Moody’s, sceptique, maintient la France sous surveillance

Dire que l’on va réformer c’est bien, réformer c’est encore mieux … C’est le message que semble vouloir donner à la France l’agence de notation Moody’s. Laquelle a indiqué vendredi, après la clôture des marchés US maintenir l’Hexagone sous surveillance. Tout en laissant inchangée la note souveraine de la France, à Aa1, assortie d’une perspective négative.

Une position de l’agence de notation très attendue après le tournant « social-démocrate » de François Hollande et l’annonce de nouvelles réformes, dont le pacte de responsabilité.

A noter que Moody’s est la première agence de notation à publier son avis après l’intervention du président de la République, promettant notamment un allègement de charges de 30 milliards d’euros pour les entreprises et des coupes de 50 milliards d’euros dans la dépense publique.

Le ministre français de l’économie, Pierre Moscovici s’est à la suite réjoui de la décision de Moody’s, pointant le fait que la France continu(ait) «de bénéficier d’une note très élevée» auprès des agences de notation.
Pierre Moscovici a par ailleurs tenu à rappeler qu’en décembre 2013, Fitch avait également confirmé la note française (AA +, perspective stable), ajoutant qu’il s’agissait de «  la deuxième décision positive concernant la France ».

Néanmoins, tout n’est pas rose pour autant, Moody’s exprimant en effet son scepticisme quant au succès des réformes annoncées par . François Hollande

L’agance de notation continue ainsi de juger «négative» la perspective de la note française. Ce qui laisse planer la menace d’un abaissement à moyen terme. «Bien que le gouvernement ait introduit ou annoncé un certain nombre de mesures» économiques, «la réalisation et l’efficacité de ces initiatives se heurte à la persistance de rigidités» notamment sur le marché du travail, et à des «tensions politiques et sociales», tient également à préciser l’agence dans son communiqué.

«Nous prenons acte» des annonces mais «il nous manque un grand nombre de détails» sur ces mesures, a par ailleurs indiqué le responsable de cette notation chez Moody’s, Dietmar Hornung.

L’agence souligne également que « la marge de manœuvre budgétaire de la France est limitée ». Compte-tenu de ce contexte et « des défis politiques mentionnés », l’agence de notation estime que le gouvernement français est confronté à « un risque persistant de rater les objectifs» de discipline budgétaire.

Quant à Fitch, si l’agence de notation avait certes estimé il y a une semaine que l’annonce de « baisses de charges » et l’engagement public de François Hollande à pousser des réformes structurelles était « potentiellement positif pour la compétitivité et la croissance à moyen terme en France », Fitch avait toutefois tenu à souligner qu’« évaluer l’impact » allait « demander de clarifier davantage les détails et l’application ». Estimant par ailleurs que « la manière dont ces nouveaux projets vont s’accorder aux objectifs budgétaires » n’était « pas encore claire ».

Se voulant plus précise, elle a également indiqué qu’ »en l’absence de nouvelles réformes, des baisses de charges pourraient ne pas suffire, face à la combinaison d’un déficit budgétaire structurel et d’une croissance à la peine. »

Sources : Reuters, AFP

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  – 26 janvier 2014