La Grèce s’insurge contre l’abaissement de sa note par Moody’s

La Grèce compte bien ne pas se laisser faire, estimant « complètement injustifié » l’abaissement de sa note récemment annoncée par l’agence Moody’s. Pour le ministère des Finances grec, cette décision révèle plus « l’absence de responsabilité » des agences que l’état « réel » de l’économie. Voire des intérêts que pourraient avoir certains de déstabiliser un pays, par ailleurs membre de l’Union européenne  et de la zone euro ?

Lundi matin, Moody’s Investors Service a annoncé avoir abaissé de trois crans la note souveraine de la Grèce, à B1 contre Ba1 auparavant, prévenant qu’elle pourrait encore l’abaisser. Raisons invoquées : des difficultés économiques persistantes et un risque de défaut après 2013.

L’agence de notation justifie en effet sa décision par les risques liés à l’ambitieux programme de réduction budgétaire et de réformes engagé par le pays, par les difficultés persistantes rencontrées par la Grèce pour collecter de nouvelles recettes et par l’incertitude concernant les futurs critères de solvabilité requis dans le cadre du futur mécanisme de sauvetage financier européen après 2013, lesquels pourraient conduire à une restructuration de la dette grecque.

Moody’s maintient par ailleurs les notes de la Grèce en perspective négative, le niveau d’endettement et les risques qu’Athènes ne soit contrainte de mettre en place des réformes structurelles pourraient entraîner une nouvelle dégradation.

Hasard de calendrier ? ce communiqué de l’agence de notation est publié quelques jours à peine avant d’importantes réunions politiques à Bruxelles en vue de tenter de mettre en place un système de consolidation de la zone euro.

« Moody’s centre son analyse exclusivement sur les risques« , ajoute par ailleurs le communiqué du ministère des Finances grec, en regrettant que l’agence « n’incorpore pas » dans sa réflexion « l’impact positif » sur l’économie du plan d’assainissement budgétaire et du programme de réformes structurelles lancés par le pays.

Le ministère note également que Moody’s a choisi « d’ignorer » l’expression « unitaire et sans équivoque de soutien apportée par les pays membres de la zone euro » aux « pays souverains qui éprouvent des difficultés à accéder aux marchés de capitaux« , comme la Grèce et l’Irlande.

« Moody’s fait allusion à des conditions incertaines dans la zone euro au delà de 2013 et à leur impact sur la dette grecque, alors que l’Union européenne et la zone euro sont encore en train d’élaborer leur stratégie et qu’il y a un engagement explicite des Etats membres pour trouver une solution globale à la crise lors du Conseil européen de mars« , ajoute le communiqué.

« Après avoir complètement loupé les risques qui ont conduit à la crise financière de 2008, les agences de notation financière sont maintenant en compétition les unes avec les autres pour être les premières à identifier les risques qui mèneront à la prochaine crise« , ajoute le texte, en critiquant une décision « déséquilibrée et injustifiée » qui « renforce les arguments en faveur d’une régulation plus forte des agences de notation elles-mêmes« . Et vlan … 

« La décision de Moody’s n’affecte en aucune manière le financement de la République héllène qui continue d’être soutenue financièrement par le mécanisme de soutien. La Grèce, en collaboration avec la Banque centrale européenne, la Commission européenne et le Fonds monétaire international a pris toutes les mesures nécessaires pour maintenir la stabilité et la liquidité du système bancaire grec« , conclut le ministère.

A bon entendeur …  l’agence anglo-saxonne n’aura pas raison de la Grèce …

Sources : AFP, Reuters, Ministère des Finances grec