JF Roverato : retour à la case PDG d’Eiffage

Fauteuildeux_affiche_w434_h_q80Jean-François Roverato est redevenu président directeur général du groupe Eiffage, après la démission surprise de Benoît Heitz de son poste de directeur général, a annoncé vendredi le groupe français de BTP dans un communiqué.

« Eiffage pourrait avoir un nouveau directeur général à l’été 2008 mais pas avant, » indique dans Le Figaro de samedi Jean-François Roverato.

Les syndicats ont interprété ce départ comme un « limogeage » et appelé « à boycotter toute participation à des réunions » au sein du groupe tant qu’il n’y aura pas d’explication à ce départ.

Benoît Heitz (43 ans) vient de démissionner « pour convenance personnelle » de ses mandats d’administrateur et de directeur général d’Eiffage. Il avait été nommé à ce poste en juin 2007, conformément au scénario imaginé en septembre 2005 par Jean-François Roverato pour organiser sa succession après vingt années passées à la tête du groupe.

Ingénieur diplômé de l’ENPC, Benoît Heitz a passé 20 ans dans le groupe Eiffage. Il est entré en 1987 chez Fougerolle Construction et a gravi les échelons effectuant un parcours complet dans le groupe de BTP, à la fois comme patron de chantier et patron de filiale à l’étranger. Il avait été appelé pour redresser la situation en Allemagne puis en France à la SAEP, enfin en Pologne qu’il a redressé en moins d’un an. De l’avis général, le tandem fonctionnait parfaitement, Jean-François Roverato ayant de manière effective laissé du leste sur la direction générale. Reste que, selon des proches, Benoît Heitz goûtait moins aux aspects politiques de la fonction que son prédécesseur.

Dans le communiqué diffusé vendredi, le conseil d’administration d’Eiffage a « remercié » M. Heitz « pour les tâches accomplies pendant 20 ans dans le groupe et particulièrement les impulsions données depuis deux ans dans les domaines du développement durable, de la croissance en Europe et de l’unification des marques et des systèmes de gestion ».

Dans le Figaro de samedi, M. Roverato précise qu’il sera désormais PDG par intérim, mais qu’il semble « peu probable que le sucesseur de Benoît Heitz prenne ses fonctions avant l’été 2008 ». En tout état de cause, M. Roverato ne pourra pas être PDG au-delà de l’été 2009, conformément aux statuts de l’entreprise, car à cette date il aura 65 ans.

Il explique avoir, avec M. Heitz et le conseil d’administration, « sous-estimé le poids de (leur) responsabilité particulière » à l’égard des actionnaires salariés d’Eiffage, qui sont le deuxième actionnaire du groupe avec 22,2% du capital, derrière le groupe espagnol de BTP Sacyr (33,3%). « L’actionnariat salarié, qui fait l’originalité d’Eiffage depuis dix-huit ans, demande beaucoup de présence, d’écoute et d’attention. Ce qui rend le rôle de directeur général très prenant », ajoute-t-il.

M. Heitz est « rapidement arrivé à la conclusion qu’il ne pouvait s’impliquer personnellement dans ses fonctions comme il le lui aurait paru nécessaire sans mettre en cause sa vie personnelle », selon M. Roverato. Il s’agit d’une « cessation d’activité amicale », souligne le PDG, qui assure qu’il n’y a eu « aucune rupture stratégique depuis (la) nomination » de M. Heitz au poste de directeur général en avril, ni « désaccord sur le choix des hommes ». « Nous étions en symbiose » et « je (…) vis mal » ce départ, affirme-t-il.

Eiffage sera désormais amené « à examiner des candidatures internes et externes » pour la succession de M. Heitz, selon M. Roverato.

M. Heitz partira du groupe avec une rémunération brute de 1,940 million d’euros (1,7 million net), dont la moitié correspond à une prime d’ancienneté, un quart à son bonus au titre de l’exercice 2007 et le solde aux actions gratuites attribuées en avril, précise le PDG.

M. Roverato ajoute s’attendre « à des remarques peu flatteuses, du côté espagnol, sur mon soi-disant farouche attachement au pouvoir ».

Les syndicats d’Eiffage (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) parlent quant à eux de « limogeage » et ont appelé vendredi « à boycotter toute participation à des réunions » au sein du groupe de BTP en attendant d’avoir des explications sur ce départ surprise.
« Après une large mobilisation en défense de l’emploi dans le groupe contre l’OPE et l’OPA possible par le groupe Sacyr et le risque de démantèlement d’Eiffage, les organisations syndicales du groupe ne peuvent que dénoncer la décision du conseil d’administration de ce jour de limoger son directeur général », ont-ils indiqué dans un communiqué commun.
« A l’heure où le groupe Eiffage annonce une progression de son chiffre d’affaires et de ses résultats, un développement européen confirmé, cette décision est incompréhensible », estiment les cinq syndicats.

Depuis plus d’un an, Eiffage est engagé dans un bras de fer avec l’espagnol Sacyr, qui cherche à obtenir des postes d’administrateurs après être devenu son principal actionnaire …

Sources : AFP, Le Figaro, Le Moniteur

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