La Libye, le nouvel Irak des Etats-Unis ?

Une attaque de nature à justifier une intervention américaine en Libye ? Qui sait, ce ne serait pas la première fois …

Alors que la Libye constitue – rappelons-le – un important pays producteur de pétrole, par ailleurs membre de l’OPEP, les autorités libyennes laissent entendre que l’ambassadeur américain a été tué à Benghazi.

La Libye de l’ex colonel Kadhafi, désormais à l’origine de toutes les tensions dans une zone géographique tourmentée ?! Précisons tout de même qu’en toute discrétion Libye et Tunisie  détiennent en commun d’importants champs d’hydrocarbures off-shore, situés au large de leur territoire respectif … De là, à susciter bien des convoitises … voire même « justifier » quelques « attaques » …

La Libye serait-elle ainsi devenue le nouvel Irak des Etats-Unis ?

En tout état de cause, le vice-ministre de l’intérieur libyen, Wanis Al-Charef a indiqué mercredi 12 septembre que l’ambassadeur américain en Libye, J.Christopher Stevens et trois fonctionnaires américains ont été tué dans l’attaque à la roquette menée contre le consulat des Etats-Unis à Benghazi, mardi 11 septembre, date on ne peut plus symbolique.

Selon Al-Jazira, Christopher Stevens serait décédé par suffocation suite à l’opération menée par des hommes armés, lesquels protestaient contre un film jugé insultant pour l’islam.

Au lendemain de l’anniversaire du 11 septembre, la diffusion sur internet d’extraits d’un film réalisé par un promoteur immobilier israélo-américain a en effet provoqué mardi une flambée de violences anti-américaines au Proche-Orient, notamment en Egypte, où une manifestation s’était déroulée devant l’ambassade américaine au Caire, des protestataires remplaçant le drapeau américain par un étendard islamique.

La mort de M. Stevens a été confirmé par un tweet – non pas de Valérie Trierweiler – mais du vice-premier ministre libyen lui-même, Moustapha Abou Chagour.

Mardi soir, Hillary Clinton s’est limitée à annoncer la mort d’un agent du département d’Etat, sans dévoiler son identité.

« Certains ont essayé de justifier ce comportement brutal en le présentant comme une réponse à des éléments incendiaires diffusés sur internet », déclare la secrétaire d’Etat dans un communiqué. « Les Etats-Unis déplorent tout volonté délibérée de dénigrer les croyances religieuses d’autrui. Notre engagement en faveur de la tolérance religieuse remonte aux origines mêmes de notre nation ». « Mais que les choses soient claires : rien ne saurait jamais justifier des actes de cette nature », a souligné Mme Clinton.

Histoire de préparer le terrain pour une éventuelle intervention militaire ?

Qui sait …. ? Car la Libye pourrait bigrement intéresser les Etats-Unis et plus particulièrement le lobby pétrolier américain. Un pays aux enjeux d’autant plus stratégiques que de nouvelles élections présidentielles américaines doivent avoir lieu prochainement et que la campagne électorale bat son plein … nécessitant un important financement.

Le candidat républicain Mitt Romney a d’ailleurs d’ores et déjà publié un communiqué très critique sur la gestion par l’administration Obama des attaques contre l’ambassade américaine au Caire et le consulat de Benghazi.

« Je suis scandalisé par les attaques contre les missions diplomatiques américaines en Libye et en Egypte et par la mort d’un agent du consulat américain à Benghazi ». « Il est scandaleux que la première réponse de l’administration Obama n’ait pas consisté à condamner les attaques mais plutôt à sympathiser avec ceux qui ont les ont menés. »

Le candidat républicain pointe du doigt le communiqué de l’ambassade américaine au Caire, lequel critique le film à l’origine de ces attaques. « L’ambassade des Etats-Unis au Caire condamne les efforts déployés par des individus malavisés consistant à blesser les sentiments religieux des musulmans, comme nous condamnons les efforts visant à offenser les croyants de toutes les religions.(…) Nous rejetons fermement les actions de ceux qui abusent de la liberté d’expression pour blesser les convictions religieuses d’autrui. »

« Nous sommes choqués par le fait que le gouverneur Romney lance une attaque sur le terrain politique au moment où les Etats-Unis d’Amérique font face à la mort tragique d’un agent diplomatique en Libye », a déclaré Ben LaBolt, le porte-parole du candidat démocrate.

Pur hasard ? Cette attaque intervient alors même que le Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique du pays, doit élire mercredi le chef du gouvernement.

Signe de la proximité économique et politique de la Libye et  de la Tunisie, le président de la République tunisienne, Moncef Marzouki, a quitté, mercredi matin la capitale qatarie Doha, à destination de la Libye pour assister à l’ouverture du Congrès national général libyen. Sa présence au Qatar était liée à sa participation au forum arabe pour la restitution des avoirs spoliés des pays du printemps arabe, lequel se poursuivra jusqu’au 13 septembre.

Or, si au lendemain de la fuite en Arabie Saoudite de l’ancien chef d’Etat tunisien, Ben Ali, le colonel Kadhafi avait pu affirmer que ce dernier était « toujours le président légal de la Tunisie » et que son départ était « une grande perte » pour les Tunisiens, sa position avait changé par la suite.

« Si le peuple a déclenché la révolution, il doit se gouverner lui-même. Je ne peux que soutenir cette orientation, si elle s’achemine vers le pouvoir des masses », déclarait quelque temps après celui qui était encore dénommé le « Guide de la Révolution ».
« Ce qui se passe en Tunisie est d’un intérêt prioritaire pour la Libye. Mais j’ai peur que la révolution du peuple tunisien ne lui soit volée. Il y a des manoeuvres à l’intérieur et de la part d’intérêts étrangers », avait-t-il par ailleurs mis en garde.


Ces propos précédaient la visite à Tunis du sous-secrétaire d’Etat américain Jeffrey Feltman, lequel s’était entretenu avec les autorités provisoires, avant de se rendre à Paris.

Affaire à suivre, de très près, avais-je alors indiqué …. Il en est de même aujourd’hui pour la Libye … les propos de Kadhafi pouvant être considérés comme prémonitoires, voire comme des propos avisés émanant d’une personne bien au fait de moult dossiers, certes pas tout à fait politiquement corrects.

De quoi « justifier » en quelque sorte un « assassinat » en règle ?

Sources : AFP, Oil and gas journal, African Manager, Jeune Afrique Sonde ressources, TAP, Reuters

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