Le yen souffrirait-il d’une défiance des investisseurs? Si ce n’est pas encore clairement le cas car, rappelons-le, la récente baisse du yen est également aussi liée à une intervention de la banque centrale japonaise sur le marché des changes, il semblerait toutefois que les investisseurs commencent à se poser de sérieuses questions. En effet, les mauvaises nouvelles s’accumulent : après une récession à deux chiffres, qui devrait se poursuivre sur plusieurs trimestres, les cambistes ont été confrontés à un déficit commercial record pour le mois de janvier qui est le résultat direct d’une chute historique des exportations de plus de 45%. Evidemment, la chute des exportations est étroitement liée au surenchérissement du yen depuis le début de la crise face au dollar et aux autres devises. Toutefois, même si la baisse constatée depuis le mois de janvier est saluée par tous, et surtout par le gouvernement japonais, celle-ci pourrait cacher un problème plus profond. En l’occurrence, il semblerait que les investisseurs s’interrogent sur la viabilité du yen en tant que valeur refuge. En effet, plus les mauvaises nouvelles s’accumulent, plus les investisseurs sont perplexes.
Sachant qu’ils peuvent se rabattre aisément sur le dollar en ces temps de crise, il est probable que nombre d’entre eux le fassent. En effet, le discours magistral de Barack Obama devant les deux chambres du Congrès hier aura certainement fini de les convaincre. En tout cas, le président américain semble être parvenu, au moins pour un temps, à dissiper les craintes. Alors que le dollar avait commencé la semaine en baisse, il a repris depuis hier soir du poil de la bête sur le marché des changes face au yen et à l’euro.
Ce dernier a repris son cycle baissier sur le marché des changes, la publication d’une baisse du PIB allemand au quatrième trimestre aidant.
Christopher Dembik, forex.fr
Bonjour,
SVP pour un néophyte en matière de devises (en bourse, environ 3 ans de … très bonnes … expériences) …
Sachant que le yen s’accroche à une économie qui dévisse littéralement, que l’euro subit des craintes nourries mais « récentes » quant aux pays de l’Est et à l’égard de la baisse de régime Allemande et que le dollar fait l’objet de sourdes inquiétudes (planche à billet, dette) …
Quelle peut être la « devise refuge » ? S’il faut en choisir une seule ?
Ou si la question est mal posée, peut on analyser en disant : « il faut comparer les vitesses de « descente » respectives des devises les unes par rapport aux autres ? Il faut choisir le véhicule qui garde le plus de force relative (et donc de faire des arbitrages dans le temps, ie basculer toute son épargne en yen, puis en euro, etc…) »
Est-ce un raisonnement correct ? Il faut classer les « grandes plaques » par ordre de gravité ? Japon le plus grave, puis US et enfin Europe le moins grave ? On est dans ce scénario là ?
J’ai regardé la couronne norvégienne et c’est la catastrophe. Le dollar canadien est inquiétant aussi. Je ne connais pas les autres. Des suggestions ?
Connaissez-vous de bons documents de vulgarisation ?
Merci d’avance pour tout lien ou toute réponse…
Cordialement,
François V.
Lire Keynes.
Comprendre que l’euthanasie des rentiers est un point de passage obligé de la sortie réelle de la crise.
Comprendre donc que, à long terme, l’idée de devise refuge risque fort d’être un piège. Etudier la crise de 29.
Précisément, je ne suis pas « rentier » mais « épargnant » à 100%, sans aucun endettement, m’étant bien gardé de cette spoliation scandaleuse qu’est l’immobilier. La crainte c’est qu’un retour inflationniste réduise à néant cette épargne ! L’euthanasie des rentiers passe par la dévaluation des actifs immobiliers et des loyers, et la revalorisation du travail. L’euthanasie des rentiers signifie-t-elle forcément inflation ? Je comprends bien que l’inflation pousse à le consommation effrénée et contre-carre l’épargne qui ne sert pas l’économie … mais « credit crunch » rime avec déflation, non ?
OUI.
Mais le crédit-crunch ne concerne pas tout le monde. Vous avez vu les plans gouvernementaux de relance/soutien. C’est une tendance mondiale.Il y a une mega-buble qui enfle, parallèlement et à proportion du crunch.
Deux mécaniques totalement opposées qui s’exacerbent, donc.
Mais le principal moteur de la mécanique déflationniste, ce sont les anticipations de ralentissement économique. Lorsqu’il aura été constaté que l’économie aura touché son point bas, les anticipations déflationnistes ne paraitront plus vraiment certaines, et il n’y aura donc pas de raison d’estimer la valeur d’un capital épargné en lui attribuant un pouvoir d’achat appelé à croître automatiquement par l’effet de la déflation.
La valeur réelle d’un capital épargné ne pourra donc à ce moment là être estimée autrement qu’en relation avec le revenu qu’il est possible d’en tirer. C’est à dire très peu. Inflation, dévaluation etc…
Après 1929 on a ainsi vu l’inflation succéder à la déflation.
En ce qui vous concerne, par rapport au problème économique dont nous parlons, vous êtes un rentier (détenteur d’un capital censé procurer un revenu), même si vous ne pensez pas appartenir à cette catégorie sociologique.
Merci cher JP. Je vais méditer là-dessus.
Du strict point de vue économique, il est certain que l’euthanasie des rentiers prend tout son sens pour la création de richesses. Une inflation galopante pourrait permettre de relancer le crédit … de payer de l’immobilier en monnaie de singe comme dans les années 70 … de consommer / brûler frénétiquement ses revenus … Une économie de « jeunes » en définitive…
Mais je me demande si sociologiquement (justement) les acteurs du système ne vont pas réussir encore à préserver leurs intérêts quelques temps encore, car les rentiers sont encore aux commandes … La crise actuelle va-t-elle justifier un changement radical de ce point de vue ?
Moi je vois de ma petite lunette l’aléa moral : oui on peut me considérer comme un rentier (du point de vue du capital) ; je me vois comme une cigale, qui évite tout endettement comme le font les fourmis. Va-t-on punir les cigales de ne s’être pas endettées comme les fourmis ? Va-t-on vraiment absoudre ces dites fourmis en balayant les dettes par l’inflation ?
Chinois-cigales contre américains-fourmis, jeunes-cigales contre vieilles fourmis (ou l’inverse ?), j’espère que les cigales vertueuses vont gagner.
A moins d’une stratégie de balancier (changer de comportement rapidement et radicalement) ?
« les rentiers sont encore aux commandes »
Oui, mais il apparait une évolution importante, dès que l’on considère qu’il y a (comme pour les actionnaires, ou les agriculteurs, etc…)des petits, et il y a des gros. Ils ont su défendre conjointement leurs intérêts dans la politique des 20 ou 25 dernières années. C’était une alliance de fait. Aujourd’hui, les gros ont comme vous besoin de préserver leur patrimoine, et besoin de voir la machine économique redémarrer.
Et bien, figurez vous que leur nouvelle conception de l’intérêt général ne passe plus forcément par la défense des petits épargnants vertueux.
La Fontaine avait aussi parlé des rapports des petits et des gros…