Comme on pouvait s’y attendre, l’élection de l’homme d’affaires Sebastia Pinera à la tête du Chili, dimanche dernier, bouleverse quelque peu les modes de gestion économique du pays.
Annonçant derechef qu’il allait appliquer ses méthodes d’entrepreneur à la direction du pays, le nouveau Président a même déclenché une polémique sur l’avenir du géant public du cuivre, Codelco.
Rappelons que le nouveau chef d’état est surnommé le « Berlusconi chilien ».
Pinera a en effet annoncé des « changements profonds » à Codelco, 1er producteur de cuivre au monde, lequel aurait perdu selon lui « en compétitivité et efficacité ». Pour le nouveau chef d’état, si Codelco doit certes rester public, le groupe aurait toutefois besoin « de capital frais ».
« Nous pensons que l’entreprise peut parfaitement poursuivre son développement (…) dans l’état actuel », a néanmoins rétorqué à la suite l’actuel ministre des Mines Santiago Gonzalez.
Les puissants syndicats, « attentifs » aux propos de Pinera, se sont dit quant à eux « mi-inquiets ».
Courant décembre 2009, la mine de cuivre à ciel ouvert de Chuquicamata détenue par Coldeco, le plus grand site mondial de ce type, avait été bloquée par les salariés, le mouvement engendrant un arrêt de la production.
A la suite, les employés de ce site avaient entamé une grève en vue de défendre des revendications salariales. De quoi attiser les craintes d’une baisse de l’offre proposée par le géant minier Codelco .
L’inquiétude était alors de mise sur les marchés, les négociations entre patronat et syndicats ayant tout d’abord échoué suite au rejet par les mineurs d’une offre « améliorée » de la direction.
Selon des informations émanant du personnel du groupe minier, le site de Chuquicamata devrait voir sa production amputée de près de 1.800 tonnes de cuivre par jour de grève. Un manque à gagner d’environ huit millions de dollars par jour pour le Trésor chilien. Précisons que le site produit de l’ordre de 315.000 tonnes de cuivre par an, soit environ 2% de l’offre mondiale.
Les salariés souhaitaient en tout premier lieu profiter – eux aussi – de la forte progression du cours du cuivre observée ces dernières semaines. Pour ce faire, ils réclamaient une hausse de 7,5% de leur salaire et différents avantages sociaux. Ils se réfèraient pour cela aux avantages obtenus par leurs homologues et compatriotes d’Escondida, site n° 1 mondial en terme de production de cuivre et dont l’exploitation est assurée par une société détenue en majorité par BHP Billiton.
Mais le 5 janvier, 5.600 mineurs de Chuquicamata ont repris le travail, après deux jours de grève, acceptant une hausse de salaire de 4% et une prime représentant au total 24.280 $. Les salariés du site ont également obtenu des prêts de 6.000 $ sans intérêt.
Entre temps, l’annonce des mouvements sociaux avait fait grimpé les cours mondiaux du cuivre à un niveau qu’ils n’avaient plus connu depuis 16 mois …
Notons par ailleurs que Codelco a récemment déclaré que sa production avait progressé de 15% en 2009, à 1,7 million de tonnes. Ses attentes pour 2010 sont encore plus élevées, grâce aux projets d’expansion des mines d’Andina et El Teniente.