Tom Enders (EADS) : fin du programme de l’A400M envisagé

A400m-eads-airbus Le mot est lâché …

Ce que je supputais depuis quelques temps, est désormais mis tel quel sur la table : la fin pure et simple du programme de l’A400M.

Car Thomas Enders ne fait pas de détour. S’exprimant sur le site internet de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, le patron de l’avionneur européen a en effet averti que « dans les conditions actuelles« , son entreprise ne pouvait pas construire les avions de transport de troupes A400M.

Il y a quelques semaines, le journal « La Tribune » – citant une source au ministère français de la Défense – rapportait que le premier A400M ne sera finalement livré que fin 2013.  Soit cinq ans après la date initialement prévue par EADS ….

Comme on pouvait le redouter, Thomas Enders s’est même déclaré prêt à mettre un terme pur et simple au programme, préférant « une fin qui provoque des cris d’orfraie, que des cris d’orfraie sans fin« .

Et je rajouterai : et des rallonges budgétaires et des pénalités de retard sans fin. EADS a en effet évalué que l’annulation du contrat lancé en 2003 et d’un montant de 20 milliards d’euros au total – se traduirait par 5,7 milliards d’euros de remboursements d’avances. Il a déjà provisionné 2,1 milliards d’euros pour les retards de cet appareil de transport militaire.

Lançant un sérieux message aux gouvernements – voire même un ultimatum – le patron d’EADS a également affirmé que la poursuite du programme ne pourrait avoir lieu que si les Etats concernés « prennent une part de la responsabilité concernant les moteurs » et un assouplissement du cahier des charges, qui ne serait « entièrement rempli qu’après une période de transition ».

Une « annonce » on ne peut plus clair alors que les gouvernements allemand et français ont récemment menacé de réduire voire d’annuler les commandes en cas de nouveau retard.

Il y a dix jours, dans une interview au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, le secrétaire d’Etat allemand à la Défense Rüdiger Wolf avait jugé que la résiliation des commandes de l’A400M devait être considérée comme une « option sérieuse », estimant qu’il n’allait pas « laisser EADS » les « faire tourner en bourrique ».

« La France réfléchit à la possibilité de réduire ses commandes d’avion A400M mais n’a pas encore pris de décision sur ce sujet », a déclaré pour sa part cette semaine Laurent Collet-Billon, délégué général pour l’armement.

« Nous n’avons pas encore évalué l’ampleur du trou de capacités à boucher. Cela peut passer par une réduction de la cible. Notre position est qu’il faut donner les chances à ce programme de se poursuivre. » Une dernière remarque qui pouvait d’ores et déjà glacer le dos … alors que l’avenir du projet lui-même semblait déja quelque peu menacé …

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(4 commentaires)

  1. Désormais, il ne reste plus que 2 possibilités pour les principales armées européennes concernées par le programme de l’A400M. Acheter (ou louer) des avions russes (AN70 et AN124) ou des avions américains (C130J et C17) ce qui serait plus logique dans le cadre de l’OTAN mais bien plus cher.
    Certains pays comme l’Allemagne serait plutôt tenter par les avions russes, la Grande-Bretagne est très favorable à l’achat d’avions US. Pour la France qui vient de réintégrer l’OTAN, le choix sera plus difficile si on prend en compte le fait de ne pas se fâcher avec les USA et la défense des intérêts d’Airbus en particulier avec le dossier des ravitailleurs KC45 qui risque désormais de se faire contre l’achat de C130J et de C17B américains en compensation.

  2. Crash de l’A400 M à Séville: perte de puissance sur trois des quatre moteurs

    Paris – Trois des quatre moteurs de l’avion de transport militaire A400M qui s’est écrasé à Séville (sud de l’Espagne) début mai, faisant 4 morts et 2 blessés graves, ont connu des problèmes de puissance au décollage, a annoncé Airbus Defence and Space, en citant les premières analyses de la commission d’enquête espagnole.

    Les moteurs 1, 2 et 3 ont subi un gel de la puissance après le décollage et n’ont pas répondu aux tentatives entreprises par l’équipage pour contrôler normalement la puissance tandis que le quatrième moteur a répondu normalement aux demandes de l’équipage, a indiqué le groupe dans un communiqué.

    Airbus DS ajoute que les autres systèmes de l’avion ont fonctionné normalement et qu’il n’y a pas eu d’autre anomalie identifiée durant le vol.

    Ces éléments coïncident avec les problèmes identifiés par l’avionneur le 19 mai dans une note d’alerte diffusée aux opérateurs de l’appareil.

    Quand les pilotes ont placé la manette des gaz sur +flight idle+ (ralenti, NDLR) pour réduire la puissance, celle-ci a effectivement été réduite mais elle est ensuite restée en ralenti sur les trois moteurs affectés durant le reste du vol, en dépit des tentatives de l’équipage pour récupérer de la puissance, poursuit l’avionneur.

    Ces éléments sont basés sur l’exploitation des boîtes noires de l’appareil.

    Le 19 mai, Airbus avait déjà ordonné à ses clients une inspection de leurs appareils A400M, leur adressant une note d’alerte pour leur demander de contrôler le système de gestion électronique des moteurs.

    Dans son communiqué, Airbus DS souligne que ces éléments n’ajoutent pas d’autres recommandations à celles figurant dans l’alerte opérationnelle du 19 mai.

    L’avion effectuait un vol d’essai avant sa livraison à la Turquie prévue pour juillet.

    (©AFP / 03 juin 2015 13h03)

  3. Oui après les années sombrissimes le Nord Atlas avait heureusement remplacé les Dakotas, On risque tout de même pas de repartir à 0 « comme en 14 » !!
    Il est bien certain que l’on doit faire l’Europe et boucler nos marchés militaires par des lois

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