinalco dans ce pays d’Afrique de l’Ouest pour faire avancer l’exploitation du gisement Simandou, censé renfermer 2,5 milliards de tonnes de minerai de fer.

Selon RTL.be, le 10 octobre dernier, les autorités guinéennes ont en effet signé avec le China International Fund (CIF) un partenariat qui prévoit « des investissements de plus de 7 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros) dans des projets d’infrastructures. » L’opposition en Guinée avait alors accusé le régime du capitaine Moussa Dadis Camara, démis en décembre dernier, de « profiter des circonstances pour réaliser en Guinée des affaires obscures et juteuses ».

Dans le cadre de l’accord annoncé vendredi, Rio Tinto transférerera sa participation de 95% dans Simandou vers cette nouvelle coentreprise, le solde de 5 % étant par ailleurs détenu par la Société financière internationale (SFI) . Chinalco versera ensuite 1,35 milliard de dollars pour une participation de 47% dans cette entité contre un investissement de 1,35 milliard de dollars sur une période de deux à trois ans. La Guinée dispose pour sa part d’une option pour racheter jusqu’à 20% du projet.

Après la formation de la joint-venture, Simfer, la filiale de Rio Tinto continuera toutefois de gérer la mine de Simandou. L’entreprise australienne y a déjà investi plus de 600 millions de dollars pour la mettre aux normes internationales. Selon Rio Tinto, le projet Simandou pourrait employer plus de 4 000 quand le site sera opérationnel. La production attendue est estimée quant à elle à 70 millions de tonnes de fer par an.

Précisons qu’ à la fin 2008, suite à la dégringolade des cours des matières premières, Rio Tinto avait reporté le développement du projet Simandou, site pour lequel le groupe avait manifesté son intérêt dès 1996.