Burkina Faso : importants troubles dans un pays riche en or

Il fallait s’en douter. Alors que le Burkina Faso connaît d’importants troubles sociaux, remettant en cause le pouvoir, le secteur minier est lui aussi en crise … Les grandes multinationales ou quelques grandes puissances seraient-elles  tentées de déstabiliser  ce pays  riche en matières premières pour y renforcer leur main mise  ? Qui sait …. Ce ne serait pas la première fois … Depuis quelques semaines le secteur minier du Burkina est en effet en ébullition, deux sites miniers industriels étant même confrontés à des arrêts de travail.

La raison : les employés souhaitent obtenir leur part du gâteau. Ils revendiquent de meilleures conditions de travail et une augmentation des salaires.

Le 8 mai dernier, la mine d’or de Inata dans le Nord du pays est ainsi entrée en grève, un arrêt de travail ayant été décrété par les travailleurs de la société des mines d’or du Belahourou.

C’est le second incident de ce type enregistré sur ce site en l’espace d’un mois. Deux semaines auparavant, la mine avait été pris en otage par les populations riveraines, lesquelles protestaient contre le non paiement reliquat malgré des engagements de la direction.

Si l’on en croit l’ancien ministre des mines, plus d’un milliard de F CFA a déjà été investi dans le projet minier de Inata en vue de réaliser 226 logements pour 5 216 ménages déplacés, 2 écoles, un centre d’alphabétisation, 2 parcs de vaccination pour bétail, 1 abattoir et 1 barrage d’une capacité de 108 millions de m3.

La crise de Inata est la seconde de ce type affectant le secteur minier après celui de Taparko en avril dernier. Les employés y avaient alors suivi un arrêt de travail de près d’une semaine, revendiquant une augmentation de salaire, le départ du responsable des ressources humaines et l’amélioration de leurs conditions de vie sur le site minier. Des négociations auront permis la reprise du travail.

Les analystes redoutent d’ores et déjà l’effet de contagion sur les autres sites de ce pays disposant au total de six mines en production  ( Taparko détenu par High River Gold ou HRG, Inata, Essakane, Mana, Youga et Kalsaka ). Le gouvernement estime la production annuelle de 2010 à 23 tonnes d’or.

Le Burkina prévoit l’entrée en exploitation de 5 nouveaux sites dans les cinq prochaines années. Parmi les postulants aux nouvelles licences, Cluff Gold Plc et Iamgold Corp, déjà présents dans le pays. Le brésilien Vale, leader mondial est quant à lui intéressé par un gisement de manganèse dans le Sud-est.

C’est dans un tel contexte, riche en perspectives économiques, que des tirs de militaires ont été entendus samedi à Pô, ville du sud du Burkina Faso déjà touchée par des mutineries de soldats en avril dernier.

Il demeure difficile d’obtenir des informations précises, les communications téléphoniques subissant des perturbations, une grève des employés de l’Office national des télécommunications (Onatel), principal opérateur des télécommunications au Burkina Faso, affectant le secteur depuis mercredi.

Précisons que Pô, ville située à 143 km de Ouagadougou, à la frontière ghanéenne constitue un symbole pour l’armée burkinabè. La localité abrite en effet les camps de formation des officiers et des commandos burkinabè.

Ces nouveaux tirs surviennent un mois jour pour jour après le début d’une mutinerie de soldats de la garde présidentielle qui s’était ensuite étendue à plusieurs villes du pays et aux policiers. Les militaires avaient cessé leur mouvement après avoir notamment obtenu gain de cause sur leurs réclamations financières.