Coton : le cours à un niveau inégalé depuis 15 ans

Le cours du coton a atteint de nouveaux sommets à New York durant la semaine qui vient de s’écouler. Les investisseurs s’inquiètent d’une baisse de l’offre alors que de nombreux pays producteurs sont confrontés à des chutes de production.

Ainsi, vendredi, le contrat pour livraison en décembre a grimpé jusqu’à 97,80 cents, atteignant son plus haut niveau depuis juin 1995.

Vers 15H30 GMT/17h30 HEC, il s’échangeait à 97,42 cents, contre 91,29 cents sept jours plus tôt. Au final, l’indice Cotlook A valait vendredi 105,90 dollars, contre 99,30 dollars la semaine dernière.

L’Inde, deuxième exportateur mondial, a reporté jusqu’au 1er octobre les enregistrements de producteurs souhaitant exporter, réduisant de fait les volumes disponibles sur le marché.

Une annonce qui intervient quelques semaines seulement après que le cinquième exportateur mondial, le Brésil voit ses prix s’affoler. Une situation qui l’a conduit à mettre en place récemment un quota d’importations affranchies de taxes de 1,1 millions de balles.

La politique d’exportation de l’Ouzbékistan, pays touché par la sécheresse, demeure quant à elle largement incertaine. L’Australie, quatrième exportateur mondial, ne devrait pouvoir soulager les tensions sur l’offre qu’à la récolte prochaine.

Restent les Etats-Unis … dont les exportations ont le vent en poupe, avec 588.200 balles pour la campagne 2010-2011 et 256.000 balles pour 2011-2012, si l’on en croit le relevé hebdomadaire du département américain de l’Agriculture.

En ce qui concerne la demande, les analystes s’attendent à ce que les importations de la Chine, plus gros consommateur et importateur mondial, s’élèvent à un niveau deux fois supérieur à celui de l’année dernière. A cette date, la récession mondiale avait conduit à une baisse importante des volumes importés.

Un malheur n’arrivant jamais seul, la récolte chinoise a elle-même été affectée par des températures trop basses et des pluies trop abondantes.

Rappelons également que dans les six provinces chinoises surveillées par Kongming Wu (Institut pour la protection des plantes de Pékin), des insectes de la famille des punaises ont fortement endommagés la production.

Le coton Bt Monsanto – modifié pour produire la toxine Bt (Bacillus thuringiensis) – s’avère si efficace sur son principal parasite local … qu’il en réduit considérablement les populations … laissant ainsi la place libre à de nouveaux occupants  … Les observations montrent ainsi un lien univoque entre les surfaces plantées en coton Bt et les taux d’infestation par les insectes. Une information majeure alors que près des 95 % des 3 millions d’hectares de coton chinois sont génétiquement modifiés et que la situation en Inde ne vaut guère mieux.

Au final, les cultures OGM auront donc « permis » une augmentation de la demande de la Chine et de l’Inde …. en coton américain.

Mais la situation est loin de faire l’affaire  des professionnels européens du textile, lesquels ont déclaré mercredi qu’ils souhaitaient demander à leurs clients distributeurs un prix plus élevé, « juste et plus adapté pour permettre au textile de survivre« .

« Nous souhaitons que la hausse des prix (du coton) soit répercutée« , a ainsi déclaré Benoît Hacot, président d’Eurocoton, le comité des industries du coton et fibres connexes de l’Union européenne, en marge du salon des tissus d’habillement Première Vision.

« Nous n’avons aucune envie d’augmenter les prix, mais c’est une question de survie« ,  a ajouté Benoît Hacot.

Sources : ats, AWP, AFP