Eads remporte le contrat des ravitailleurs US avec Northrop

A330200mrttairbusravitailleurL’armée de l’Air américaine a déclaré avoir choisi l’américain Northrop Grumman et l’européen EADS pour un contrat de plusieurs dizaines de milliards de dollars de fourniture de 179 avions ravitailleurs sur la base des Airbus A330.

Grand perdant de l’histoire : Boeing, largement favori au départ. La conclusion d’un tel accord constitue un désaveu retentissant pour l’américain, qui avait obtenu une première fois cette commande en 2003 avant de la voir annulée après un scandale.

– EADS remporte un méga contrat

EADS, maison-mère d’Airbus, allié à l’américain Northrop Grumman, a remporté le contrat estimé à 40 milliards de dollars pour renouveler la flotte US d’avions ravitailleurs. L’accord devrait s’étaler sur 10 à 15 ans. Selon le Wall Street Journal, les premiers avions devraient entrer en service en 2013 pour remplacer la flotte vieillissante de KC-135 Stratotanker livrés par Boeing entre 1956 et 1965. A terme, le gouvernement américain pourrait dépenser plusieurs dizaines de milliards de dollars supplémentaires pour remplacer plus de 500 appareils, ajoute le quotidien sur son site internet.

Selon certains analystes, il s’agit là de l’un des plus gros contrat lancés par l’armée américaine ces dernières années. L’opportunité d’une telle affaire ne devrait pas se réprésenter de sitôt. Et ce, d’autant plus que la stratégie d’expansion des capacités militaires américaines pourrait n’être bientôt qu’un lointain souvenir de l’ère Bush.

Airbus – dont l’appareil peut transporter, en sus du carburant, jusqu’à 226 passagers et 32 palettes (contre 190 et 19 pour boeing) – avait promis récemment de délocaliser à Mobile l’assemblage de l’A330 cargo, créant 300 emplois directs supplémentaires, en plus des 1.000 générés par la production des ravitailleurs. Patriotrisme oblige, Northrop s’est quant à lui associé à de nombreux partenaires américains tels GE Aviation (pour les moteurs), Honeywell, Parker Aerospace, AAR Cargo Systems, Telephonics Corporation, General Dynamics.

– Cuisant désaveu pour Boeing

Si le contrat constitue une formidable aubaine pour EADS, il n’en constitue pas moins un puissant camouflet pour Boeing. L’avionneur américain voit ainsi lui échapper une source considérable de revenus pour les 10 à 15 prochaines années qui auraient pu doper le chiffre d’affaires de plus de 30 milliards que dégage sa division Défense.

Jusqu’à ce jour, Boeing était le premier fournisseur de l’armée américaine en avions ravitailleurs (« tankers »). Laquelle possède déjà une flotte d’environ 500 KC-135 de Boeing, appareils très utilisés en Afghanistan et en Irak pour alimenter en vol des avions de l’armée, alors que les bases américaines sont rares dans la région. L’appareil proposé par Boeing promettait 24% d’économies en carburant par rapport au rival KC-30 de Northrop Grumman/EADS et se voulait plus maniable grâce à une plus petite envergure.

– Boeing récalé pour cause de scandale

Après les attentats du 11 septembre 2001, Boeing avait reçu de l’US Air Force un contrat de gré à gré pour la location de 100 appareils dérivés du 767, avec la possibilité de transformer à terme cette location en achat.

Mais la commande signée en mai 2003 pour quelque 20 milliards de dollars, avait intrigué le Congrès pour sa procédure inhabituelle et son prix élevé, débouchant sur une enquête de l’inspection générale du Pentagone et sur une annulation.

L’enquête avait conclu que le contrat répondait moins à une nécessité pour l’armée qu’à une volonté d’attribuer des subventions déguisées à Boeing.

Le système de corruption mis à jour entre certains responsables de Boeing et du département de la Défense d’alors avait conduit certains d’entre eux en prison. Ce fut notamment le cas d’une ex-responsable des achats de l’US Air Force, Darleen Druyun, et du directeur financier de Boeing, Michael Sears. Le PDG de Boeing de l’époque, Phil Condit, avait aussi démissionné.

Bien évidemment, l’affaire n’avait pu qu’augmenter les tensions déjà très fortes entre EADS et Boeing, lesquels se livrent une bataille devant l’Organisation mondiale (OMC) par gouvernements interposés au sujet des subventions accordées à leur champion aéronautique respectif.

