La spéculation a fait – une fois n’est pas coutume – baisser le prix du baril à New-York.
Il est vrai qu’il est toujours intéressant de spéculer, à la hausse comme à la baisse. Mieux encore : alimenter la hausse … pour pouvoir gagner encore plus à la baisse.
Alors que certains affirment haut et fort – et parmi eux des groupes pétroliers tels que l’espagnol Repsol – qu’il n’y a a pas de pénurie à l’heure actuelle, les investisseurs « jouent » désormais non pas sur un RISQUE de voir l’offre inadaptée à la demande mais sur une éventuelle hausse de la production des pays exportateurs de l’Opep. Les membres du cartel pourraient ainsi compenser la diminution des exportations de la Libye … tout en s’offrant la possibilité de gonfler leur manne pétrolière, laquelle leur permet – simple hasard ? – d’acheter la paix sociale, fort malmenée ces derniers temps.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » pour livraison en avril a ainsi achevé la journée à 105,02 dollars, en recul de 42 cents par rapport à la veille.
Lundi, le prix du baril avait atteint 106,95 dollars, correspondant à son plus fort niveau depuis septembre 2008.
Les analystes estiment que le repli observé mardi a été en grande partie consécutif aux rumeurs laissant entendre que l’Opep allait mettre davantage de pétrole sur le marché.
Le ministre koweïtien du Pétrole Ahmad Abdallah Al-Sabah a en effet indiqué que le cartel menait actuellement des consultations sur l’impact des troubles en Libye sur le marché pétrolier.
Des déclarations qui ont immédiatement suscité des spéculations sur une possible hausse de la production du cartel.
Précisons toutefois que le cours est loin d’avoir retrouvé son niveau d’il y a trois semaines, date à laquelle il s’échangeait tout de même à 20 dollars en dessous du prix actuel.
Certains experts indiquent par ailleurs que les seuls pays en mesure d’augmenter leur production -l’Arabie Saoudite, le Koweït, les Emirats arabes unis – produisent du brut plus riche en soufre, et donc plus difficile à raffiner que le brut libyen.
La spéculation sur les marchés semblant être le « nerf de la guerre », les rumeurs de démission du Colonle Kadhafi semblent également inciter certains investisseurs à « retourner leur veste », engrangeant quelques somptueux bénéfices au passage.
Reste tout de même à connaître l’impact sur l’offre globale de la reprise des exportations de pétrole en provenance d’Irak, pays membre du cartel, mais non soumis à l’heure actuelle au régime des quotas.
Le hasard faisant bien les choses … alors que le pays dirigé de main de fer par Kadhafi use du chantage pétrolier en restreignant ses exportations d’hydrocarbures, Bagdad vient d’annoncer que le volume d’exportation de pétrole irakien et les revenus tirés de la vente du brut ont atteint en janvier dernier des niveaux jamais égalés depuis la chute en 2003 de Saddam Hussein.
Selon les statistiques publiées par le ministère, l’Irak a exporté 67 millions de barils de pétrole en janvier 2011, générant un revenu de 6,082 milliards de dollars, avec un prix moyen de 90,78 USD par baril. « Il s’agit des exportations et du revenu pétrolier les plus élevés en Irak depuis 2003, et si cela continue, cela remboursera le déficit budgétaire« , a déclaré le ministre du Pétrole, Assem Jihad. Pour rappel, les revenus pétroliers assurent 90% des ressources du gouvernement irakien.
Rappelons que début février, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a déclaré que Bagdad avait au final accepté d’avaliser les contrats pétroliers – basés sur le partage des bénéfices – conclus par la région autonome du Kurdistan, mettant ainsi fin à des mois de dispute avec le gouvernement kurde.
Le Kurdistan, qui avait cessé d’exporter son pétrole en octobre 2009 en raison d’un différend avec Bagdad sur le mode de rémunération des compagnies étrangères exploitant les gisements, a recommencé depuis peu à pomper le pétrole destiné à l’exportation.
D’ici fin 2011, l’Irak devrait porter sa production à 3 millions de barils par jour (mbj), contre environ 2,5 mbj actuellement. En décembre 2010, les exportations irakiennes étaient de 1,95 mbj.