Les scanners corporels : coûteux … et dangereux pour la santé ?

La finance au détriment de la santé ? Cela ne serait pas la première fois …

Alors que les fabricants de scanners ont le vent en poupe depuis les mesures prises par nombre d’aéroports à la suite de l’attentat manqué du vol Amsterdam-Detroit en 2009 – ces derniers redoutant une montée du terrorisme notamment en provenance du Yemen –  des données sanitaires pourraient revoir la donne.

Précisons que les scanners corporels transmettent des fréquences radio dont les ondes traversent les vêtements et dessinent sur l’écran le corps – dépouillé de tous ses apparats – en trois dimensions. L’appareil testé dans plusieurs aéroports d’Europe devait être expérimenté pour la première fois en France, à Nice.

Le projet avait été enterré – dans un premier temps – suite aux réserves émises par Bruxelles, qui avait écarté fin 2008 l’idée de recourir à ces scanners dans tous les aéroports de l’Union européenne.

Mais désormais le marché est doté d’un énorme potentiel … alors que le USA comptent à eux seuls 450 aéroports et environ 2.000 points de contrôle.

Rappelons que le marché mondial des scanners corporels se partage entre quatre fabricants principaux : les américains L-3 Communications, ASEI (American Science and engineering), Rapiscan (filiale d’OSI Systems) et le britannique Smiths Detection.

En janvier 2010, alors que nombre de gouvernements avaient annoncé leur décision de recourir à un tel type de matériel en vue de lutter contre le terrorisme, l’action de L-3 Communications avait pris 3% en une seule journée, atteignant même un sommet depuis 14 mois durant la semaine. Le titre d’AESI avait progressé quant à lui de 10,5% en deux séances tandis que celui d’OSI Systems progressait de 26%.

Les marchés réagissaient notamment à la déclaration du Premier ministre britannique d’alors, Gordon Brown, lequel avait annoncé que les aéroports du Royaume-Uni allaient progressivement être dotés de ce type d’appareils. Le but : renforcer les contrôles de sécurité en réponse à l’attentat manqué du 25 décembre 2009, pour pouvoir parer au type de dispositif utilisé par le « pirate » nigérian, indétectable avec les moyens conventionnels. « Nous avons reconnu qu’Al-Qaïda utilise de nouvelles formes d’armes et nous devons y répondre de façon adéquate« , avait expliqué le Premier ministre dans une interview sur la chaîne BBC1.

Petite précision et non des moindres permet d’appréhender le caractère « juteux » du marché : d’après Joe Reiss, porte-parole d’ASEI, un scanner corporel coûte environ 100.000 dollars, soit dix fois plus qu’un portique de détection de métaux classique …

Mais selon Steve Lott, porte-parole de l’Association internationale du transport aérien (IATA), le coût serait d’environ « un demi-million de dollar » par scanner corporel. Soulignant par ailleurs que les scanners corporels « ont pour inconvénient un « coût élevé et ralentissent le processus » de contrôle dans les aéroports.

Désormais, c’est un autre « inconvénient » majeur qui pourrait être mis en avant : selon des scientifiques américains, les scanners corporels à rayons X seraient potentiellement dangereux pour la santé. « On nous dit que le risque est minimal, mais statistiquement, il va y avoir des cas de cancers de la peau à cause de ces rayons X« , avertit ainsi le Dr Michael Love, directeur d’un laboratoire dédié à l’étude des rayons X au sein du département de biophysique de l’université Johns Hopkins (Maryland).

« Aucune exposition aux rayons X ne saurait être bénéfique. Nous savons que les rayons X sont dangereux, mais dans les aéroports, les gens ont un tel besoin de voyager qu’ils sont prêts à risquer leur vie« , a-t-il déclaré.

Si l’administration américaine chargée de la sécurité des transports, la TSA (Transportation security Administration) a débuté l’utilisation des ces scanners en 2007, leur utilisation s’est généralisée en 2010 … après l’achat de 450 nouveaux scanners … grâce à des fonds du plan de relance américain !

Il serait intéressant de mettre en regard les noms des personnes figurant aux postes de direction des sociétés concernées et les proches collaborateurs d’Obama, il pourrait y avoir des « surprises » …

A noter par ailleurs que l’affaire n’est pas nouvelle puisqu’en en avril dernier, dans une lettre adressée au bureau de la science et de la technologie de la Maison-Blanche, un groupe de scientifiques de l’Université de Californie à San Francisco (UCSF) avait d’ores et déjà mis en garde contre « les risques potentiellement graves pour la santé » posés par ce type d’appareils.

Dans cette lettre, le biochimiste John Sedat et ses collègues expliquent que l’essentiel de l’énergie émanant de ces scanners est absorbée par la peau et les tissus sous-cutanés.

« La dose serait sans danger si elle se répartissait au sein du volume corporel total. Mais pour la peau, elle peut être dangereusement élevée », expliquent ainsi les scientifiques.

Sources : AFP, Reuters, L’Expansion