Les salariés des quotidiens économiques Les Echos et La Tribune se sont étonnés dimanche des déclarations de Nicolas Sarkozy qui s’exprimait sur les récents mouvements de grève au sein des deux publications, qualifiant de faussement naïve la réaction du Président de la République, qu’ils jugent être un raccourci un peu rapide de la situation.
Pour rappel, le groupe de luxe LVMH, dirigé par l’hommes d’affaires Bernard Arnault, est en négociations exclusives avec le groupe Pearson pour acquérir Les Echos. Si le rachat aboutissait il devrait mettre en vente La Tribune, qu’il détient depuis 1993.
Dans une interview au Journal du Dimanche, le chef de l’Etat juge « extraordinaire (…) que les journalistes de la Tribune fassent grève pour que le journal ne soit pas vendu par Bernard Arnault et que ceux des Echos fassent grève le même jour pour que le journal ne soit pas racheté par Bernard Arnault », le patron du groupe LVMH.
« Observation faussement naïve », note la Société des Journalistes des Echos qui se dit « surprise et déçue » dans un communiqué.
« Sauf à être mal informé, Nicolas Sarkozy sait pertinemment que la préoccupation principale des salariés des Echos est le maintien de l’indépendance éditoriale, tandis que ceux de La Tribune s’inquiètent avant tout de la pérennité du titre et donc de leurs emplois », explique-t-elle.
« Le président de la République ne semble pas prendre la mesure des problèmes qui se poseraient en cas de rachat du groupe Les Echos par LVMH, contrôlé par Bernard Arnault », en termes d’emplois, mais aussi de « conflits d’intérêts gravement préjudiciables à la crédibilité des titres » du groupe, estime la SDJ.
Il « n’a jamais été question pour nous de nous opposer à la vente de La Tribune par LVMH « , explique de son côté la coordination des salariés de La Tribune, dans un autre communiqué. « Mais nous demandons des garanties qui assureront au titre un avenir viable » et à, cette fin, à « être associés au processus de vente auprès d’éventuels repreneurs ».
Les salariés de La Tribune souhaitent que le processus de vente de leur journal, « concomitant au rachat des Echos, se fasse sous le contrôle des autorités de la concurrence, pour éviter que LVMH se trouve en situation d’affaiblir La Tribune qui se trouvera demain être son concurrent direct ».
« Nous espérons que +la vigilance de l’Etat+ promise par la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, se traduira par des actes », écrivent-ils, rappelant qu’un demi-millier d’emplois sont en jeu.
La ministre de l’économie Christine Lagarde « sera particulièrement attentive aux projets d’achat et de vente » des quotidiens La Tribune et Les Echos et tient à rassurer les salariés de ces deux entreprises « sur la vigilance de l’Etat », indique en effet un communiqué du ministère publié mercredi 4 juillet.
Le ministère souligne à cet égard qu‘ »une presse économique et financière de qualité, diversifiée, est un élément essentiel pour la vitalité et l’attractivité de l’économie française ». Le ministre « s’assurera que les règles de concurrence et de concentration applicables sont respectées » et le service de la concurrence DGCCRF « se saisira de ce dossier dès que le groupe LVMH aura confirmé ses intentions ».
« Christine Lagarde veillera tout particulièrement à ce que les nouveaux actionnaires prennent des engagements clairs, notamment en ce qui concerne leur indépendance éditoriale et leurs projets de développement », conclut le communiqué.
Dans un entretien paru mercredi 4 juillet dans Le Figaro, Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH, s’était élevé quant à lui contre les « procès d’intention » qui lui sont faits. « Les Echos sont et seront totalement indépendants. (…) Je m’y engage : les journalistes auront une latitude absolue pour écrire grâce à une politique contractuelle d’indépendance », affirme-t-il.
Un comité extraordinaire d