Décidément la France n’a pas l’air très douée en « diplomatie » et encore moins en négociations industrielles … A moins que commissions plus ou moins occultes et concessions commerciales ne prennent un peu trop le dessus.
Selon le quotidien financier La Tribune, la position affichée par Thales dans le cadre de tractations menées avec les autorités d’Abou Dhabi serait de nature à compromettre les intérêts français aux Emirats arabes unis. Dassault et son Rafale pourrait encore une fois être impacté … Réussira-t-il un jour à vendre son appareil à l’international ?
Selon la Tribune, affirmant s’être procuré un télex diplomatique, Thalès, spécialiste de l’électronique de défense, d’aéronautique et de sécurité refuserait de signer les nouvelles règles d' »offsets » instaurées par Abou Dhabi en septembre 2010.
Rappelons que dans les marchés militaires, les « offsets » sont des compensations ou des contreparties demandé par l’acheteur au contractant, se concrétisant par des transferts de technologies ou la participation d’un partenaire local pour la réalisation du contrat.
« Les prises de position peuvent impacter négativement les intérêts du groupe aux EAU, et indirectement sur certains projets, nos intérêts globaux, dont la vente de Rafale« , poursuit la Tribune citant un télex diplomatique provenant de l’ambassade de France à Abou Dhabi.
En juin 2010, le journal La Tribune – encore et toujours – citant plusieurs sources concordantes, affirmait que Abou Dhabi réclamait une modernisation du Rafale avant toute acquisition … moyennant un coût compris entre 4 et 5 milliards d’euros, dont un milliard d’euros pour le seul moteur, la poussée de ce dernier devant passer de 7,5 à 9 tonnes.
Le journal ajoutait alors que l’Emirat acceptait certes de prendre à sa charge une partie des frais, il ne souhaitait s’acquitter que de la moitié des sommes globales. Le reste devant être payé par le ministère français de la Défense et des industriels qui « partageront au prorata de leur participation industrielle dans le Rafale » affirmait alors La Tribune. Soit environ 37,5% pour Dassault Aviation, 37,5% pour Thales et 25% pour Safran.
En mai 2009, alors que le Rafale de Dassault peinait d’ores et déjà à obtenir des références internationales, le journal Le Parisien affirmait quant à lui que la France était en cours de négociation d’un « énorme contrat » avec les Emirats arabes unis. Quelques semaines auparavant, les « bruits » courraient que Abou Dhabi allait confirmer en 2009 sa commande annoncée en avril 2008, les livraisons devant avoir lieu à partir de 2012-14.
« Un énorme contrat, concernant la vente de 60 avions pour un montant total de 6 à 8 milliards d’euros sur plusieurs années est en cours de finalisation avec les Emirats arabes unis« , affirmait alors le journal. Nicolas Sarkozy, en visite officielle aux Émirats lundi accompagné du ministre de la Défense de l’époque Hervé Morin, « fera avancer les choses de manière décisive » nous disait-on alors.
Toutefois, le quotidien Le Parisien, citant un proche du dossier, avait fait état d’une « négociation extrêmement complexe ».
En échange de leur achat, les Emirats demanderaient en effet à la France de reprendre les 60 Mirage 2000-9, via des modalités qui pourraient être un des enjeux majeurs du dossier.
Dans un article paru dans le journal « Le Point » de février 2011, Jean Guisnel affirme quant à lui que pour « favoriser la vente de Rafale aux Émirats arabes unis, la France se voit demander par les coriaces négociateurs de racheter les 60 Mirage 2000-9 qui avaient été achetés à la fin des années 1990 ».
Toutefois, les Emirats souhaiteraient obtenir un prix très élevé pour leurs « avions d’occasion » : « entre 25 et 30 % de la valeur du contrat Rafale de 6 milliards d’euros, soit au bas mot 1,5 milliard d’euros » selon Le Point.
Selon Jean Guisnel – ce dernier se basant sur des sources industrielles – l’Irak serait candidat pour reprendre vingt appareils. Moyennant des négociations elles-aussi extrêmement complexes.
Sources : La Tribune, Reuters, Le Point, Le Parisien
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