La crise pourrait plomber les industries minières d’Afrique de l’Ouest

Westafricangold La crise financière mondiale pourrait avoir un impact majeur sur les industries minières et énergétiques en Afrique de l’Ouest. C’est en tout cas l’avis exprimé mardi par le Premier ministre guinéen, Ahmed Tidiane Souaré, estimant même qu’il pourrait en résulter la fermeture de certains établissements.

Pour mémoire, la Guinée est classée parmi les pays les plus pauvres du monde malgré les richesses de son sous-sol (bauxite, fer, or, diamants…). Le pays est le premier exportateur mondial de bauxite.

« La crise financière internationale que nous vivons actuellement avec les dérégulations et le ralentissement économique mondial qui en découlent, constituent une réelle menace pour le développement des industries minières et énergétiques en Afrique », a déclaré M. Souaré à l’ouverture du premier sommet de l’Afrique de l’Ouest sur l’énergie et les mines, organisé à Yamoussoukro.

« Les impacts se font sentir sur le secteur car beaucoup de grandes sociétés minières annoncent avoir arrêté tout ou partie de leur production et avoir fermé des mines ou encore geler des investissements », a-t-il ajouté.

Ce phénomène est lié à « la hausse des stocks mais surtout à la baisse des prix des métaux, à tel point que les coûts de production ne sont plus couverts« , a expliqué M. Souaré.

« Tous ces facteurs vont contribuer au désinvestissement et au report de la mise en oeuvre des grands projets miniers et énergétiques de notre sous-région », a estimé le ministre guinéen. « Face à cette situation », M. Souaré a demandé au sommet d’engager « des réflexions stratégiques profondes devant aboutir à des propositions concrètes ».

Il a également suggéré la création d’un « centre d’études stratégiques des ressources naturelles pour l’Afrique de l’Ouest » en vue de sauvegarder les intérêts des pays africains et « d’apporter une réponse aux multinationales qui visent le contrôle de nos ressources ».

Rappelons que fin octobre, des centaines de jeunes Guinéens en colère avaient bloqué le train minéralier de la Compagnie des bauxite de Guinée (CBG) à Boké (300 km au nord-ouest de Conakry), avant de piller le domicile d’un homme d’affaires proche du président Conté.

Les manifestants exigeaient le rétablissement de la desserte en eau potable, la fourniture d’électricité et la réhabilitation des routes dégradées dans la ville de Boké et ses environs par la compagnie minière CBG.

La population de Boké avait adressé à la mi-octobre un « courrier d’avertissement » au gouvernement, expliquant qu’elle en avait « marre de souffrir de la pauvreté ambiante assise dans une mine qui enrichie la planète ». La CBG exploite depuis 1973 les riches gisements de bauxite de la région de Boké, notamment à Kamsar et Sangarédi, à 50 et 70 km de la ville.

La semaine dernière, des dizaines de personnes ont manifesté à Siguiri pour protester contre les coupures d’électricité, en scandant des slogans hostiles à la Société aurifère de Guinée (SAG), filiale du groupe sud-africain AngloGold Ashanti.

Pour rappel, AngloGold Ashanti est le troisième producteur d’or mondial et le premier en Afrique.

Sur des pancartes en carton, des jeunes ont écrit: « honte à la SAG, nous mourrons de pauvreté dans l’obscurité avec de la poudre d’or dans nos yeux ». « Si la SAG ne fait rien pour améliorer les conditions de vie de la population en assurant en permanence la desserte en eau et en électricité à Siguiri qu’elle s’en aille », pouvait-on encore lire.

Mercredi dernier, des blocs de pierres et des barricades obstruaient des rues de Siguiri. Les bus de la SAG n’ont pas pu effectuer le ramassage des employés, perturbant l’activité de la mine d’or, seule exploitation industrielle de ce type du pays.

Les manifestants estiment que la société aurifère ne fait rien pour limiter les coupures d’électricité et que la ville ne bénéficie pas assez des revenus générés par l’exploitation de l’or.

L’approvisionnement en électricité est normalement assuré par l’Etat mais dans plusieurs localités minières les groupes étrangers exploitant le sous-sol compensent la faillite des autorités guinéennes, gangrenées par la corruption, en assurant à leurs frais l’approvisionnement en électricité.

A noter toutefois qu’un investissement de six milliards de dollars est aujourd’hui en suspens en Guinée. Si Rio Tinto compte investir cette somme pour exploiter le minerai de fer du Mont Simandou, le géant minier se heurte à un désaccord avec le gouvernement du pays.

Les autorités de Conakry ont en effet annulé en août dernier la concession sur ce site situé dans la région de la Savane, en Haute Guinée. L’enjeu est de taille : la mise en production d’une des plus importantes réserves de minerai de fer au monde, représentant 2,25 milliards de tonnes.

De source ministérielle, si on précise que