L’électricité d’EDF contre le gaz russe de Gazprom ?

RUSSIE-FRANCE-FILLON-poutine.jpgMais de qui se moque-t-on ? Alors que l’on ne craint pas d’affirmer que des coupures d’électricité pourraient survenir cet hiver, compte-tenu d’éventuelles pénuries que pourraient générer la baisse actuelle de production, le directeur général adjoint d’EDF activités gaz Bruno Lescoeur, a annoncé cette semaine à la presse russe que son groupe envisageait d’acheminer à Gazprom de l’électricité générée en France.

En échange du gaz que la Russie lui fournira par le gazoduc South Stream, nous précise-t-on. Pas belle la vie ?

« Nous avons convenu de discuter de la fourniture à Gazprom d’un volume d’électricité identique à celui du gaz que le groupe russe livrera à notre compagnie, et ceci à long terme », a ainsi précisé le dirigeant.

Rappelons que dans le cadre de la visite du premier ministre russe, Vladimir Poutine, en France, Gazprom et EDF viennent de signer un mémorandum d’accord qui prévoit l’intégration d’EDF au projet de construction de la partie off-shore du gazoduc South Stream.

En vertu de l’accord, Gazprom devrait livrer annuellement près de 6 milliards de mètres cubes de gaz.

Comme l’indique elle-même la presse russe (!….) « actuellement, de nombreuses centrales atomiques françaises sont en difficulté ».

« Début novembre 2009, 18 des 58 réacteurs nucléaires français étaient arrêtés pour des raisons techniques et en raison du manque de combustible », précise ainsi Ria Novosti. Ajoutant qu’en comparaison avec 2008, la production a baissé de 8,9%.

« Pourtant, selon M.Lescoeur, ces problèmes provisoires n’auront aucune influence sur les accords conclus avec Gazprom » précise également le journal.

Une annonce qui intervient alors que fin novembre, dans un entretien paru dans Le Journal du Dimanche, le désormais ancien PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, avait estime que l’épineux dossier de l’augmentation des tarifs de l’électricité – qui lui a en partie coûté sa place – allait se reposer ».

En juillet dernier, M. Gadonneix avait souhaité appliquer une hausse de 20% des tarifs de l’électricité en France. L’objectif alors mis en avant : financer les investissements du groupe. Une « proposition » qui lui avait valu l’ire du gouvernement …. et un départ quelque peu forcé de la direction du groupe énergétique.

Rappelons tout de même que les prix de l’électricité sur le marché spot français – fixés la veille pour livraison le lendemain – avaient atteint le 19 octobre un niveau de 3.000 euros le mégawattheure, contre moins de 100 euros habituellement. A la « faveur » de différentes pannes observées sur des réacteurs nucléaires et sur une centrale hydraulique, combinées à une consommation plus forte que prévue.

Pour la Commission de régulation de l’énergie (CRE), la messe est dite : le « manque de fiabilité des prévisions du groupe » contribue « à un pic du prix de gros de l’électricité en France en octobre », selon ses propres termes. Fichtre ! Laquelle CRE annonçait parallèlement avoir demandé à EDF d’améliorer la visibilité sur la disponibilité de son parc de production en vue d’éviter de fâcheuses conséquences.

La CRE explique par ailleurs que, dans un contexte d’arrêts programmés ou fortuits de certains réacteurs, « la tension constatée sur le marché de gros a résulté à la fois d’une sous-estimation de la consommation, d’un pic de celle-ci et d’une surestimation de la disponibilité des centrales d’EDF ». Surestimation qui visiblement perdure si l’on en croit les « propositions » faites à la Russie …

Selon les premières conclusions de l’enquête de la Commission, ce bond des prix est notamment dû à des « arrêts fortuits » sur le parc nucléaire d’EDF ainsi que sur la centrale hydraulique de Grand-Maison, dans l’Isère. Ces pannes ont réduit de 4.100 mégawatts (MW) les capacités de production d’électricité disponibles pour la journée du 19 octobre. Parallèlement, les estimations de consommation ont été revues en hausse de 3.000 MW, en raison d’une chute brutale des températures. Bilan des courses : un pic de consommation d’électricité a été enregistré le 19 octobre à près de 69.000 MW.

Du fait de ce besoin soudain d’électricité, EDF, d’habitude vendeur sur les marchés de gros, est passé à l’achat, faisant flamber les prix. Ce jour-là, la France a importé 7.711 MW d’électricité, un record historique, selon des chiffres publiés par le Réseau de transport d’électricité (RTE), filiale d’EDF.

Précisons par ailleurs que EDF a annoncé le 12 novembre dernier qu’il prévoyait un recul de son résultat net courant sur l’ensemble de 2009, d’un niveau plus important qu’au premier semestre. Raisons invoquées : les arrêts de réacteurs nucléaires en France.

Sources : Ria Novosti, AFP, Reuters

(18 commentaires)

  1. deux points un peu bizarres, dans cette affaire:
    -faut-il comprendre que l’on exporterait en Russie de l’électricité produite en France?

  2. à JP
    « sachant que l’échange n’est pas pour maintenant mais pas avant que Southstream ne débite, on peut penser que quelques EPR français pourront fournir le jus.  » : effectivement, je pense qu’il faut le voir comme çà, mais en tout cas cela semble assez malvenu de la part de la France de porpsoer de l’electricité à la Russie alors qu’on craint une pénurie cet hiver !
    pour le binome Siemens/rosatom, je vous tiens au courant, c’est le cas de le dire 😉

  3. Oh, si l’on passe un réveillon à la lueur des lampes de poche, je cataloguerai l’évènement avec le show de l’ASN sur la sureté de l’EPR . . .

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