Sources : AFP, Reuters

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(9 commentaires)

  1. Ravitailleurs: l’US Air Force espère que le contrat ne sera pas contesté
    WASHINGTON – Le chef d’état-major de l’armée de l’Air américaine, le général Michael Moseley, a dit espérer jeudi que l’attribution imminente du contrat pour 179 avions ravitailleurs, disputé entre Boeing et Northrop Grumman allié à EADS, ne serait pas contestée par la partie perdante.
    « J’espère vraiment qu’il n’y aura pas de protestation » susceptible de retarder encore le renouvellement de la flotte américaine vieillissante de ravitailleurs, a-t-il déclaré à un groupe de journalistes spécialisés dans la défense, alors que l’US Air Force pourrait annoncer le résultat de l’appel d’offres dès ce vendredi.
    La responsable des acquisitions de l’armée de l’Air, Sue Payton, avait indiqué mercredi lors d’une audition au Congrès que « selon ses estimations, ils pourraient faire l’annonce demain (vendredi) », a affirmé jeudi matin un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman.
    « Cela a pris tellement de temps pour en arriver là », a fait valoir le général Moseley, tout en se défendant de savoir quel groupe allait remporter le contrat, et quand cette décision serait rendue publique.
    « Si nous avons une protestation, nous devrons continuer à travailler avec des avions âgés de 44 ans, et pour moi c’est un gros problème. Chaque mois de retard coûte du temps et de l’argent », a ajouté le chef de l’US Air Force.
    Aux Etats-unis, dans le cadre d’un appel d’offres, la partie perdante a la possibilité de protester formellement auprès de l’équivalent de la cour des comptes américaine (GAO, Government accountability office).
    Une enquête du GAO sur les conditions d’attribution du contrat retarderait la mise en place du programme.

  2. Enfin une bonne nouvelle pour EADS même si on ne connait pas encore le prix réelle et la marge réalisée.

    Les Etats-Unis ont choisi un appareil plus moderne (l’A330 à 10 ans de moins que le 767) et plus important en taille ce qui leur permettra de ravitailler plus de carburant plus loin.

    Il s’agit de l’un des plus trois plus gros contrats jamais alloués par le Pentagone, et de la première tranche d’un marché dont la valeur totale est estimée à plus de 100 milliards de dollars sur 30 ans.

    Gageons que Boeing reviendra en force sur les 2 autres tranches pour laver cet affront.

    A suivre l’action EADS lundi.
    http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?news=5211634

  3. Boeing va se faire expliquer la décision, prendra une décision ensuite
    AFP 29.02.08 | 23h54
    Le constructeur aéronautique américain Boeing a indiqué vendredi qu’il allait se faire expliquer par l’armée de l’Air américaine les raisons de son choix en faveur de l’appareil rival proposé par l’européen EADS et qu’il prendra ensuite sa décision sur un éventuel recours.
    « Une fois que nous aurons passé en revue les détails expliquant le contrat, nous prendrons une décision sur nos possibles options, en gardant toujours à l’esprit l’impact pour nos combattants et notre nation », a indiqué Boeing.
    Dans son communiqué, Boeing s’est déclaré « très déçu » du résultat de l’appel d’offre du Pentagone, qui le prive de 35 milliards de dollars de chiffre d’affaires pour les 10 à 15 années à venir.
    « Nous pensons que nous avons proposé à l’armée de l’Air le ravitailleur offrant le meilleur prix et le plus bas risque », a souligné le constructeur dans un communiqué

  4. L’A330 est en production depuis 1993. EADS a promis qu’il délocaliserait à Mobile (Alabama) l’assemblage de l’A330 MRTT et créerait 1.300 emplois. On n’a pas affaire à un nouvel avion comme l’A380, l’A350 ou l’A400M où tout est à faire.
    L’équipe Northrop Grumann/EADS « avait clairement la meilleure offre pour le gouvernement », a déclaré Sue Payton, responsable des acquisitions de l’armée de l’Air américaine, lors d’une conférence de presse. « Plus de passagers, plus de cargo, plus de carburant transporté, plus de flexibilité », a renchéri le responsable de la logistique aérienne de l’Air Force, le général Arthur Lichte, qui table sur un premier vol du nouveau ravitailleur en 2013.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Airbus_A330

  5. Lorsque CocaCola (18 milliards $) ou Red Bull (4 milliards $) ont dédutés leurs opérations, auriez-vous adhéré s’ils vous avaient offert une opportunité d’affaires avec de grosses commissions ?
    Bien entendu, qui dirait non à cette question !
    Pour en savoir plus aller sur http://www.act-energy.com

