Oléoduc Sibérie-Pacifique : mise en service avant 2010

pipeline-siberia.jpgDu nouveau dans la guerre des pipelines. Si le gaz est plutôt mis en avant ces derniers temps, c’est au tour du pétrole de ravir la vedette.

Le président de la compagnie pétrolière publique russe Transneft, Nikolaï Tokarev, a ainsi indiqué jeudi que le premier tronçon de l’oléoduc Sibérie-Pacifique allait être mis en service lundi.

Le dirigeant du groupe pétrolier a ainsi déclaré que le East Siberian Pacific Ocean  (ESPO) pipeline entrerait en exploitation le 28 décembre.

Un premier tronçon s’étend sur 2.694 km entre Taïchet (Sibérie orientale) et Skovorodino (région de l’Amour, Extrême-Orient russe). Son coût est de 378 milliards de roubles (8,7 milliards d’euros). Un deuxième tronçon doit relier Skovorodino à la baie de Kozmino, près de Nakhodka (Extrême-Orient).

Selon Nikolaï Tokarev, un appel d’offres concernant cette deuxième tranche sera annoncé dans les prochains jours.

En attendant l’achèvement de l’ensemble de l’oléoduc, des trains transporteront le pétrole de Skovorodino à Kozmino.

A noter par ailleurs que Transneft et le groupe pétrolier chinois CNPC avaient signé en octobre 2008 un accord pour la construction d’une branche de l’oléoduc vers la Chine. Objectif : que ce pays « affamé » d’énergie dipose d’un accès direct aux ressources pétrolières russes. Ce tronçon de 67 km, de Skovorodino vers la frontière chinoise, permettra la livraison de brut sibérien, avec un débit initial de 15 millions de tonnes par an, vers le nord de la Chine. Sa mise en exploitation est prévue pour 2010.

Mais une question essentielle demeure toutefois : quelles sont les quantités réelles des réserves pétrolières de la Russie, et quel est le potentiel de la Sibérie. Et cela-même alors que la crise financière actuelle et la fin de l’envolée du cours du pétrole diminuent les montants investis dans l’exploration de cette région au climat extrême, générateur d’importantes contraintes techniques.

Certes, selon les chiffres officielles, les volumes produits par les champs pétroliers russes ont atteint 10,07 millions de barils par jour en novembre 2009, établissant ainsi un nouveau record pour le quatrième mois consécutif. En octobre, la production s’était établie à 10,04 millions de barils par jour.

Si l’on en croit le Kremlin … la Russie aurait pu enrayer la baisse de production observée l’an dernier en adoptant un régime d’imposition plus favorable et en démarrant la production sur de nouveaux gisements dans des régions reculées de l’Arctique et de la Sibérie. On ne demande qu’à voir ….

Rappelons qu’en septembre dernier, le patron de Lukoïl, le deuxième groupe pétrolier de Russie, Vaguit Alekperov, a invité les principales sociétés énergétiques russes à former un consortium en vue de débuter l’exploration pétrolière et gazière dans l’Arctique .

Le patron de Lukoïl propose que cette alliance soit créée sur le modèle du Consortium pétrolier national, formé à l’automne 2008 par cinq groupes énergétiques russes. Rosneft, Lukoïl, Gazprom, TNK-BP et Sourgoutneftegaz se sont en effet réunis à cette date en vue développer leurs activités pétrolières au Venezuela.

Mieux encore …. M. Alekperov a jugé que la recherche de pétrole et de gaz dans l’Arctique était nécessaire pour maintenir la production énergétique russe à niveau, de nombreux champs arrivant en fin de vie ….

Selon Alekperov, il est « nécessaire d’investir d’importantes sommes d’argent pour préparer de nouvelles réserves ». En premier lieu, dans le plateau continental de l’Arctique, puis en Sibérie orientale, en mer Caspienne et en mer d’Azov », avait-t-il ajouté.

Discours à rapprocher de celui tenu par le géant gazier russe Gazprom, lequel affirmait quelques jours auparavant avoir décidé de réduire son programme d’investissements dans les infrastructures de 30% en 2009 , par rapport au programme initial.

Selon les géologues de l’Institut géologique américain, l’Arctique pourrait contenir 13% du pétrole et 30% du gaz naturel non découverts dans le monde, un nouvel Eldorado qui devient désormais « abordable » grâce au recul de la banquise.

De quoi inciter la Russie à afficher depuis quelques années un intérêt croissant pour la zone. Moscou allant même jusqu’à revendiquer l’extension de son domaine maritime jusqu’au pôle Nord.

A l’été 2007, quelque 70 géologues russes de retour d’une mission scientifique dans l’Arctique avaient même annoncé une « sensationnelle découverte » qui tenderait à prouver qu’une chaîne de montagnes sous-marine, la dorsale de Lomonosov, relierait directement le pôle Nord au territoire russe.

Des explorateurs étaient alors descendus à 4261 mètres sous la calotte glaciaire, directement à la verticale du pôle Nord. Après avoir pris des échantillons de la flore et de la faune sous-marines, les occupants de deux sous-marins de poche avaient largué une capsule de titane renfermant un drapeau de la fédération russe …

En vertu du droit maritime international, Moscou pourrait réclamer des droits sur les territoires sous-marins situés au-delà de 200 miles marins (près de 400 kilomètres) de sa côte s’il démontre que les fonds convoités sont une prolongation naturelle de son territoire.

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