TNK-BP : Mikhaïl Fridman PDG par intérim

Tnk-bp Le groupe pétrolier russo-britannique TNK-BP a annoncé mercredi que l’oligarque Mikhaïl Fridman avait été nommé PDG par intérim. Une période transitoire en attendant la nomination d’ici la fin de l’année d’un nouveau dirigeant.

En janvier 2009, l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, déjà connu pour ses relations très intimes avec Vladimir Poutine, avait franchi un nouveau pas en accédant au conseil d’administration du groupe, suite à un accord mettant fin à un conflit entre les actionnaires de cette coentreprise.

« BP et le consortium (russe) Alfa-Access-Renova sont tombés d’accord sur un plan de succession à la tête du groupe d’ici la fin de l’année« , précise le groupe énergétique.

Deux spécialistes expérimentés (ou en tout cas présentés comme tels) – Pavel Skitovitch et Maxim Barski – ont été nommés à des postes importants dans l’administration de TNK-BP. Mêlant suspens et concurrence, le groupe affirme par ailleurs que « chacun entre eux a toutes les chances de devenir le nouveau PDG« .

Les actionnaires de la société pétrolière, détenue à part égale par BP et un consortium d’hommes d’affaires russes Alfa Access-Renova (AAR) – auquel appartiennent Mikhaïl Fridman et Viktor Vekselberg – ont mis fin en septembre dernier à un long conflit opposant les propriétaires russes et la major britannique.

BP et AAR se sont en effet affrontés une grande partie de l’année 2008 pour le contrôle de la coentreprise. TNK-BP avait dû ainsi faire face à toutes sortes de « tracasseries » judiciaires.

Si la hache de guerre a semble-t-il était enterrée, Robert Dudley en a fait les frais, ce dernier ayant du céder sa place de PDG, « charge » attribuée dans un premier temps à Tim Summers. Selon le communiqué du groupe, M. Summers, qui était auparavant chargé de la gestion opérationnelle de TNK-BP, reprendra désormais ses anciennes fonctions.

En janvier dernier, les actionnaires « ont convenu de nommer trois directeurs indépendants » au conseil d’administration principal de TNK-BP, dont l’ancien chancelier de la République fédérale d’Allemagne Gerhard Schröder. Reste toutefois à déterminer les « qualités d’indépendance » de l’ancien chancelier …

Selon TNK-BP, sa nomination et celle des deux autres directeurs auraient pour but d »éviter tout risque d’impasse » entre les deux actionnaires. A moins qu’il ne devienne l’oeil … et le bras de Moscou au sein de la société . Recevant à la clé un salaire de 200.000 dollars …

Selon la presse russe, « les parties assurent que cette nomination n’est d’aucune façon liée ni à l’intérêt de Gazprom envers la compagnie, ni à une pression de la part de l’Etat : la seule raison est le prestige de M. Schröder« , nous dit-on. Ce qui démontre néanmoins que la question peut raisonnablement se poser.

Rappelons que G.Schröder dirige depuis 2006 le comité des actionnaires de North Stream (Gazprom – 51%, Wintershall Holding AG – 20%, E.ON Ruhrgas – 20% et N.V. Nederlandse Gasunie – 9%), compagnie opérateur du gazoduc nord-européen. Ce projet a pour finalité la construction d’un pipeline reliant la Russie et l’Allemagne en passant par la mer Baltique, évitant ainsi la Pologne, la Lituanie et … l’Ukraine. En cette qualité, l’ex-chancelier s’est occupé du soutien politique de North Stream dans l’Union Européenne , dont de nombreux membres se sont activement opposés au projet.

Les deux autres administrateurs, dits indépendants, nommés par TNK-BP sont James Leng et Alexandre Chokine, Président de l’Union russe des industriels et entrepreneurs. On appréciera là aussi le potentiel d’objectivité du « Monsieur » ….

Pour rappel, TNK-BP est le troisième producteur de pétrole en Russie, derrière Rosneft et Loukoïl, et représente environ un quart de la production mondiale de BP. Néanmoins, en raison de « conditions économiques difficiles« , nous dit-on, le holding pétrolier a annoncé avoir enregistré une chute de 58% de son bénéfice net au premier trimestre en valeur glissante annuelle, son montant s’établissant désormais à 747 millions de dollars. Son chiffre d’affaires a été de son côté divisé par deux, à 6,33 milliards de dollars. Si l’on en croit Tim Summers, cette chute vertigineuse serait consécutive à « la baisse de 53% du prix d’exportation du baril de pétrole russe ».

Selon l’édition russe du magazine Forbes, M. Fridman occupe la quatrième position dans la liste des personnes les plus riches de Russie avec une fortune de plus de six milliards de dollars. Il est en effet l’heureux propriétaire de nombreux établissements, dont l’importante banque Alfa, Alfa Capital, le pétrolier Tyumen Oil, plusieurs entreprises de matériaux de construction, de transformation alimentaire et de la première chaîne de supermarchés du pays.

Les médias internationaux laissent toutefois entendre que le milliardaire pourrait avoir quelques accointances – si ce n’est plus – avec la mafia russe. Le groupe Alfa est considéré quant à lui comme le plus important conglomérat russe privé, et a des velléités d’investissements dans les télécoms européens.

En janvier 2007, Alfa Groupe avait indiqué qu