  6. EADS/Airbus: poursuite du plan d’économies, le contrat USA ne change rien
    AFP 02.03.08 | 22h27
    Le patron du groupe européen de défense et d’aéronautique EADS, Louis Gallois, a affirmé la nécessité de poursuivre le plan d’économies décidé chez Airbus, filiale d’EADS, malgré le contrat de 35 milliards de dollars remporté vendredi par le groupe aux Etats-Unis. « Sur le long terme, je ne crois pas que ce contrat rende superflu de continuer les efforts d’adaptation », a déclaré M. Gallois au quotidien allemand Handelsblatt à paraître lundi. « Ce contrat nous aide, mais cela ne change rien à la nécessité d’économiser et de supprimer des emplois », a renchéri le patron d’Airbus, Thomas Enders, dans le Financial Times Deutschland (FTD) de lundi. EADS, allié à l’américain Northrop Grumman, a été choisi par le Pentagone pour fournir 179 avions ravitailleurs à l’armée de l’Air américaine. M. Gallois a estimé impératif pour EADS de réaliser à l’avenir une plus grande partie de sa production hors d’Europe: « Nous ne pouvons conserver un personnel hautement qualifié en Europe que si nous délocalisons une plus grande partie de notre travail dans la zone dollar », a-t-il dit. Le groupe prévoit notamment la création d’une chaîne d’assemblage d’A330 cargo à Mobile (Alabama, sud des Etats-Unis), où les ravitailleurs américains seront produits. Selon le FTD, EADS compte investir quelque 500 millions d’euros en Alabama, dans une usine qui emploiera un millier de personnes. « Quand le dollar perd 10 cents, nous devons économiser un milliard d’euros de plus pour rester compétitifs », a déclaré Thomas Enders au quotidien Tagesspiegel à paraître lundi. Quand le plan d’économies d’Airbus « Power 8 » a été élaboré, un euro s’échangeait à 1,35 dollar, a-t-il souligné, contre 1,5239 vendredi. Le plan de restructuration Power8, adopté en février 2007 après les déboires de l’avion géant A380 qui ont plongé Airbus dans la crise, prévoit des suppressions de 10.000 emplois et la cession de plusieurs sites en Europe.
    « Nous devons continuer à améliorer notre compétitivité », a estimé M. Enders, mais il n’y aura pas de nouvelles suppressions de postes: « nous ne pouvons supprimer 1.000 postes de plus alors que les carnets de commandes sont remplis. On ne doit pas trop serrer la vis ».

  7. Le Congrès américain entend examiner le contrat d’EADS avec le Pentagone
    WASHINGTON (AFP) – La présidente démocrate de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi a affirmé lundi que le Congrès « devait examiner » le contrat des avions ravitailleurs de l’armée de l’Air remporté par l’européen EADS, maison mère d’Airbus, allié à l’américain Northrop Grumman.
    « La décision de l’armée de l’Air d’accorder le contrat de la modernisation nécessaire de la flotte d’avions ravitailleurs à Northrop Grumman et Airbus soulève des questions graves que le Congrès doit examiner de façon approfondie », a déclaré Mme Pelosi dans un communiqué.
    « Quelles sont les implications de sécurité nationale liées à l’utilisation d’un avion fourni par une société étrangère pour cette mission essentielle? » demande notamment Mme Pelosi.
    A la surprise générale, le Pentagone a choisi vendredi EADS et Northrop Grumman pour ravitailler en vol les avions de l’armée de l’Air, au détriment de son rival Boeing.
    Ce méga-contrat porte sur 179 appareils pour quelque 35 milliards de dollars.
    « Vu les ramifications de cette décision pour les Etats-Unis, l’armée de l’Air doit expliquer au Congrès comment elle correspond aux besoins à long terme de notre défense et des Américains », assure Mme Pelosi.
    « A-t-on prêté suffisamment d’attention à l’impact de ce contrat sur les emplois en Amérique et sur notre sphère technologique? », demande encore la plus haute responsable du Congrès.
    L’attribution du contrat des avions ravitailleurs à EADS, une véritable gifle pour l’avionneur américain Boeing, avait déjà provoqué la colère des sénateurs de l’Etat de Washington (nord-ouest) et du Kansas (centre), qui ont écrit lundi au secrétaire à la Défense Robert Gates pour lui demander que l’armée de l’Air justifie sa décision à Boeing d’ici à la fin de la semaine.
    La sénatrice démocrate de l’Etat de Washington Patty Murray s’est montrée particulièrement en colère, estimant que le contrat représente « un plan de relance européen financé par les contribuables américains », alors qu’il faudrait selon elle « investir dans l’industrie aéronautique américaine et ses emplois à hauts salaires et hautes qualifications ».
    L’US Air Force avait attribué à l’origine, en 2003, un contrat de location-vente à Boeing pour ses ravitailleurs. Mais ce contrat avait finalement été annulé après la découverte d’irrégularités, qui ont valu la prison à deux responsables de l’avionneur américain, et poussé le secrétaire à l’Armée de l’air américaine de l’époque à la démission.
    John McCain, sénateur de l’Arizona et actuel candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle américaine de novembre, avait à l’époque activement dénoncé la connivence entre le Pentagone et Boeing dans cette affaire.
    Le contrat avait ensuite été remis en jeu.
    Boeing présentait une version dérivée de l’avion-cargo B767-200, le KC-767.
    EADS offrait de son côté une version modifiée de son Airbus A330, le KC-30, dont il vante les capacités d’emport supérieures (226 passagers et 32 palettes, contre 190 et 19).
    Jouant sur la corde du patriotisme économique, le groupe européen a promis qu’il délocaliserait à Mobile (Alabama, sud) l’assemblage de l’A330 cargo, créant 300 emplois directs supplémentaires en plus des 1.000 générés par la production des ravitailleurs.
    Publié le: 04/03/2008 à 07:33:46 GMT Source : AFP

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