Pérou : révolution dans les mines

mineros-protesta.jpgRien ne va plus dans les mines du Pérou ! Des manifestations organisées ce week-end en vue de lutter contre les nouvelles réglementations du secteur –  voulues par l’Etat – se sont achevées dans une violence meurtrière.

Cinq personnes au moins ont été tuées et des dizaines blessées au cours de heurts survenus entre la police et les mineurs.

Dans un entretien avec le journal La Primera, le leader Teódulo Medina, président de la Fédération nationale des exploitants miniers artisanaux du Pérou (Fenamarpe), a indiqué que vers 7 heures du matin des agents de la Direction des opérations spéciales (DINOES) ont attaqué plus de dix mille manifestants qui bloquaient la route Panaméricaine – le grand axe qui traverse le Pérou du nord au sud – à la hauteur du kilomètre 600, sur le pont Caleta, près de Chala à 620 km au sud de Lima.

« Ils étaient en train de prendre leur petit déjeuner sur un des côtés du pont et de la route parce que les mineurs d’Ayacucho, de Puno et de Huancavelica venaient d’arriver, quand, tout à coup, la police est arrivée en tirant des coups de feu venue, voulant dégager la route à l’aide d’un hélicoptère« .

Vingt-neuf personnes ont été blessées – dont 20 civils – et 32 arrêtées, a également précisé le ministère de l’Intérieur.

Durant le week-end, d’autres manifestations ont réuni – cette fois-ci sans incidents – des milliers de mineurs dans différentes villes du Pérou, notamment à Nazca ou Puerto Maldonado.

Les mineurs artisanaux, qui exercent de façon informelle voire totalement illégale, ont lancé des actions à travers le pays pour protester contre la volonté de l’Etat de réglementer cette activité. Laquelle suscite d’autant plus d’intérêt, qu’elle est en forte croissance, notamment en ce qui concerne l’or du sud-est amazonien.

Les manifestants exigent du gouvernement qu’il abroge une série de décrets législatifs et de décrets d’urgence, sous le prétexte de « formaliser » le secteur.

La semaine dernière, les mineurs avaient annoncé des mesures de force, le premier ministre Javier Velásquez n’ayant pas souhaité répondre à leurs exigences de mettre en oeuvre un Plan National de Légalisation des artisans et de mettre fin aux poursuites et arrestations de leurs principaux dirigeants.

Mais tout est loin d’être simple  dans  le secteur … et qui plus est au Pérou.

Si la Fédération nationale des mineurs et métallurgistes du Pérou (FNTMMSP), premier syndicat de mineurs du pays, a récemment déclenché des grèves dans trois mines de métaux précieux de Buenaventura, les raisons ne sont pas liées au devenir des mineurs dits « artisanaux ».

La loi péruvienne stipule en effet que les compagnies doivent reverser 8% au moins de leurs bénéfices à leurs employés. Or, le syndicat affirme que Buenaventura dissimule des informations financières relatives à la période 2006-2009 qui avait connu une envolée des cours mondiaux, pour éviter de verser leur part des profits à ses 4.000 salariés …

En tout état de cause, le ministère du Travail péruvien a pris le parti de la direction et déclaré la grève illégale. De ce fait, les employés ont été contraints de reprendre le travail pour ne pas perdre leur emploi.

Néanmoins, cette décision a poussé la FNTMMSP à déclencher des grèves tournantes de courte durée, notamment à la mine d’or d’Antapite, puis à la mine d’argent d’Uchucchacua et à celle d’or d’Orcopampa.

Une situation qui intervient alors que Doe Run Peru, filiale de l’américain Renco Group, a été durement touchée par la récession financière.

Pour rappel, le chiffre des ventes à l’exportation de l’industrie minière péruvienne a atteint 16,36 milliards de dollars l’an dernier, ce qui représente près de 61% de l’ensemble des exportations du pays.