Et si les mayas avaient anticipé à leur manière la fin du monde ou plutôt du dieu dollar et de la suprématie US ? … Ce serait presque ce que serait tenté de nous faire croire le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner.
Lequel a déclaré mercredi dernier que le plafond légal de la dette publique aux Etats-Unis serait atteint le 31 décembre prochain. Histoire également de justifier la mise en oeuvre de « mesures exceptionnelles » pour éviter un défaut de paiement du pays.
« Je vous écris pour vous informer que le plafond légal de la dette sera atteint le 31 décembre », a ainsi indiqué M. Geithner dans un courrier adressé aux principaux élus du Congrès. Lequel congrès se trouve actuellement empêtré dans de vastes négociations bugétaires entre démocrates et républicains.
Rappelons qu’aux termes d’un accord conclu entre les deux parties en août 2011, le montant de 16 394 milliards de dollars a été fixé comme seuil acceptable pour le plafond de la dette américaine. Au delà de cette somme, les Etats-Unis se verraient en théorie dans l’impossibilité d’emprunter sur les marchés en vue de se financer ou de rembourser ses créanciers.
« Le département du Trésor prendra bientôt des mesures exceptionnelles autorisées par la loi (…) sans lesquelles les Etats-Unis seraient contraints de faire défaut sur ses obligations légales », a par ailleurs déclaré T. Geithner. Ce dernier précisant que ces mesures exceptionnelles, de 200 milliards de dollars, donneraient « en temps normal » deux mois de marge de manoeuvre à l’administration … mais qu’en raison de « l’incertitude » sur les négociations sur le mur budgétaire aux Etats-Unis, « il n’est pas possible de prévoir la durée de vie effective de ces mesures ».
Revenons quelque peu en arrière … et rappelons à toutes fins utiles …. que l’affaire DSK aura tout de même du bon pour les Etats-Unis : cacher la dette abyssale du pays que le monde de la finance ne saurait voir … en plombant l’euro au passage.
Alors que le monde entier avait les yeux rivés sur Dominique Strauss-Khan, le Trésor américain avait ainsi annoncé la mise en oeuvre de nouvelles mesures financières d’urgence. Objectif : permettre à l’Etat fédéral américain au bord du gouffre de continuer de fonctionner, la limite légale de la dette publique devant être atteinte dans la journée. « Obama ne remerciera jamais assez Strauss-Khan pour son soutien politique bien involontaire » avais-je alors ajouté …
Dans une lettre adressée au chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid et aux principaux dirigeants du Congrès, le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, avait ainsi indiqué que le ministère allait cesser temporairement d’alimenter les caisses de retraites de fonctionnaires des sommes dont il est redevable.
Ces mesures n’auraient – nous dit-on – aucune implication sur le versement des pensions dues, étant par ailleurs prévues par la loi en vue d’empêcher que la dette publique américaine ne dépasse la limite fixée actuellement par le Congrès à la bagatelle de 14.294 milliards de dollars.
Selon le Trésor, cette stratégie financière devait alors permettre de dégager une marge de 224 milliards de dollars. Mesures qui devraient permettre à l’Etat de poursuivre ses émissions de titres de dette jusqu’au 2 août 2011, conformément au calendrier prévu et sans augmenter son endettement net.
Mais le bord du gouffre n’est pas loin : au-delà du 2 août 2011, « l’Etat américain ne pourra plus fonctionner si le plafond de la dette n’est pas relevé » affimait-on alors.
Il se retrouverait alors en situation de défaut de paiement sur certaines de ses obligations, ce qui aurait, « des conséquences économiques catastrophiques », soulignait parallèlement Timothy Geithner.
Rappelons qu’en avril 2011, l’agence de notation Standard and Poor’s avait abaissé à « négative » la perspective d’évolution de la note de la dette des Etats-Unis. Raisons invoquées : des déficits budgétaires « très importants » et le niveau d’endettement du pays.
Cerise sur le gâteau : S & P estimait par ailleurs que la pays n’est pas doté d’une politique claire permettant d’y remédier.
« Parce que les Etats-Unis ont, par rapport aux autres pays notés ‘AAA’, ce que nous considérons comme des déficits budgétaires très importants et un niveau d’endettement gouvernemental en hausse, et que le chemin pour traiter (ces problèmes) n’est pas clair, nous avons révisé notre perspective sur la note à long terme de ‘stable’ à ‘négative’ », avait ainsi indiqué l’agence d’évaluation financière.
Selon elle, « il y a un risque réel que les responsables politiques américains ne parviennent pas à un accord sur la façon de répondre aux difficultés budgétaires à moyen et long terme d’ici à 2013 ». Or, « s’il n’y a pas d’accord et qu’une mise en oeuvre significative n’est pas lancée d’ici là, cela rendrait à notre avis le profil de risque des Etats-Unis significativement plus faible que celui des autres pays ‘AAA’ », indiquait alors l’agence. Précisons à cet égard que la note ‘AAA’ est attribuée aux « élèves » en haut du classement … ce que les USA peinent à demeurer, c’est le moins que l’on puisse dire.
Certes, le sang du Trésor américain n’avait fait qu’un tour à l’annonce de telles informations alarmantes. Réagissant à la suite, il avait ainsi indiqué que S&P « sous-estimait » la capacité du gouvernement à se rassembler pour répondre aux difficiles défis budgétaires du pays ».
Certains courtiers n’hésitaient pas alors à évoquer le début d’une crise de l’endettement des Etats-Unis, estimant qu’il s’agit d’un avertissement on ne peut plus clair.
Sources : AFP, AWP, Reuters
Elisabeth STUDER – www.leblogfinance.com – 26 décembre 2012 –