Almunia : le Royaume-Uni pourrait adopter l’euro

Pound_euro Les choses se précisent …

Alors que fin novembre, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso avait affirmé que « les gens qui comptent » à Londres était en train de « réfléchir à une éventuelle adoption de l’euro », le Commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia a déclaré lundi à Madrid qu’il existait une « forte possibilité » pour que le Royaume-Uni rejoigne la zone euro.

Almunia a également ajouté qu’il était possible que d’autres pays comme la Suède ou le Danemark rejoignent la monnaie unique, sans avancer de date sur ces éventuelles futures adhésions.

Il a par ailleurs ajouté qu’il n’y avait « aucune chance » pour qu’un pays membre de la zone euro renonce à la monnaie unique.

Réagissant aux propos tenus par José Manuel Barroso affirmant que la crise avait rapproché le Royaume-Uni de l’euro, le gouvernement britannique avait tenu à rappeler à la fin de l’année 2008 qu’il n’avait pas changé de position vis à vis de la monnaie unique.

Néanmoins, le ministre britannique du Commerce Peter Mandelson, ancien commissaire européen au Commerce, avait alors précisé que l’adoption de l’euro restait certes un objectif pour Londres, tout en insistant sur une vision long terme d’une telle mise en application.

Les conservateurs, principal parti d’opposition, en tête dans les sondages devant le Labour de Gordon Brown, avaient quant à eux averti, au tout début janvier, qu’ils ne permettraient pas l’adoption de l’euro s’ils étaient au pouvoir.

Mais « l’actualité » pourrait bien précipiter les choses. La livre, qui faisait figure de monnaie forte durant les premières années d’existence de l’euro, a perdu 25% de sa valeur en 2008, frôlant même la parité avec la monnaie unique.

Il est vrai que la crise économique qui sévit en Grande-Bretagne – laquelle s’avère ballotée de plans de sauvetage en faillites d’entreprises – n’arrange pas les affaires de la monnaie britannique.

La Banque d’Angleterre s’est vue contrainte de diminuer ses taux d’intérêt à leur plus bas depuis 1694, à 1,5%, en dessous de ceux de la BCE, diminuant s’il en était besoin la confiance des investisseurs envers la devise d’outre-manche.

A noter toutefois une grosse « ombre au tableau » : selon Citigroup, en 2009, le déficit budgétaire devrait atteindre 8 % du PIB en Grande-Bretagne, une valeur bien au-delà de la limite de 3 % autorisée par Maastricht.

Parallèlement, la Commission européenne et l’Allemagne ont rejeté lundi l’idée de convoquer dans l’immédiat un sommet des chefs d’Etat de la zone euro. Une idée défendue par la France, laquelle préconise cette rencontre en vue de faire face à la récession. Hommes et femmes de terrain apprécieront …

La Commission européenne a laissé entendre qu’elle préférerait une réunion des chefs d’Etat de l’ensemble des 27 pays de l’UE et non uniquement des 16 qui utilisent la monnaie unique.

Sources : AFP, Le Monde, SwissTXT, L’Expansion

(3 commentaires)

  1. Bonjour,
    Article très intéressant car il met en perspective les conséquences des difficultés du Royaume-Uni(liées à une croissance excessive de la finance, de l’immoblier, et de l’endettement des ménages) et les leviers d’actions par la politque monétaire et budgétaire. Lorsque l’on voit les problèmes de la Grêce et de l’Espagne qui font partie de la zone euro, le comparatif sera intéressant dans les mois à venir (crédibilité de la dette, impacts des banques centrales, soutient ou non d’avoir de l’euro…). Un article peut interesser sur les moyens d’action de la BCE sur : http://ecofi.blog.lemonde.fr/2009/01/26/la-bce-au-pied-du-mur-quels-moyens-dactions-restent-ils-a-la-banque-centrale-europeenne-sebastien-duchene/
    Bonne journée à tous et merci pour vos infos
    Ecofi

  2. Bien intéressant votre résumé Elisabeth.
    Ne pas oublier que la Grande Bretagne voit les revenus de son cadeau pétrolier de la Mer du Nord baisser rapidement.
    Pile au mauvais moment.
    Sa Majesté sera bientôt importatrice d’énergie autant qu’un vulgaire pays de l’eurozone. Passer d’un revenu-cadeau à un coût-qui-ne-peut-plus-que-croître ne va pas améliorer l »anticipation des marchés » sur la Livre en déroute.
    C’est à long terme.
    Et ils vont devoir investir … emprunter maintenant!
    Investir dans le nucléaire, le charbon propre, les jeux olympeak (ils crèvent leurs budgets : les prévisions auraient été tripotées pour l’emporter sur Paris ? tss tss tss)
    Pour contraster encore plus :
    imaginez qu’on découvre autant de pétrole sous les mines (épuisées) de Lorraine : les dettes des pays bénéficiaires ne tarderaient pas à fondre, l’euro anticiperait rapidement en hausse. … il est vrai que nos politiciens aussi se présenteraient comme les sauveurs du capitalisme Rhénan avec au moins autant de morgue que Miss Thatcher lors des retombées du boom pétrolier anglais.
    L’eurozone a appris durement à vivre avec des coûts pétroliers croissants, elle a acheté une part de son « Brent » aux anglais : et là ce n’était pas un cadeau pour nos économies.
    Les anglais ont gaspillé leur revenus du pétrole, donné des leçons à tout le monde … ils n’ont pas créé de fond souverain comme les Norvégiens ni préparé l’avenir avec autant de soin.
    Comme c’est dommage.
    Oh zut j’oublie : les Anglais ont « investis en » Irak (contre l’avis de leur population d’ailleurs).
    Maintenant ils sont tentés par divers protectionismes : le pire sacrilège il n’y a pas un an.
    Sacrés Anglais qui continuent à donner des leçons aux pays de l’eurozone et à relever avec délectation leurs moindres faiblesses !
    Nous les aiderons car ils font 25% des exportations de l’eurozone, probablement moins dans l’avenir, mais qu’est ce qu’ils sont pénibles.

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